Le concours organisé par l’association In Vino Veritas, animée par les étudiants de Sciences Po, et l’un des plus anciens, et pour sa quatorzième édition, il n’a pas dérogé à sa réputation d’épreuve étudiante la plus difficile. Son nom ? SPIT. Rien à voir avec la technique consistant à recracher élégamment lors des dégustations professionnelles : il s’agit là du concours SPIT, pour Science Po International Tasting. 12 équipes d’étudiants issus de grandes écoles et universités françaises et étrangères, auxquelles se sont joint, hors qualification, une brochette d’alumni de Sciences Po et une autre d’anciens étudiants, se sont affrontés sur le terrain durant deux jours. Les vignerons et propriétaires de grands domaines avaient fait preuve de générosité, offrant des flacons de haute volée qui ont alimenté les différentes étapes des épreuves.
Les étudiants ont débuté les hostilités dès le vendredi soir, dans les locaux de Sciences Po Reims, pour une première étape d’échauffement au cours de laquelle ils ont eu à comparer les mérites de la cuvée Tempo 2022 du Château Angélus, confrontés à ceux de millésimes déjà matures, le bandol rouge 2011 du domaine de Terrebrune, et le margalais château-siran 2012. Le lendemain matin, les équipes étaient accueillies dans le cœur battant de la maison Bollinger.
Non pas son chai historique, en cours de rénovation, mais à quelques encablures de là, dans l’une de ses installations dédiées au conditionnement des flacons. A tout seigneur, tout honneur : la maison d’Aÿ, qui accueille fidèlement la compétition chaque année, avait fourni pour le premier chapitre, consacré aux « vins effervescents » trois magnifiques cuvées, dégustées à l’aveugle : la Grande Année, déclinée dans les millésimes 2008 et 2007, faisait face à B13, un 100% pinot noir.
Le pinot noir a d’ailleurs marqué sa présence d’une façon singulière durant ce concours, puisqu’une série entière de vins a été consacrée au cépage qui fait la gloire de la Bourgogne, alignant, dans une dégustation décidément de haut vol, le gevrey-chambertin 2022 du domaine Taupenot-Merme, un savigny 1er Cru Hauts Jarrons 2019 du domaine Chenu et filles et un grand cru, corton-Bressandes du domaine Chandon de Briailles, le plus « nature » de tous. Pour corser l’exercice, un sancerre Les Belles Dames 2016 signé Vacheron s’était invité dans cette série, dégustée elle aussi à l’aveugle.
La qualité des blancs n’était pas en reste, puisque les étudiants ont dû identifier un riesling GC Rangen du domaine Schoffit, un savagnin signé Théo Dancer, un rully 1er cru les Maizières 2019 du domaine Chandon de Briailles, et pour finir un condrieu La Combe de Malleval 2022 portant la patte de Stéphane Ogier.
Ces trois premières épreuves étaient émaillées d’un feu nourri de questions mêlant technique vini-viticole, histoire et culture : savez-vous quel hymne national cite un nom de vin* ? Deux équipes se sont détachées, gagnant leur place pour la finale : l’ENSTA et Assas. Pour cette ultime épreuve, les étudiants avaient 20 minutes pour apprivoiser quatre vins magnifiques qu’ils ont ensuite présentés à l’assemblée. Quelques gorgées de R.D. 1988 (Bollinger), merveilleusement fondu, un éclatant meursault Perrières 2022 signé Vincent Dancer, une licorne, Le Rêve de Liber Pater (2011), et pour finir, Yquem (1997).
Les étudiants ont rivalisé de talent pour convaincre le jury, composé de représentants d’iDealwine bien sûr – Angélique de Lencquesaing met un point d’honneur à y participer fidèlement -, de la maison Bollinger (Charles-Armand de Belenet, Président, Yann Dubart et Théophile de Montgolfier, R&D), de Jacques Lacombe (Fondateur de Prestige Cellar) et de Dimitri Roussel, Meilleur Apprenti sommelier de France et vainqueur du Trophée du Jura, rien de moins. Le verdict est toujours difficile, mais il a fallu trancher, et si l’équipe d’Assas a fait rêver et saliver l’assemblée, l’ENSTA s’est distinguée par une analyse plus précise des vins en compétition. Bravo aux étudiants de l’équipe !
Un joyeux déjeuner suivait, alimenté par les cuvées de la maison d’Aÿ, en blanc et en rosé, avant une visite des caves et la soirée de clôture du concours, généreusement fournie par les vignerons et domaines qui soutiennent l’évènement. Un évènement soigneusement conçu et orchestré par une équipe aux petits soins pour l’ensemble des participants. Bravo aux organisateurs, à toute l’équipe du SPIT. Félicitations aux valeureux étudiants de l’ENSTA, d’Assas, de l’AgroParisTech, de l’Edhec, d’HEC, de l’Ecole Hôtelière de Lausanne, de MontpellierSupAgro, de l’Essec, de Mc Gill et de Polytechnique qui se passionnent pour l’univers du vin. Aux côtés des équipes du Cercle du Goût et du Champagne Tasting Club de Science Po Reims, ils ont tout de même vécu, soulignons-le, une journée parfaitement mémorable.
Le vin est décidément vecteur de culture, de partage et de convivialité. In vino veritas, c’est certain, mais en plus de la vérité, « le vin met à jour les secrets cachés de l’âme » (Horace)… Merci à la maison Bollinger pour son accueil chaleureux et aux vignerons qui nous ont enchantés et émus par leurs sublimes flacons.
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*Réponse : le tokaj est cité dans l’hymne national hongrois.