Chateau Quinault l'Enclos Grand Cru Classé iDealwine

Nous sommes au Château Quinault l’Enclos, en pleine ville de Libourne où trône fièrement, comme le témoin d’un passé désormais perdu où la viticulture n’était jamais loin des villes, de hauts mûrs de pierre qui ceignent un vignoble de 19 hectares.

Longtemps propriété d’Alain Raynaud, ancien président de l’Association des Grands Crus Bordelais, le château a été racheté en 2008 par Baron Frère et Bernard Arnault. Porté par le savoir-faire de l’ensemble de l’équipe technique de Château Cheval Blanc, le château d’alors n’a guère de ressemblance avec celui d’aujourd’hui. Si « c’est avec des grands raisins que l’on fait de grands vins », comme le rappelle Pierre-Olivier Clouet directeur technique du château Cheval Blanc, les raisins ne peuvent être grands tant que le terroir n’imprime pas sa signature aux jus. Or, pour que la translation de la terre au raisin opère, il est nécessaire d’avoir d’abord un terroir de premier ordre, puis un matériel végétal de qualité. Et c’est ici qu’intervient précisément la pertinence de tous les travaux menés par l’équipe de Château Cheval Blanc depuis 2008. Le sol a d’abord été cartographié et le mur qui entoure le vignoble ne saurait cacher une réalité géologique unifiée : le clos regroupe en son sein cinq types de sol, à dominante de graves, mais homogènes en termes de qualité. Selon Pierre-Olivier Clouet, si le sol était sujet à une classification bourguignonne, le château Quinault l’Enclos serait « du niveau d’un beau village, mais dans les mains d’un grand producteur ». Cette connaissance toujours plus poussée du terroir est ce qui permet aux équipes de Château Cheval Blanc d’aller chercher avec sincérité la réalité du sous-sol. Cette réalité, c’est aussi ce qui guide chacun de leurs gestes en viticulture : tout comme au Château Cheval Blanc, les sols sont travaillés en profondeur afin de permettre au système racinaire de se développer au maximum de sorte que la vigne puisse ne chercher rien d’autre que le terroir. Parallèlement à cela, les équipes de Château Cheval Blanc ont intégralement retravaillé le matériel végétal : près de la moitié des pieds a été arrachée et replantée en plus de 10 ans. Désormais, l’encépagement du château tend vers 10% de cabernet-franc, 60% de merlot et 30% de cabernet-sauvignon, issus de sélection massale du Château Cheval Blanc, de quoi garantir l’excellence du matériel végétal.

L’expérience dont Quinault l’Enclos bénéficie se retrouve dans les vins : tout comme au château Cheval Blanc, les vendanges sont réalisées le plus tôt possible afin de préserver la fraîcheur et l’éclat du fruit. Les choix sont sans concession : une viticulture aussi propre et raisonnée que possible, ni excès de bois ni insuffisance de maturité mais, surtout, « un vin qui a la gueule de l’endroit » et du millésime. Ainsi, 2014 s’avère frais, profond, précis. 2015, plus charnu et large ne renie pas pour autant son géniteur que l’on décèle par une touche de fraîcheur qui porte le vin. Le millésime 2016 est le vin le plus sérieux du domaine, il a « l’austérité des grands » selon M. Clouet. Enfin, le millésime 2017 est un paradis pour amateurs de bordeaux frais, tendres et accessibles.

Ce que Château Cheval Blanc apporte à Quinault l’enclos, Quinault l’Enclos le lui rend. Ce dernier est en effet un véritable laboratoire pour les équipes de Château Cheval Blanc. Là-bas elles tentent, expérimentent, essayent, se trompent, parfois, comme pour la conversion du vignoble en bio entre 2009 et 2012 qui, limitant les produits chimiques, augmente considérablement les passages dans les vignes et la teneur en cuivre du sous-sol. Mais retenons qu’elles gagnent en maturité et ouverture d’esprit en vinifiant de nouveaux terroirs. Dernièrement, ces dernières ont mis en place un élevage en foudre afin de considérer l’impact de cet élevage en ressenti boisé. Il s’agit de faire ici ce qu’ils ne peuvent se permettre de faire là-bas, au château Cheval Blanc.

Revenant sur l’état actuel de la viticulture, Monsieur Clouet nous avoue qu’en dépit du « Bordeaux-Bashing » presqu’aucune région n’a connu de tels progrès en si peu de temps. Alors que la révolution écologique se met en place dans le vignoble bordelais, beaucoup plus discrète, refusant encore de dire son nom par honte d’un passé parfois trop proche, une autre révolution apparaît : une révolution viticole. Chez les Grecs, le terme « Pharmakon » désigne un remède présent dans le mal, à Bordeaux, ou ailleurs, on a parfois payé les excès d’une viticulture passés qu’une viticulture plus précise, avant-gardiste et méticuleuse refuse désormais. A Bordeaux, M. Clouet l’affirme, la viticulture se retourne contre elle-même, chassant ses vieux démons et repartant sur un socle propre et sain : à la fois remède et mal. Au château Cheval Blanc, tout comme à Quinault l’Enclos, on tente d’aller encore plus loin : tout en refusant l’excès de bois, on refuse aussi l’excès de réduction soufrée en cuve inox.

Tout en refusant la sur maturité, on refuse aussi la verdeur « minérale » des vendanges précoces. Vous l’aurez compris, au Château Quinault l’Enclos, tout comme chez Cheval Blanc, on se fiche des modes, seule compte la sincérité du terroir qui donnera des vins intemporels.

