Champagne Pouillon : une dégustation enthousiasmante – Le journal d'iDealwine sur l'actualité du vin

Depuis la fin des années 1940, la Champagne voit briller une étoile : le domaine Pouillon. Notre équipe a été enthousiasmée par la découverte des cuvées de cette famille innovante et talentueuse dès 2018 ! Nous y sommes retournés en avril dernier (2025). Récit.

Un domaine créé en 1947

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1947, Roger Pouillon démarra l’histoire d’une vie familiale, l’histoire d’un champagne d’exception, complexe et vivant. Il commença avec un demi hectare et produisait à l’époque 500 bouteilles. Puis, son fils James a largement contribué à son développement avant de transmettre le flambeau en 1999 à la troisième génération incarnée par Fabrice.

Un style unique : culture bio, juste maturité, élevages longs

Pour réaliser des vins vivants au caractère bien trempé, le gros du travail s’effectue dans les vignes qui fructifient sur des sols vivants, eux aussi. Le vignoble s’étend sur huit hectares partagés en une quarantaine de parcelles d’exception établies sur certains des plus beaux terroirs régionaux comme Aÿ Grand Cru, Mareuil sur Aÿ, Mutigny et Epernay. Toutes les vignes se situent en Vallée de la Marne, sauf une en Montagne de Reims. L’encépagement participe aussi à la complexité des champagnes signés. Le pinot noir, colonne vertébrale des assemblages, apporte ses notes caractéristiques de fruits rouges. Et, quand, le chardonnay transmet son acidité et ses notes florales et acidulées, le meunier offre la délicatesse de son fruit. L’autre défi du domaine ? Laisser les baies exprimer la minéralité de leur terroir grâce à une culture certifiée bio et par des labours à cheval. Les vignes sont enherbées une partie de l’année grâce à des semis.

Au moment de la vendange (manuelle en Champagne), les Pouillon récoltent en moyenne 8 à 15 jours après les autres vignerons du village de Mareuil-sur-Ay. A cette période, Fabrice et son équipe goûtent beaucoup les raisins et portent une attention particulière à la maturité phénolique.

L’ADN familial associe innovation et préservation des gestes traditionnels. Toujours en quête d’idées pour sublimer le raisin, Fabrice apporte sa petite touche personnelle avec des vinifications parcellaires et naturelles (levures indigènes) en effectuant des fermentations malolactiques et en pratiquant le bâtonnage, une technique qui remet les lies (levures mortes après la fermentation) en suspension. Ceci, combiné à un élevage en fût (entre 8 et 18 mois), parfois neufs, confère souplesse, structure et complexité aux vins. Les champagnes élevés plus de quatre ans sont bouchés de liège (favorisant une micro oxygénation donnant plus de complexité). Peu de soufre est utilisé pendant la vinification, mais Fabrice n’est pas dogmatique.

Pour illustrer la quête d’excellence de Fabrice, il faut également parler de sa méthode de prise de mousse : la méthode Fabrice Pouillon (créée en 2004). Pour ne pas avoir à ajouter de liqueur de tirage (sucre) pour la deuxième fermentation (prise de mousse), le vigneron y ajoute du jus de raisin (issu de la dernière vendange, conservé au froid) naturellement sucré donc. Ainsi, le processus de vinification se fait de manière plus naturelle dans son ensemble.

Les vins du domaine Pouillon en vente

Pour avoir goûté les vins récemment, l’équipe iDealwine peut témoigner de son enthousiasme devant la puissance, la complexité et le profil mûr des jus. Découvrez nos commentaires de dégustation.

Grande Vallée extra-brut : cuvée emblématique du domaine, cet assemblage des différents terroirs est élevé en fûts et foudres de chêne Français. Composé de pinot noir en majorité, complété d’un peu de chardonnay et de pinot meunier, ce champagne se dévoile avec des notes d’agrumes, une belle amertume équilibrée par une grande fraîcheur et de la complexité.

Les Terres Froides : voici un flacon qui porte son nom à merveille. Impossible de ne pas craquer pour sa fraîcheur et sa minéralité typique qui chatouillent nos sens et nous mettent en appétit. A son origine, des vignes d’une quarantaine d’années qui sont allées puiser profondément les nutriments dans les sols maigres de la parcelle. Les raisins produits sont donc édifiants de concentration et de fraîcheur et donnent des vins du même acabit.

Le Montgruguet 2021 extra-brut : un blanc de noirs (pinot noir) aux arômes mûrs de pêche, mirabelle… sa trame opulente ne manque pourtant pas de fraîcheur. Un grand vin de gastronomie !

Les Valnons 2018 : ce grand cru d’Aÿ, tiré sous liège, dévoile une légère sucrosité, avec une grande richesse et opulence. Des notes de pêche et une jolie salinité rendent au hommage au noble terroir dont il est issu.

Solera : pépite de notre dégustation, cette cuvée donne, selon les termes du domaine, « la vision intemporelle du terroir ». Ainsi une bonne vingtaine de millésimes (depuis 1997) de chardonnay (50%) et de pinot noir (50%) ont été assemblés selon la méthode complexe et ancestral de la solera, typique du xérès. Le résultat ? Une fraîcheur, une vivacité et une complexité stupéfiantes. Notre petit conseil ? Ne le buvez pas aussi frais que les autres champagnes afin d’apprécier la richesse de sa palette aromatique. N’hésitez pas à le servir au cours d’un repas : sa corpulence mérite bien un mariage avec des mets de caractère.

Chemin du Bois 2018 : ce blanc de noirs, exclusivement élaboré à partir de pinot noir donc, a fait l’objet d’une vinification en fûts de chêne neufs et non neufs avec les levures indigènes. Un peu de bâtonnage a permis d’intensifier et de complexifier ses arômes et sa texture. Le millésime 2018 est sans soufre ajouté. Nous ne sommes donc pas étonnés de sa générosité et de son ampleur en bouche, avec des notes d’amande, de noix, figue, rehaussées par des notes florales plus fraîches et de nobles amers. Indéniablement taillé pour la gastronomie, il formera un accord parfait avec une viande blanche par exemple.