Grele Vignoble Francais 2018

Un nouveau coup dur pour nos vignerons français. Après un millésime 2017 particulièrement difficile dans le Bordelais suite à de nombreux épisodes de gel, le vignoble français n’aura pas non plus connu de répit en 2018. Cette année, de violents orages de grêle ont ravagé de manière localisée plusieurs régions viticoles : un premier coup fin mai a frappé le Bordelais et la région de Cognac. Un autre, début juillet, a dévasté à nouveau le Bordelais, mais également la Côte-d’Or en Bourgogne. Un bilan critique pour ces vignobles dont la récolte 2018 est fortement compromise.

Après un premier intense orage de grêle dévastant près de 7 000 hectares du vignoble bordelais (sud Médoc, Côtes de Blaye, Côtes de Bourg) fin mai en plus des 10 000 hectares dans le bassin Charente-Cognac, un nouvel épisode grêleux s’est abattu début juillet sur la Côte-d’Or en Bourgogne, sur la région de Langon-Sauternes dans le Bordelais, et tragiquement à nouveau sur les vignobles de Bourg et Blaye. Le bilan de ce dernier s’élève à 2 000 hectares touchés.

Une récolte gravement compromise pour le vignoble girondin

D’après le Bureau Interprofessionnel du Cognac, le bilan sur l’ensemble de la région de Cognac après l’épisode de fin mai s’élève à 10 000 hectares, dont 3 500 fortement touchés, « avec des taux de destruction du potentiel de récolte de 80% et plus ». Egalement atteints, les vignobles bordelais des Côtes-de-Bourg, des Côtes-de-Blaye et du sud du Médoc ont recensé presque 7 000 hectares anéantis de manière hétérogène. Certains domaines ont été épargnés, mais pour d’autres la situation est critique. C’est le cas de Château La Lagune, sur qui le sort s’est de nouveau acharné avec un second orage de grêle, que Caroline Frey a tristement commenté sur les réseaux sociaux, évoquant un véritable coup de grâce qui vient anéantir tout espoir de récolte pour le millésime 2018.

Les grêlons qui pouvaient atteindre la taille d’une balle de golf ont également compromis la production pour plusieurs domaines du Sauternes, qui avaient le malheur de se trouver sur le parcours sinueux et étroit de l’orage. Contrairement à leurs voisins Château d’Yquem et Château Rieussec, Château Guiraud, Château de Fargues et Domaine de l’Alliance avancent déjà un millésime 2018 inexistant compte tenu de l’importance des risques de propagation des maladies. En effet, les bois ont été fortement abimés et avec des sols gorgés d’eau, il est impossible de traiter. L’avenir repose donc sur la vigueur des vignes, qui aujourd’hui pansent leurs plaies.

Les ravages de la grêle au Château du Taillan : interview de Joséphine Duffau-Lagarrosse

Parmi les domaines qu’iDealwine suit de près car ils font partie de notre réseau de partenaires, le Château du Taillan a été durement touché lui aussi par la grêle. La responsable technique de la propriété, Joséphine Duffau-Lagarrosse, nous a livré ses premières impressions, bien déterminée à faire face.

Propriété du Chateau Taillan
Château Taillan

. Quelles ont été les conséquences des épisodes de grêle sur la production 2018 du Château du Taillan ?

« Il est difficile de dresser un bilan définitif aujourd’hui, nous ne sommes qu’à moins d’une semaine après le dernier épisode de grêle, et les conséquences évoluent encore.  Certains raisins ont reçu la grêle en première ligne et sont directement tombés sur le sol. D’autres sont restés en place sur la vigne, mais l’impact des grêlons les ayant faits éclater, on a observé qu’ils brunissaient très vite. Et aujourd’hui encore, on observe des baies qui d’aspect, semblaient avoir survécu aux impacts des grêlons mais qui finalement commencent à brunir aujourd’hui … Le lendemain de l’orage, en faisant un état des lieux du domaine, j’avais estimé une perte entre 50% et 60%. Sincèrement, je pense que sur d’autres parcelles, nous aurons certainement plus … »

. Comment imaginez-vous la suite de la saison ?

« Si la suite de la saison se déroule comme les derniers débuts d’années, c’est-à-dire très pluvieux, nous devrons faire face à des risques très importants d’apparition de maladies et de pourriture. Contrairement au gel qui nous avait frappé l’année dernière, la grêle détruit pas seulement les baies, mais également les feuilles, qui permettent aux baies de murir par la photosynthèse, mais aussi les pieds de vignes, qui ont été lacérés. Nous avons des parcelles sur lesquelles nous cultivons des bois de taille pour l’année prochaine, et que nous devions tailler cette année. Ce sera impossible car, fortement endommagés, ils risqueraient de se casser. »

. Justement, quelles seront les répercussions de ces épisodes sur le vignoble à l’avenir ? 

« Nous espérons que la vigne parviendra à guérir, à panser ses plaies. Pour le moment, nous ne pouvons que la traiter pour prévenir les maladies, sans augmenter les doses habituelles. D’autant que les produits utilisés sont d’origine naturelle, et aident les plaies de la vigne à s’assécher. Les volumes produits cette année seront sensiblement identiques à ceux de 2016, déjà atteint par le gel. L’année dernière nous avait contraints à augmenter notre temps de taille de la vigne de 30% voire 40%. En effet, après le gel qui était arrivé assez tôt, la vigne avait pu reprendre doucement son cycle mais la repousse s’est avérée anarchique, nécessitant de la main d’œuvre et du temps. Cette année, la grêle est intervenue tard, la récolte se limitera aux raisins persistants sur les pieds. Espérons que nous ne serons pas exposés aux maladies. Mais nous faisons face ! Nous avons ici un équipe formidable et très motivée, qui mène un travail de développement exceptionnel depuis plusieurs années. La perspective du futur classement des Crus Bourgeois supposait pour nous une mise au normes environnementale. Ce travail a été consacré par l’obtention toute récente de la certification HVE – Haute Valeur Environnementale, un bel accomplissement. Et nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin !»

Grele Chateau La Lagune 2018
Photo publiée sur les réseaux sociaux par Caroline Frey du Château La Lagune
Grele Chateau de Fargues 2018
Photo publiée sur les réseaux sociaux par le Château de Fargues

Un désastre également constaté en Côte-d’Or 

Sur la région de Nuits-Saint-Georges, quelques vignerons ont également été victimes des aléas climatiques qui n’ont pas été tendres non plus. Avec deux passages de grêle espacés d’une douzaine de jours au cours du mois de juillet et qui ont frappés les mêmes parcelles, de nombreux vignerons dont le domaine Arnoux-Lachaux s’inquiètent terriblement du sort de leur récolte de 2018.

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