
Depuis plus d’un demi-siècle, le Château Carbonnieux a retrouvé ses lettres de noblesse, établies depuis le XIIIe siècle, en relevant le niveau de son vin blanc, mais aussi des rouges. Découvrez les savoir-faire et la philosophie du domaine, mais apprenez-en plus également sur sa position commerciale et sa vision de l’écologie.
Une référence historique
Le Château Carbonnieux fait partie des plus vieilles propriétés connues à Pessac-Léognan puisque des traces de vignes sont attestées dès 1292. Fondé par les moines bénédictins de l’abbaye de Sainte-Croix, ils l’occuperont jusqu’au XVIe siècle avant -coup du sort – de le racheter à la famille Ferron en 1740. Ils l’habiteront et l’exploiteront ainsi jusqu’à la Révolution Française. C’est pour cette raison que vous retrouverez sur les étiquettes de la propriété la coquille Saint-Jacques et la Sainte-Croix, des symboles déjà présents sur les étiquettes de l’époque ! C’est durant cette deuxième période que les vins gagneront en popularité tant en France qu’à l’international. A cette époque, seuls des blancs sont produits sur la propriété, un héritage assez unique sur l’appellation, même si les rouges apparaitront au Château au début du XIXe siècle.

Par la suite, plusieurs propriétaires se succèderont, mais c’est en 1956 que la propriété reprend vie avec l’arrivée de la famille Perrin, d’origine bourguignonne mais anciennement à la tête de vignes en Algérie. Un grand travail est alors entrepris, puisque la famille s’engage dans une restructuration du vignoble et cherche à en faire connaitre les vins en France et à travers le monde. Elle participe activement à la reconnaissance des vins de Bordeaux et plus particulièrement de Graves, participant par exemple à la création du classement de cette appellation. En 1990, la deuxième génération reprend les rênes et améliore encore la qualité des vins en modernisant les chais et en replantant les cépages sur les sols les plus adaptés, car jusque-là, les sauvignons blancs poussaient sur les sols ensoleillés des graves, il est alors décidé de planter à la place du cabernet sauvignon. Avec tous ces changements, la qualité de vins rouges au domaine augmente très largement, et atteint finalement celle des blancs. Enfin, la dernière génération arrivée en 2019, Marc et Andréa Perrin, apporte aussi son regard. Ils s’assurent ensemble du bon déroulement des affaires quotidiennes : Marc Perrin travaille sur la partie commerciale tandis qu’Andréa est œnologue et maitre de chai.
Millésime après millésime, le défi du changement climatique :
La propriété, de plus de 220 hectares d’un seul tenant, en consacre un peu plus de 100 en production. 48 hectares permettent de produire des vins blancs, pour les deux tiers en sauvignon blanc, complété par le sémillon. Enfin, 50 hectares sont affectés aux rouges, à grande majorité en cabernet sauvignon (environ 55%) complété par le merlot (environ 35%) et 10% pour le cabernet franc et le petit verdot.
Le domaine est certifié HVE, mais les traitements sont limités voire prohibés, cela s’inscrit plus généralement dans une politique vertueuse et respectueuse de la nature, qui a une place importante au domaine puisqu’elle compose un plus de la moitié des hectares de la propriété. Dans ses engagements, le Château Carbonnieux a par exemple banni les produits phytosanitaires, remplacés par du travail mécanique des sols, les engrais chimiques ont été proscrits il y a plus de 25 ans, détrônés par des engrais minéraux qui ne pénètrent pas dans la plante. Également, le domaine n’a plus recours aux insecticides mais à la confusion sexuelle. Marc Perrin ajoute cependant : « nous ne faisons pas de demande de certification car nous adaptons nos pratiques selon nos enjeux, propres au château. Aussi, la propriété se réserve le droit d’utiliser le traitement adapté pour pouvoir permettre de préserver l’intégrité de la plante, et donc de la quantité mais aussi de la qualité du raisin. »