Ce qu’en pensent les guides :

 Guide Bettane + Desseauve (Guide 2020) – 2** Étoiles :

« Ce cru situé aux portes de Libourne a été racheté en 2008 par les actionnaires de Cheval Blanc; il bénéficie évidemment de la notoriété  de ce cru mythique et des compétences de ses équipes techniques. Quinault l’Enclos a choisi de pas produire de 2013, suite a deux orages dévastateurs de grêle et au final, sept hectolitres par hectares. A partir de 2014, la propriété a choisi de privilégier des fûts de 500 litres pour l’élevage, en gardant une forte proportion de bois neuf, plutôt que de prendre des bois plus vieux en barrique classique. 2015 et 2016 sont de franches réussites, pour une trentaine d’euros, c’est une très bonne affaire. »

Revue du Vin de France (Guide Vert 2021) – 1*Étoile :

« Au début, Pierre-Olivier Clouet, directeur technique de Cheval Blanc ne savait pas trop quoi faire de ce cru citadin de 18 hectares à l’entrée de Libourne, racheté par Bernard Arnaud et Albert Frère en 2018, dans la suite de Cheval Blanc. Mais l’équipe, menée par le chef de cave et Pierre Lurton, directeur du cru, est parvenue à trouver, sur ce terroir de graves sableuses, les clefs pour produire un vin nettement moins démonstratif que par le passé, devenant même subtil, dans la foulée de la distinction de Cheval.

Les vins : le travail du sol, pratiqué depuis le rachat en 2008, permet aux racines de plonger pour récupérer l’eau en profondeur et trouver la fraîcheur qui faisait défaut aux anciens millésimes. 2015, chaleureux entre tous, voit justement les contours du cru se dessiner sur une rondeur plus séduisante, une intensité moins ravageuse laissant place à une fraîcheur puisée dans une extraction douce et un élevage en foudre. Le soyeux et la bonne acidité du 2016, millésime qui fit du bien à la propriété, apportent encore plus de finesse. 2017 sauvé du gel par la chaleur de l’agglomération, plus velouté et volubile, est innervé par la fraîcheur du cabernet. Quant au 2019, il présentait le profil des grands millésimes bordelais : fruit mûr, tanins raffiné, potentiel…»

Les vins de Château Quinault l’Enclos en vente sur iDealwine

Saint-émilion grand cru 2018 (rouge) : Fruit d’un assemblage de Merlot (71,5%), de Cabernet Sauvignon (14,5%) et de Cabernet Franc (14,5%), Château Quinault L’Enclos 2018 exprime toute la grandeur son beau terroir de Saint-Émilion. Intensément expressif et fruité, le bouquet aromatique se dévoile sous de belles notes de fruits noirs aux parfums de mûre et de cerise, en évoluant sur de belles notes épicées et poivrées, ponctuées de délicates notes florales. Au palais, la bouche navigue avec une très grande précision. Onctueux et généreux, le vin déploie une matière ample, d’une grande richesse, équilibré par une vive acidité. Le cru persiste longuement en finale en conservant un fruit croquant. Un très beau millésime de Quinault L’Enclos, accessible dans sa jeunesse et offrant de belles perspectives d’évolution.

Saint-émilion grand cru 2017 (rouge) : Issu d’un assemblage de Merlot (62%) présentant une proportion de Cabernet Sauvignon légèrement plus importante que le millésime précédent (22%) complété par du Cabernet Franc (16%), Château Quinault l’Enclos 2017 se révèle avec fraîcheur et une belle expression. Le bouquet aromatique affiche ce style immanquable, soulignant l’éclat des notes de cassis et une belle trame épicée, encadrée par la délicatesse des senteurs florales. Gourmand, le palais se livre sur une matière fondante sans que le milieu de bouche ne perde de sa profondeur et de son moelleux, équilibré par une belle tension qui s’étire dans la longueur d’une finale persistante. Un superbe Saint-Émilion délicat, précis et gourmand qui affine encore l’empreinte de l’équipe de Cheval Blanc sur cette propriété au grand potentiel.

Saint-émilion grand cru 2016 (rouge) : Ce Saint-Emilion Grand cru est implanté sur des sols assez graveleux. Son élevage est effectué en fûts de 500 litres avec une proportion de 50% de fûts neufs. L’assemblage du millésime 2016 est de 68% de Merlot, de 20% de Cabernet Sauvignon et de 12% de Cabernet Franc. Le château Quinault l’Enclos 2016 se révèle assez ouvert, avec une belle expression aromatique à ce stade. Ce vin ne manque pas pour autant de complexité et s’affiche comme une Saint-Emilion Grande Cru à fort potentiel pour affronter quelques décennies.

Saint-émilion grand cru 2015 (rouge) : Avec un élevage en barriques dont 50% de neuves durant 15 à 18 mois, le château Quinault l’enclos 2015 a atteint une élégance insoupçonnée. A la dégustation, il offre un nez frais et fruité (cerise noire, groseille, framboise). La bouche est élégante, soutenue par des tannins soyeux et séduisants. La langoureuse finale se porte sur les fruits. Un vin harmonieux et prometteur.

Saint-émilion grand cru 2014 (rouge) : Après une année compliquée en 2013 en raison de la grêle, Quinault L’Enclos apparait dans sa plénitude avec le millésime 2014. Sa robe d’un élégant rouge sombre traduit une belle concentration. Le nez offre des notes de fruits rouges très concentrées, suivie par une large palette aromatique dont notamment la vanille et le cuir avec l’l’élevage en barrique, le tout légèrement mentholé. La bouche est fraiche, ronde et puissante, les tannins sont enrobés et la longue finale est marquée par des notes de fruits rouges.

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