Dubourdieu. Un nom bien connu dans l’univers du vin puisqu’il s’agit de celui de Denis Dubourdieu, cet œnologue, chercheur, vigneron, fondateur de l’Institut des sciences de la vigne et du vin. Mais pas seulement. C’est aussi le nom de ses fils Fabrice et Jean-Jacques qui lui ont succédé après sa disparition en 2016. Ce dernier nous a aidé à percer les secrets de leur château Doisy-Daëne, grand cru du classement de Graves de 1855, et à (re)découvrir la magie des vins liquoreux le temps d’un entretien privilégié.
« Vous savez, j’ai grandi à Château Reynon, une propriété viticole qui est une vraie salle de jeu grandeur nature pour un petit garçon qui aime la nature et les grands espaces. J’ai donc toujours su que je travaillerai dans la propriété familiale. » En effet, Jean-Jacques Dubourdieu a rejoint son père alors qu’il n’avait que 26 ans. Fort d’un parcours plutôt orienté business enrichi de quelques expériences en Espagne et aux Etats-Unis dans le domaine des achats et des importations, le tout jeune homme d’alors est venu seconder son père aux multiples casquettes. Ironie du sort, sa première mission était d’aider son grand-père au château de Doisy-Daëne avant que celui-ci ne prenne sa retraite à 83 ans. Une mission qui a noué une certaine complicité entre « l’apprenti » et cette propriété acquise par son arrière-grand-père en 1924, aujourd’hui élue siège social.
Entre son arrivée dans l’affaire familiale et la reprise des différentes propriétés (dont le Clos Floridène et les châteaux Doisy-Dubroca, Reynon, Haura et Cantegril), Jean-Jacques Dubourdieu aura vécu dix ans de formation à « ce métier qui réclame de l’expérience ». Tandis qu’il gère l’ensemble des domaines qui couvrent 136 hectares et une quarantaine de personnes et desquels sortent tous les ans quelques 500 000 bouteilles, son frère, lui s’adonne à la viticulture et à l’innovation dont la culture a, même après le décès de leur père, été valorisée à travers une volonté ferme de rester précurseur en la matière.
Ainsi, l’exploitation est « connectée ». Un réseau de capteurs permet des mesures précises (de la production d’électricité à l’influence de la météo) optimisant le travail. Un travail qui n’est pas incompatible avec le respect de l’environnement, bien au contraire. Et ce n’est pas leur grand-père, bientôt centenaire, qui nous contredirait, lui dont les vignes jouxtent sa cuisine. Celles-ci sont cultivées selon des méthodes certifiées par les labels HVE niveau 3 (Haute Valeur Environnementale) et Be Friendly qui garantit le respect des pollinisateurs. Parallèlement à cela, deux cents hectares de forêt protègent la biodiversité locale et à neutralisent le bilan carbone.
Fort d’un savoir-faire viticole ancré dans la famille depuis le 18ème siècle, le château Doisy-Daëne figure au rang de l’élite des vins liquoreux. Classé second grand cru en 1855, il siège au sein de Barsac, une appellation qui se caractérise par un sol d’argile de 30 à 40 centimètres reposant sur un socle calcaire qui confère aux vins de très belles acidités amplificatrices d’arômes. Situé à l’intersection de la Garonne et de son affluent le Cirons, le sémillon engendre des vins frais et purs, moins concentrés en sucres résiduels qu’à Sauternes mais dotés d’une noble acidité plus affirmée.
Munis de tels atouts, les nectars du château Doisy-Daëne se savourent aussi bien dès leur création qu’après cent ans de repos en cave. La magie de ces vins veut que, jeunes, ils soient recherchés pour leurs notes de fruits frais, d’agrumes et d’abricot et que, plus vieux, ils soient admirés par leur bouquet de fruits confits, de pâte de fruit, de truffe et de miel. Des goûts uniques conférés par le botrytis qui permet au fruit de se défendre et de se prémunir de lui en créant cinquante fois plus de précurseurs d’arômes qu’un raisin sain. Bien plus qu’un vin débordant de sucres résiduels (« et non un vin sucré puisque la chaptalisation est interdite », insiste Jean-Jacques Dubourdieu), nous avons affaire à un cru naturellement et olfactivement opulent.
Il est temps de remettre les pendules à l’heure. Ces nectars de méditations ne sont pas l’apanage des desserts ; Jean-Jacques Dubourdieu entend ainsi leur rendre leur place initiale à l’apéritif ou autour de mets salés. « Il y a encore 80 ans dans le grand Sud-Ouest, il était de tradition de servir un sauternes avec une volaille ou un chapon ». Aujourd’hui, il s’avère être le vin d’apéritif dinatoire par excellence. Car, qui, mieux que lui, pourrait se marier aussi aisément avec du fromage, de la charcuterie ou des huîtres ? Le choix des possibles est vaste et peut être exploré sur le long terme puisque le vin se savoure jusqu’à trois semaines après son ouverture !
Mais Doisy-Daëne, c’est aussi, et depuis toujours, l’envie de se démarquer avec excellence. Ainsi, convaincue du potentiel de ce terroir à grands vins blancs, le château vinifie depuis 1948 un blanc sec. Une rareté à Bordeaux et dans l’univers des grands crus de l’appellation. Le sauvignon blanc puise ses lettres de noblesse dans un sol froid de calcaire qui lui offre personnalité et goût. Quant à L’Extravagant, il est lui aussi un pur sauvignon blanc mais botrytisé et récolté grain à grain. Seulement trois barriques, soit 2 000 flacons, sont produites quand le millésime est jugé magnifique. Un clin d’œil à ce cépage qui était alors dominant lors du classement de 1855.
Retrouvez les vins du château Doisy-Daëne en vente sur iDealwine.
Château Doisy-Daëne, 2ème Grand Cru Classé
Les vins se caractérisent par l’élégance et la pureté, ils se montrent savoureux, racés, amples et fruités, développant des notes de miel et de rose. .
L’extravagant
L’Extravagant de Doisy Daëne offre à la dégustation une puissance exceptionnelle, associée à une belle fraîcheur et un éclat aromatique d’une grande élégance.
Château Doisy-Daëne, ce qu’en disent les guides
Guide Vert 2021 de La Revue du vin de France – 2* sur 3
L’équipe de Denis Dubourdieu, chef de file de l’école œnologique bordelaise disparu en 2016, vinifie magistralement une vendange récoltée toujours avec précision, au moment où la pourriture noble offre le meilleur compromis entre richesse en sucre et finesse aromatique, tout en préservant de hauts niveaux d’acidité.
Bettane et Dessauve 2020 – 4* sur 5
Une toute petite production (3 000 bouteilles) d’un vin très liquoreux est produite sous la marque l’extravagant-de-doisy-daëne lorsque la récolte s’y prête. Ce vin peut atteindre des sommets de qualité extraordinaires.