Un savoir-faire au service de l’identité du vin
Le travail dans les vignes est exigeant : le domaine pratique sur ses 100 hectares de vignes l’effeuillage, la taille, l’ébourgeonnage. Marc nous confie alors que cela nécessite une bonne anticipation afin de limiter la charge de travail, très importante : « près d’une trentaine de saisonniers sont présents pour les travaux, de la fin mai jusqu’à la troisième semaine de juillet, pour favoriser la qualité pour la future récolte […] il faut se permettre de faire ces pratiques qui sont un gage de qualité à la fin. »
Les vendanges sont faites manuellement, avec, sur certaines années, une intervention mécanique minime qui advient sur les jeunes vignes, plus souvent utilisées pour l’assemblage du second vin. En revanche, le Château Carbonnieux Cru Classé de Graves blanc ou rouge est constamment vendangé à la main afin de préserver l’intégrité des baies (et ne pas risquer une légère oxydation sur les blancs).
Les vendanges rassemblent au total plus d’une centaine de saisonniers, qui cueillent les grappes entre la fin août et la première semaine d’octobre : les parcelles et leur exposition étant très variées, l’amplitude des vendanges est donc longue.

Une fois dans les chais, les vinifications pour les rouges comme les blancs se font en cuves inox, allant d’une cinquantaine à 180 hectolitres. Sur les 119 parcelles du domaine, certaines sont assemblées : « on va essayer de vendanger le même jour des parcelles de même qualité et donc faire des lots qui permettent de respecter le parcellaire et la typicité du millésime ».
Ensuite, les blancs sont clarifiés à froid, et les fermentations alcooliques commencent en cuve avant qu’une grande partie des jus soient entonnés. Lors des fermentations, un ajout de levures sélectionnées est fait afin d’éviter l’arrêt accidentel des fermentations. La malolactique est bloquée par sulfitage. L’élevage se prolonge pendant 10 mois. Les vins sont ensuite assemblés et mis en bouteille.
Pour les vins rouges, la macération et l’extraction se font par remontage dans des cuves inox pendant un peu moins d’un mois. Également, un ajout de levures sélectionnées a lieu pour les mêmes raisons que les blancs. L’élevage est fait en barrique pendant 12 à 14 mois, avec environ 20% de fûts neufs.

L’évolution de la qualité des vins au fil des ans
Comme nous l’évoquions, les blancs étaient particulièrement réputés depuis le XVIIIe siècle : à l’époque, tout le monde ne jure que par le Château Haut-Brion pour les rouges, et par le Château Carbonnieux pour les blancs. Le ton est donné. Aujourd’hui, Carbonnieux reste – et de très loin – un acteur majeur pour les vins blancs à Pessac-Léognan -où moins de 20% des surfaces plantées sont en blanc- mais aussi dans toute l’appellation Graves. Marc Perrin nous explique alors « naturellement, notre part de marché est importante et la marque est beaucoup plus visible. Ça a toujours été un choix de garder cet équilibre-là : nous avons les bons terroirs pour produire de grands vins blancs et aussi une distribution assez forte pour maintenir cette production-là. »
Mais pour maintenir des parts de marché aussi importantes tant en France qu’à l’international, il faut en suivre la demande. Marc Perrin nous explique alors qu’il y a eu deux grands changements historiques : « D’abord, à la fin des années 80, le démarrage de notre collaboration avec le professeur Dubourdieu, qui nous a apporté des techniques pour faire des vins un petit peu plus concentrés et chargés en structure avec par exemple des techniques comme la macération pelliculaire, la fermentation et l’élevage en barrique, avec bâtonnage pour apporter plus de gras. L’objectif était d’obtenir des vins plus structurés et un peu plus gras qu’aujourd’hui. ». Depuis plusieurs années, le domaine a opéré des changements sur ce vin blanc, afin de l’adapter aux nouveaux goûts des consommateurs mais aussi aux enjeux de changements climatiques, qui entrainent un réchauffement global. « Avec l’évolution climatique, il a fallu replanter les bons cépages – notamment le sauvignon blanc – plutôt sur les terroirs froids, alors qu’il était planté plutôt sur des terroirs de graves – donc des terroirs chauds – il y a 25 ans, pour apporter plus de finesse et plus de fraîcheur dans les vins. » Andréa a alors adopté une nouvelle façon de vinifier dans les chais : afin de maintenir la fraicheur et l’acidité, les baies ne macèrent plus et sont directement pressées à froid, Marc ajoute alors « nous avons aussi introduit les gros contenants comme les barriques de 400L ou les foudres pour nos élevages afin d’avoir des lots plus tendus, sur la minéralité et la salinité ». Cette fraicheur et cette intensité aromatique permettent alors de produire des vins à la qualité constante, où l’on ne retrouve pas les déconvenances des millésimes trop chauds.

