tgermainCe vigneron énergique, un rien perfectionniste, adepte de biodynamie et qui puise son inspiration dans les arts, la littérature et la terre, s’est plié de bonne grâce à notre questionnaire.

Vous dernier coup de cœur
Fourchaume 2001 de Raveneau, dégusté il y a trois semaines chez Anne-Sophie Pic sur un « turbot côtier à la vapeur douce de menthe poivrée » (l’entrée du menu dégustation)

L’accessoire dont vous ne vous séparez jamais ?
Mon téléphone, c’est grave ! Ma montre aussi.

Vous êtes plutôt bouteille, canette ou magnum ?
(sans hésitation) Magnum !

Le restaurant où vous avez votre rond de serviette ?
Près de chez moi, c’est le Bistrot de la Place à Saumur ; sinon le Saint-James à Bouliac.

Votre accord mets et vin préféré ?
Un pigeon moelleux et un vin rouge de Bourgogne, et en blanc, un poisson cru avec un chenin ou un riesling allemand.

La fin de la bouteille au resto : vous la buvez ou doggy-bag ?
Je la bois !

Le vin que vous avez honte de boire ?
Je n’ai pas honte de boire du vin, jamais. Sauf s’il me fait mal à la tête le lendemain, mais c’est très rare.

Votre première gorgée de vin : quand et avec qui ?
C’était avec mon père, je devais avoir 18 ou 19 ans. Certainement un Haut-Brion 1969 car mon père en avait pas mal et il en ouvrait le dimanche.

La bouteille qui a déclenché votre passion
Les vins de Henri Jayer. J’ai découvert leur finesse extraordinaire. Cela a été le grand virage. Par la suite, j’ai eu la chance de goûter de vieux millésimes de Bordeaux ou de Chave.

Vous ne pourriez pas vivre sans …
Vin ! C’est sûr. En ce moment je suis à fond sur les blancs allemands et autrichiens.

Le vin que vous aimez faire découvrir à vos amis néophytes
Les vins de Gérard Gauby. Ils ont toujours beaucoup d’expression et de fruit et ne laissent jamais indifférent.

Vous recrachez : systématiquement, seulement quand c’est mauvais, jamais ?
Quand je n’aime pas. Parfois aussi je suis obligé de boire… par politesse !

Si vous partiez sur une île déserte, quelle bouteille emporteriez-vous ?
Une domaine Roulot.
NDLR : ça fait deux ça Thierry 🙂

Le flacon que vous voudriez avoir dégusté avant de mourir
Un vieux millésime de la DRC ou de Lalou Bize-Leroy car je ne suis jamais remonté au-delà des 90.

Votre dernier livre ? Et votre dernière  expo ?
La métamorphose des plantes de Goethe qui parle de la philosophie dont s’est inspiré Steiner. Et l’exposition « De Miro à Warhol » au musée du Luxembourg.

« La vérité est au fond du verre ». Au fond, est-ce toujours la vérité ?
Oui, parce que le vin dit toujours la vérité sur le travail de l’homme. Tous les discours y sont concentrés.

Propos recueillis par Véronique Raisin.

En savoir plus sur le domaine des Roches Neuves

Thierry Germain s’est installé à Varrains en 1992, où il produit des Saumur blancs (sur 3 hectares de chenin) et des Saumur-Champigny (sur 19 hectares de Cabernet Franc). Sa philosophie repose entièrement sur le travail de la vigne. « Contre la médiocrité du raisin, la science ne peut rien : si la vigne est négligée, elle ne peut donner le nectar escompté ». C’est pourquoi le domaine est entièrement conduit en biodynamie pour redonner vie aux sols. L’intervention du vigneron sur le processus de croissance de la plante n’est appréhendée que comme un accompagnement. Peu de manipulations, des vinifications naturelles, le tout pour produire millésime après millésime des vins toujours différents, jamais standardisés. Thierry Germain figure aujourd’hui parmi les meilleurs représentants de sa génération et a contribué à redorer le blason de l’appellation Saumur.

Magazine Gault Millau (2009), article de Véronique Raisin – « Bordelais d’origine, issu d’une famille de vignerons, Thierry recherchait l’aventure et des monocépages… Fils prodigue, il est parti tenter sa chance ailleurs, le hasard l’a conduit à Saumur-Champigny en 1991, pays du chenin et du cabernet franc. Une production qui se développe, les affaires également, jusqu’aux années 2000. La prise de conscience du bio le rattrape. En 2002, il bascule et convertit tout son vignoble, réduit sa production de façon drastique. « J’ai regardé travailler Lalou Bize-Leroy et c’est là que j’ai compris beaucoup de choses. Ne plus rogner la vigne par exemple, revenir à l’origine du végétal, à l’essence du vin, à l’âme du terroir ». En quête de l’idéal, il cherche le pourquoi avant le comment, l’essence avant la parole. Cite volontiers Goethe quand il parle des difficultés à voir ce que l’on a réellement devant les yeux, s’imprègne des surréalistes, s’inspire des humanistes. Et c’est au fond de ses magnifiques caves voûtées que sommeille tranquillement l’œuvre d’une vie, réécrite millésime après millésime. »

Laisser un commentaire