Panneau Rayas

Château Rayas, Pignan, Fonsalette, des Tours et la Pialade, ces grands noms du vin ont une chose en commun, en plus de compter parmi les plus beaux vins du Rhône : Emmanuel Reynaud. Vinificateur de génie à la pâte inimitable, il a su amener ses différentes propriétés, à commencer par le château Rayas, au sommet. Stars des enchères de la vallée du Rhône, ces vins séduisent les amateurs du monde entier. Tentons de comprendre le phénomène Reynaud.

Nos vins iDealwine

Une histoire de famille…

L’histoire de Rayas remonte à 1880, lorsque l’arrière-grand-père du propriétaire actuel, Albert Reynaud, notaire dans les environs d’Avignon, acheta un domaine sur le lieu-dit Rayas à Châteauneuf-du-Pape. Comme c’était souvent le cas à l’époque, il s’agissait d’un domaine en polyculture, centré sur la vigne, les olives et les abricots. Prenant la suite de son père en 1920, Louis Reynaud s’intéressa surtout aux vignes et fit des études d’agriculture à Angers. Il sera celui qui a amené progressivement Rayas à ce qu’il est aujourd’hui. Il fit la première mise en bouteille au domaine et il agrandit la propriété en arrachant des arbres afin d’y planter de nouvelles parcelles. En 1935 il achète à Sarrians le domaine des Tours qu’il confiera à son fils Bertrand puis juste après la guerre il acquiert le château de Fonsalette au nord d’Orange. À la mort de Louis en 1978, c’est Jacques, son fils cadet qui lui succède à la tête de Rayas et de Fonsalette alors que son fils aîné, Bertrand, reste aux commandes du domaine des Tours. Jacques a tout appris de la vinification des grenaches de Rayas auprès de son père. Comme lui, c’est un « sauvage » qui apprécie peu certains visiteurs ou journalistes et qui ne se gêne pas pour le montrer, tout comme sa sœur Françoise qui gère la partie administrative du domaine. Jacques, qui est resté un célibataire endurci meurt brutalement en 1997, et sans descendance, évidemment. Du coup c’est son neveu Emmanuel, qui dirigeait le château des Tours (à la suite de son père Bertrand) qui va reprendre l’ensemble des domaines possédés par la famille Reynaud. Après quelques années de transition, entre 1997 et 2002, nécessaires pour rénover un peu les installations du domaine et remplacer les nombreux ceps manquants dans la plupart des parcelles, Emmanuel Reynaud a brillamment pris la suite de son oncle, mais les années de transition ont produit des millésimes un peu en-dessous de l’exceptionnel niveau habituel.

Vignes Rayas

Si Rayas est devenu un mythe il le doit bien sûr à la qualité et à la personnalité exceptionnelle de ses vins mais aussi pour d’autres raisons qui n’ont rien à voir avec ses vignes. Le lieu, tout d’abord qui n’a de château que le nom. Une vieille bâtisse austère et sans charme, difficile à trouver, et qui ressemble plus à un bâtiment technique agricole qu’à une demeure de prestige. Le chai est propre mais poussiéreux et très ancien, on a presque l’impression de remonter le temps d’un siècle en le visitant. Le contraste entre la rusticité des bâtiments et le raffinement du vin renforce donc le mythe. Mais c’est aussi, et peut-être surtout, la forte personnalité des hommes Reynaud qui a le plus joué dans ce sens. Jacques était connu pour son fort caractère, il se moquait bien de savoir si tel ou tel personnage en visite était un journaliste connu ou une autorité politique locale ou nationale : si leur tête ne lui revenait pas, il les mettait à la porte sans grand ménagement… Moins extrême, la personnalité de son neveu Emmanuel, n’en reste pas moins difficile à cerner. Sans doute une certaine façon de perpétuer la légende de l’oncle ! Ce qui est certain c’est que le neveu produit des vins aussi brillants que son oncle !

Les différents domaines d’Emmanuel Reynaud

Château Rayas

Le château Rayas (qui est une des très rares propriétés de l’appellation à porter le nom d’un « climat » local) comprend une dizaine d’hectares de vignes, de multiples parcelles souvent magnifiquement enchâssées dans de superbes pinèdes et bénéficiant d’un sol presque purement sableux, une caractéristique unique à Châteauneuf, ce qui explique le caractère si particulier du rouge, d’une finesse et d’une délicatesse qui évoquent les plus grands crus de Bourgogne (à moins que ce ne soit l’inverse !). Le rouge est un 100% grenache vinifié en grappes entières, en cuves béton et il élevé deux ans en vieux et grands contenant de bois. Le blanc comprend 50% de grenache blanc et 50% de clairette.

Pignan, n’est pas le second vin de Rayas. C’est un parcellaire, également 100% grenache, mais issu de vignes plantées sur des sols beaucoup moins typés sable. Un vin qui représente environ 20% de la production de Rayas et qui ressemble plus à un châteauneuf classique alors que le Rayas est totalement à part sur l’appellation.

