Partez à la découverte d’un des plus anciens domaines de France qui glorifie le Languedoc. Après un changement de style hallucinant, les vins produits par Benoît Pontenier sont sublimes. Un domaine que l’on connaît de longue date chez iDealwine, coup de cœur de certains de notre équipe. Zoom sur le Prieuré Saint-Jean de Bébian.
Un des plus vieux domaines viticoles de notre pays
La viticulture dès 1152
Le Prieuré Saint-Jean de Bébian est un lieu chargé d’histoire. Les premières traces de commerce y remontent au Ier siècle avant J-C et au temps de l’empereur Auguste, grand conquérant et proche de Jules César. Dans les terres du domaine, ont été retrouvées des poteries et pièces qui datent de cette époque. D’ailleurs, un siècle plus tard, Pline l’Ancien, prodigieux écrivain romain, vantait les mérites des terres de “Piscenae” pour les eaux de sa rivière, la Peyne, qui coule à quelques kilomètres au sud du domaine. La culture de la vigne débute en 1152 avec l’arrivée des moines cisterciens. Ils y bâtissent un monastère et acquièrent les vignes adjacentes à la propriété. Proche de la ville de Pézenas, haut lieu de foires au lendemain des croisades contre les Albigeois en 1262, les moines donnent vie à un lieu exceptionnel.
Alain Roux, géniteur du Prieuré Saint-Jean de Bébian
C’est dans les années 1970 que le domaine prend son envol. Alain Roux implante sur ses terres un patrimoine de vignes exceptionnel à partir de plants provenant de grands domaines de la Vallée du Rhône et de Provence. Nait d’ailleurs des liens forts entre Alain Roux et Gérard Chave (actuel domaine Jean-Louis Chave) qui lui délivre ses syrahs, et Jacques Reynaud (Château Rayas) pour les grenaches et François et Jean-Marie Peyraud (domaine Tempier) pour les mourvèdres. En plus de tous ces plants, le vigneron ajoute à ses parcelles des cépages locaux traditionnels de la région comme le cinsault, le carignan, la clairette… Au total, cela fait 13 cépages sur le domaine. Grâce à ce travail acharné et à sa passion, Alain Roux parvient à hisser le Prieuré Saint-Jean de Bébian au plus haut et en fait un domaine incontournable du Languedoc.
Chantal et Jean-Claude, de la RVF aux vignes en 1994
L’année 1994 atteste le rachat du Prieuré Saint-Jean de Bébian par Chantal Lecouty et Jean-Claude Le Brun, anciens rédacteurs en chef de la célèbre Revue du vin de France. Le couple mise sur le Languedoc, qu’il qualifie de “nouvelle Californie du vin”. Angélique de Lencquesaing, Lionel Cuenca et Cyrille Jomand connaissaient bien ces deux néo-vignerons et se sont intéressés au domaine dès ses débuts. Après plusieurs visites, iDealwine a rapidement compris qu’il s’agissait d’un “lieu de passionnés”, une petite pépite avec laquelle nous avons grandi au fil des années.
Dans les années 2000, Jean-Claude se livre corps et âme à la vente de ses bouteilles alors que Chantal supervise les vinifications, accompagnée de grands noms du vin comme Michel Bettane. Angélique de Lencquesaing se souvient encore aujourd’hui de la dégustation du millésime 1998, incroyable, fruit du travail de ce couple. En 2004, l’œnologue australienne, Karen Turner, arrive au domaine, mettant en place des élevages en fûts là où ils étaient jusqu’ici réalisés en cuve béton. Le style des vins change, redevient plus classique, et le Prieuré Saint-Jean de Bébian commence à faire face à des difficultés financières.