Également, depuis maintenant plusieurs décennies, la qualité des rouges a rattrapé celle des blancs, grâce au travail mené dans les vignes pour la replantation des cépages sur les bons terroirs. Déplacer les sauvignons blancs a permis de planter à la place du cabernet, qui autrefois, donnait des vins plus serrés en jeunesse. Le cabernet franc étant désormais planté sur des sols de graves, plus chauds, il atteint une très belle maturité et donne des vins plus expressifs en jeunesse, mais toujours dotés d’un beau potentiel de garde. A la cave, des adaptations ont aussi été faites : « Le dénominateur commun pour tous les vignerons est de produire des vins élégants, là où certains châteaux bordelais également situés sur des graves favorisent des élevages longs de 18 à 24 mois – ce qui fonctionnent évidemment très bien sur des sols très caillouteux et argileux -. Nous, nous avons préféré réduire cette durée d’élevage pour garder beaucoup d’aromatiques et avoir des vins équilibrés dans leur jeunesse. Cela va aussi dans le sens des consommations actuelles, où les vins prêts à boire sont favorisés. L’important est aussi de s’adapter à l’air du temps d’un consommateur parce qu’on est persuadé qu’un vin qui est bon jeune sera bon aussi avec de l’âge. »
Le Château Carbonnieux et son approche raisonnée du marché :
Si le domaine est une référence dans l’univers des vins bordelais, et surtout sur les graves, notons tout de même une politique tarifaire douce, où les prix n’ont que peu évolué (environ +30% en 25 ans), et ce, malgré l’augmentation des coûts de production. Le Château Carbonnieux justifie cette démarche en expliquant qu’il souhaite garder leur réseau de distribution pour « favoriser la clientèle fidèle », puisqu’aujourd’hui 95% de la récolte est vendue en primeur. C’est une approche que nous ne pouvons que saluer et apprécier.
La propriété bénéficie d’un réseau de partenaires solides : pour le grand cru classé, le domaine travaille avec plus d’une centaine de négociants de la place de Bordeaux qui distribuent ensuite le vin dans un large réseau de distribution : particulier, grossiste, caviste, restaurateur… D’ailleurs iDealwine en fait partie avec notre site iDealwine Primeurs. Pour le second vin, le Château travaille avec des partenaires historiques pour permettre une qualité de distribution.
Le marché est réparti presque également entre la France et l’étranger.
Les vins en vente sur iDealwine :
- Château Carbonnieux Cru Classé de Graves blanc : une référence du Château, mais aussi de tout Pessac-Léognan.
- Château Carbonnieux Cru Classé de Graves rouge : un vin qui a su en quelques décennies s’imposer comme une étoile en rouge des Graves, dont la réputation n’est plus à faire.

Les avis de la presse :
« La famille continue de faire progresser cette importante propriété qui, en l’espace d’une dizaine d’années, a considérablement évolué, produisant avec une grande régularité un vin très représentatif de l’esprit de finesse et d’harmonie qui caractérise l’appellation. »
– La Revue du vin de France, 1 étoile sur 4
« Aujourd’hui, la quatrième génération s’implique complètement avec le jeune et brillant œnologue Andréa, fils d’Eric. Un nouvel élan pour ce beau domaine qui ne cesse de progresser depuis une dizaine d’années. »
– Bettane + Desseauve 3 étoiles sur 5