Château Cheval Blanc

Bordeaux demeure une valeur sûre des ventes aux enchères de vin, même si au fil des ans, les autres régions viticoles sont progressivement venues lui disputer sa suprématie. Au sein du cénacle des vins les plus emblématiques du vignoble français, Château Cheval Blanc occupe une place à part. Près de 50 lots de ce premier cru classé « A » de Saint-Emilion ont été adjugé le mois dernier sur iDealwine. Analyse.

Le Château Cheval Blanc, dont le classement de 2012 a confirmé la position de premier cru classé « A » – le sommet de la hiérarchie – se distingue de ses pairs à plusieurs titres. Son terroir, bien sûr, le distingue puisqu’il est composé d’une mosaïque de sols associant argiles, croupe de graves plus ou moins sableuse, le tout réparti sur 39 hectares … C’est cette variété de sols, minutieusement cartographiée, qui contribue à forger la complexité des vins, minutieusement vinifiés et élevés dans le nouveau chai construit par Christian de Portzamparc en 2011. Autre spécificité : si l’encépagement est bien sûr adapté aux caractéristiques de chacune des quelque 50 parcelles qui composent le vignoble, l’une des singularités de Cheval Blanc est la part significative octroyée au cépage cabernet franc. Un choix qui remonte à plus de 150 ans, et qui se révèle plus que jamais pertinent à l’heure où le réchauffement climatique implique de rechercher la fraîcheur et l’élégance. Deux marqueurs essentiels, qui forgent la singularité des vins de Cheval Blanc.

Un marché secondaire nourri

Près de 50 lots comportant des flacons issus du château Cheval Blanc ont été adjugés le mois dernier sur la plateforme d’iDealwine. Cette belle représentation des vins de la propriété, sans surprise, octroie la part belle aux grands millésimes matures tels le 1990, aujourd’hui parvenu à son apogée. En caisse bois de 12 bouteilles, sa cote tutoie aujourd’hui le seuil des 1000€ la bouteille (le lot a été adjugé 11 470€, soit 956€ la bouteille). Parmi les grandes années recherchées, notons aussi le prix de 10 168€ déboursé par un amateur belge pour acquérir 12 bouteilles de château-cheval-blanc 2005 (soit 847€ l’unité). Précisons toutefois que ces résultats expriment une stabilité des cours sur ces deux millésimes. La hausse de prix est plus marquée pour le splendide 1998. Ce millésime récemment renoté par Lisa Perrotti-Brown pour le Wine Advocate s’est vu attribuer la note de 100/100. Il a été adjugé 651€ (+9%) sur iDealwine, le 27 mai dernier. Le tendre 2001, lui, s’est vendu 467€ (+6%). En remontant le temps, de jolies progressions ont également été enregistrées ces dernières semaines sur le millésime 1988 (442€, +20%), sur le 1986 (436€, +18%). Le 1982, un temps noté 100/100 lui aussi par Robert Parker – la note de ce millésime aujourd’hui à maturité a été réévaluée à 92/100 -, reste un flacon extrêmement recherché. S’il ne figurait pas dans les catalogues de ventes iDealwine en mai, notons tout de même qu’une bouteille de cheval-blanc 1982 a été adjugée 921€ (+22%) le 31 mars sur la plateforme. Le prix de la rareté.

Une chalandise planétaire

Qui sont les heureux adjudicataires de ces différents lots ? Contrairement à une idée reçue, les amateurs français restent de grands afficionados de Château Cheval Blanc, ils ont acquis près de la moitié des vins adjugés, et notamment des magnums millésimés 1999 (798€ pièce, +9%), ou encore le fameux 1998 qui mérite d’être suivi à la loupe. Les millésimes 1990 et 2005 sont respectivement partis pour les Etats-Unis et la Belgique. L’Europe, et plus particulièrement la Grande-Bretagne demeurent les principaux acheteurs des vins de Château Cheval Blanc, même si parmi les enchérisseurs on retrouve aussi des amateurs russes, ou des clients de Singapour, de Hong-Kong ou encore de Thaïlande. La renommée de la propriété est mondiale, assurément.

Dégustation | Cheval Blanc 2018

En mars dernier, les équipes de Château Cheval Blanc proposaient à la dégustation les vins du millésime 2018 (vendangé par mes soins, comme je le raconte dans l’article à lire ici).

Château Cheval Blanc dégustation

L’assemblage du millésime 2018 reflète précisément la cartographie du vignoble, cette année-là, puisqu’il se compose à 54% de merlot, 40% de cabernet franc et 6% de cabernet sauvignon. Pierre-Olivier Clouet, talentueux directeur technique de la propriété, rappelle que le millésime a été bien arrosé dans la première partie du cycle, et à ce titre propice au développement du mildiou. Heureusement, l’été, superbement ensoleillé, est venu forger une récolte magnifique et parfaitement mure. Pierre-Olivier, qui a désormais pleinement trouvé ses marques dans le nouveau chai, estime avoir produit « le plus beau millésime depuis la mise en fonction des installations de Christian de Portzamparc ». De fait, ce 2018 offre un nez discret et élégant, très frais. A l’aération se déploient des notes de fruits noirs (quetsche, cerise noire) associées aux arômes de mine de crayon. En bouche, il déploie une trame élégante, très fine, droite, une belle matière juteuse pleine d’énergie, portée par une fine acidité. L’ensemble est vif, parfaitement maîtrisé, exprimant une belle minéralité, très fraîche. Puis le vin déploie une matière crémeuse, qui tapisse le palais avec une belle intensité. La finale est vibrante, gorgée d’arômes de fruits rouges, et la longueur remarquable.

Primeur | Cheval Blanc 2020

Château Cheval Blanc primeurs

Nous pardonnera-t-il ? Pierre-Olivier Clouet ne serait peut-être pas content de nous voir associer dans cet article le 2018 et le 2020, car il réfute l’idée d’une trilogie linéaire 2018/2019/2020. En effet, ces millésimes qui se suivent ne se ressemblent pourtant pas, notamment pour ce qui concerne les caractéristiques climatiques. En effet, 2020 a produit à Cheval Blanc un vin plus ferme, peut-être un peu plus austère, que l’on peut qualifier d’« aristocratique »… Et pourtant… la vigne a connu lors de la floraison la plus grande vague de sécheresse enregistrée depuis… 1959. L’été s’est révélé chaud, voire caniculaire, jusqu’aux vendanges. Comment expliquer cette apparente contradiction entre chaleur et droiture des vins ? La réponse se situe dans la climatologie du printemps, pluvieux, froid, humide jusqu’à début juin. Ce sont ces réserves qui ont ensuite permis à la vigne d’affronter l’été caniculaire.  De fait, cheval-blanc 2020 impressionne. Par sa robe dense, profonde, d’un rubis-noir intense. Son nez discret, dégage une belle fraîcheur, offrant une aromatique ciselée par des arômes floraux et de fruits noirs, délicatement épicés et mentholés. L’attaque, tranchante, précise, déploie une matière parfaitement mure, puissante, avec un toucher de bouche aérien, noble. La finale est précise, remarquablement longue, très fraîche. Une précision d’orfèvre pour un vin apte à affronter sans sourciller les prochaines décennies.

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