La famille Pumpiansky se procure le domaine en 2008
En 2008, Alexander Pumpiansky, proche de l’actuel chef de l’État du Kremlin, achète le Prieuré Saint-Jean de Bébian avec pour objectif de le remettre dans l’élite de la région. – Pour rappel, c’est aussi lui qui, en 2020, achète le domaine Ganevat, monument du Jura -. Ce riche industriel russe investit dans le Prieuré Saint-Jean de Bébian en créant une nouvelle cuverie, l’équipe étant toujours épaulée par l’œnologue australienne. En 2011, la révolution est en marche : l’actuel gérant du domaine, Benoît Pontenier, est engagé. Il marque un grand renouveau sur les terres de Pézenas avec un style tendance. Depuis 2015 et le départ de Karen Turner, le travail à la vigne est conduit en Agriculture Biologique avec des cuvées parcellaires et les vinifications se font de manière naturelle en cave. Les vins deviennent encore plus purs, d’une grande finesse et gagnent en fraîcheur. Un style assumé qui glorifie les terroirs du Languedoc avec des vins sublimes en rouge comme en blanc.
La biodynamie comme ligne de conduite
Pézenas, un terroir exceptionnel à caractère volcanique
Le Languedoc est la plus grande région viticole du monde avec 229 000 hectares de vignes. Elle représente un tiers du vignoble français et bénéficie d’une diversité de terres remarquable. Situé entre Montpellier et Béziers, le village de Pézenas offre un terrain de jeu magnifique pour les vignes et donne son nom à une appellation de 1 500 hectares et qui s’étend sur 15 communes. En plein cœur de cette dénomination, le Prieuré Saint-Jean de Bébian profite d’un terroir volcanique typique de la région avec la présence, en nombre, de cratères et de nappes phréatiques. D’une épaisseur de quatre à cinq mètres environ, ces structures proviennent du volcan des Baumes, situé à quelques kilomètres au nord de Pézenas. À noter que sur les 15 communes de l’appellation, 80 % des terres agricoles sont plantées de vignes ! Le Prieuré Saint-Jean de Bébian est donc situé en plein cœur d’un endroit riche géologiquement avec la présence de basalte, de calcaire, de cailloutis villafranchien et de marnes au sud ; ainsi que l’omniprésence de grès et de schiste dans le nord.
Un travail à la vigne extraordinaire, 49 parcelles
Aujourd’hui, Benoît Pontenier est à la tête de 23 hectares, dont trois plantés récemment. On retrouve un peu moins de 50 parcelles autour du chai avec bien évidemment celles d’Alain Roux et ses vieilles plantations. La majorité des vignes sont cultivées en gobelet tandis que les trois hectares plantés en 2020 sont conduits en échalas (piquet en bois pour guider la pousse de la vigne). Au Prieuré Saint-Jean de Bébian, les sols sont très peu travaillés. Pas de labours, la végétation était assez rase, l’herbe fraîche est simplement tondue quand le besoin est présent.
Au chai, la patience est le maître-mot
Benoît vinifie tous ses rouges majoritairement en grappe entière après une nuit en chambre froide pour les raisins. Concernant les fermentations, il laisse la nature faire, pas d’ajout de soufre et fait confiance aux levures indigènes ; l’objectif est évidemment de montrer toute la spécificité du terroir de Pézenas. Ici, la fermentation est carbonique et on évite les actions de pigeage ou de remontage. Quand bon lui semble Benoît élève son vin en foudres, sans soutirage pendant 12 mois. Avant leur commercialisation, les vins dorment une année entière en bouteille, la patience est la clé de la réussite de l’élevage.
Concernant les blancs, les grappes de raisins sont pressées entières et le jus se dirige directement dans un foudre. Pas de soufre ajouté non plu pour les blancs et on fait reposer le liquide une année dans ces grandes barriques puis une année supplémentaire en bouteille.
Prieuré Saint-Jean de Bébian, ce qu’en disent les guides
De nouvelles cuvées parcellaires de haut niveau ont vu le jour. Nous avions attribué une étoile au Prieuré l’année dernière et constatons avec grand plaisir que la progression est constante. La seconde étoile ne devrait pas tarder.
La Revue du vin de France 1*
Le prieuré a été fondé jadis par un légionnaire romain. Devançant le renouveau qualitatif régional, Bébian s’est hissé tôt au sommet de la hiérarchie languedocienne.
Bettane et Desseauve 3*