Château Fonsalette est un ensemble de vignes (une dizaine d’hectares) achetées en 1945 et situées au nord d’Orange sur la commune de Lagarde-Paréol. Une bonne partie de ces vignes se situent aujourd’hui sur l’appellation Massif d’Uchaux, mais qui ne sera sans doute jamais revendiquée, la « marque » Fonsalette étant bien entendu plus puissante que le nom d’une appellation. Le rouge est composé de grenache (50%), de cinsault (35%) et de syrah (15%) alors que le blanc comprend du grenache (80%), de la clairette (10%) et de la marsanne (10%). Les vins de Fonsalette sont vinifiés au Château Rayas.

La Pialade est le nom d’une cuvée de Côtes du Rhône produite, selon les années, à partir de vins de Rayas et/ou de Fonsalette jugés pas assez bons pour entrer dans l’assemblage final. En général une cuvée composée de grenache (80%), cinsault (15%) et syrah (5%). Une faible production recherchée par les amateurs car il s’agit d’un vin très proche de l’esprit « en dentelle » du château Rayas, avec moins de profondeur, bien entendu. On peut dire qu’il s’agit d’un « petit » Rayas à prix nettement plus abordable. Malheureusement difficile à trouver en raison des faibles quantités produites…

Château Rayas cave

Le château des Tours est le plus grand (40 hectares) et le plus « à part » des domaines « rayassiens ». C’est déjà le seul à ne pas être vinifié dans les chais de Rayas. Il n’a donc jamais vraiment fait partie de la « galaxie » puisqu’il a été confié à Bertand, le frère de Jacques Reynaud, qui a hérité, lui, de Rayas et Fonsalette. Enfin aussi parce que son terroir de Vacqueyras n’a rien à voir avec ceux de Rayas ou même de Fonsalette. Il y a toujours eu plus de points communs entre les vins de Fonsalette et ceux de Rayas (vinifiés par la même personne, Jacques Reynaud) qu’entre ceux-ci et ceux du château des Tours, à la fois pour des raisons de terroir mais aussi d’hommes puisque ces derniers étaient vinifiés par Bertrand Reynaud puis par son fils Emmanuel. Aujourd’hui, évidemment, les choses se présentent un peu différemment puisque c’est Emmanuel qui est à la tête de tous les domaines. Si les différences se sont logiquement estompées, il n’en reste pas moins que le caractère « Vacqueyras » tranche et se distingue de la texture plus en dentelle de Rayas et de Fonsalette. Avec sa taille importante, cette propriété produit une gamme un peu plus large. Sous le nom de Château des Tours, un vacqueyras Rouge (80% grenache et 20% syrah), un côtes-du-rhône rouge (65% grenache, 15% cinsault et 20% syrah) et un côtes-du-rhône Blanc (100% grenache). Sous le nom de Domaine des Tours, un Vin de Pays de Vaucluse rouge (grenache, counoise, syrah, cinsault, merlot et divers autres cépages) et un Vin de Pays de Vaucluse Blanc (100% clairette (100%). Enfin, sous l’étiquette « Parisy » un vin de table rosé issu d’un assemblage de grenache et de cinsault.

Voir les ventes des vins de la « galaxie » Rayas 

Un verre de Château Rayas 1978 avec Thierry Desseauve

Cet article a 3 commentaires

  1. Leemans

    Bonjour,
    J’ai la chance de pouvoir déguster de bons vins…..
    Je vous avoue monsieur que les votres, sont tout simplement exceptionnels.
    Pas plus tard que samedi dernier, nous avons fait une dégustation en famille.
    Nous avions/
    Grange des pères 2000 rouge
    Clos rougeart 2005 rouge
    Château rayas 2003 rouge
    Château rayas 2003 blanc
    Pignan 2003 rouge
    À l’unanimite est sorti le 1er Pignan
    Grâce à vous j’ai passé une soirée inoubliable, sans doute la meilleure de passionné.
    Merci
    Stefan

  2. Laviolette

    Voilà trente ans, m’étant arrêté chez Fifi Moulin à Beynes (sauf erreur ou confusion) on m’a recommandé un rosé château Fonsalette, avec un melon. Quel était le meilleur, je ne sais. Ils étaient extraordinaires. Le melon n’avait pas d’étiquette; la bouteille en avait une. Allant vers Orange j’ai voulu acheter ce rosé, au château. Soleil de plomb. Pas un bruit. Tout était ouvert mais il n’y avait personne. J’ai fait un tour dans le hall et un salon pour le cas où quelqu’un se serait levé d’une radassière (c’était l’,heure de la sieste). Déguen, comme on dit chez moi. C’est en cherchant à Paris que j’ai trouvé une bouteille, un carton l’année suivante. Encore extraordinaire. Sans le melon. Pendant longtemps on m’a parlé des rosés du sud avec condescendance. Je répliquais Château Fonsalette. C’est quoi? La Provence, la Drôme provençale. Un merveilleux souvenir, le meilleur rosé. Et pourtant j’ai le chauvinisme d.un varois d’adoption né en Afrique!

  3. andre jacques

    Rayas 95 une de mes grandes émotions
    Mon premier rayas78 énorme comment ce vigneron au caractère si particulier pouvait créer des vins aussi élégants et ce dans une cave d’un autre âge !
    Avec Emanuel Reynault régularité et classe incontestable sur toute sa production

Laisser un commentaire