Revenons ensemble sur cette appellation encore trop peu connue, malgré le bel essor qu’elle connaît depuis quelques années… Et ce, grâce à des vignerons ambitieux comme Elian Da Ros, dont vous connaîtrez bientôt l’histoire et les vins. Ce dernier a en effet été un des pionniers de cette appellation, notamment en s’extirpant de la coopérative locale pour signer ses propres crus et faire connaître les Côtes du Marmandais. Neuf autres vignerons ont fait la même chose aujourd’hui. Zoom sur ce travail confidentiel.
L’agriculture dans les veines
Elian da Ros est comme qui dirait, issu du cru. Ses grands-parents, immigrés italiens, arrivent en France en 1922 « l’on avait besoin de monde pour travailler dans les fermes, alors on a fait venir des bretons et des italiens ». D’ouvrier, son grand-père est passé métayer, puis s’est mis à acheter des terres et à avoir sa propre ferme en polyculture. « Qu’est-ce qu’on y cultivait ? Des tomates, pardi ! » La tomate Marmande porte en effet bien son nom, réputée pour ravir les papilles lorsqu’elle est préparée en salade ou en tomates farcies… Passons, car nous pourrions en parler des heures. Le grand-père d’Elian da Ros cultivait également des vignes, des légumes et des céréales. En reprenant l’affaire, son père décide de replanter des vignes, comme si une bonne intuition lui avait soufflé à l’oreille que le Marmandais pourrait un jour être reconnu pour la qualité de ses crus. A l’époque. Elian da Ros est encore petit. A quatre ans, alors qu’on lui demande ce qu’il souhaite faire plus tard, celui-ci répond avec une assurance qui est toujours la sienne aujourd’hui « je veux être agriculteur comme Grand-Père ». Un peu plus tard, alors que son choix de devenir plus précisément vigneron persiste – ne nous emballons pas, il n’a que huit ans à l’époque – son père et sa mère lui font comprendre qu’ils aimeraient le voir emprunter une autre voie, le travail de la vigne étant très dur. C’est pourtant entre les rangs que son grand-père lui transmet cette passion pour le travail de la terre, empreint d’une certaine liberté : « J’ai compris grâce à lui que ce métier me permettrait de décider moi-même de ce que serait ma vie. Comme le répétait mon grand-père : quand il fait beau, je vais aux vignes, quand il pleut, je fais autre chose. Le tout en pratiquant une passion. Que demander de plus ? ».
La suite s’est enchaînée : « J’ai passé un bac pro dans un lycée viticole puis me suis orienté vers un BTS viti-œno à Montpellier. J’ai ensuite souhaité faire une formation en commerce pour compléter mes compétences ». Elian da Ros a par la suite travaillé durant cinq années complètes dans un domaine qui ne vous est certainement pas étranger : le mythique Zind Humbrecht en Alsace. C’est là-bas qu’il a réellement appris comment faire du vin, du travail de la vigne à la vinification et à l’élevage, dans un domaine si exigeant dans sa recherche de perfection. Bras droit d’Olivier Humbrecht, c’est au bout de ces cinq ans qu’il revient dans son Marmandais natal pour se lancer pour de bon . Celui-ci démarre sur les chapeaux de roues : installé à Cocumont – qui signifie « chant du coucou » -, il commence par sortir de la coopérative et par construire son propre chai. Son père avait en effet toute sa vie vendu la majorité des raisins de ses 17 hectares à la coopérative locale. Elian, de son côté, préfère sortir de ce système pour vinifier et créer ses propres vins. Pionnier ? Il est en effet un des premiers à le faire. En 1998, ils sont seulement deux ou trois vignerons à produire des vins en Côtes du Marmandais en plus de cette coopérative, ce chiffre s’est accru, mais cette appellation demeure aujourd’hui encore assez confidentielle, puisqu’ils sont dix aujourd’hui. La cave coopérative représente en effet encore un peu plus de 80% de la surface des vignes. Les 19 hectares qui composent aujourd’hui son domaine ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux dont il a hérité : le vigneron a en effet gardé les plus beaux terroirs et a décidé d’acheter de nouvelles terres pour en céder d’autres. Une dizaine de personnes sont là au domaine en plus d’Elian et de son épouse, tout au long de l’année, sans compter les vendangeurs qui viennent s’ajouter pendant les trois semaines de récolte.
Un travail naturel et précis dans les vignes
Le vigneron élabore un travail parcellaire par terroir. Chaque cuvée est assemblée selon le type de sols afin de valoriser ses caractéristiques : la cuvée Chante Coucou provient par exemple de vignes plantées sur des sols argilo-graveleux où le sous-sol est composé de marnes. Seule la cuvée Le vin est une fête est un peu à part puisqu’elle provient de raisins achetés à un même vigneron depuis le millésime 2006. En effet, cette année-là, la grêle a ravagé 50% de la production, 100% en 2007. Elian avait donc contacté à l’époque ce vigneron pour lui acheter des raisins, et puis… « c’est devenu un copain, il m’a aidé à ce moment-là alors à mon tour de lui être fidèle, nous travaillons tous les ans ensemble depuis. » Aux vignes, le travail est fait avec soin de façon à obtenir le meilleur fruit possible.
Les vignes ont été plantées par sélection massale, le vignoble ne comporte donc aucun clone. Elian da Ros a fait passer le domaine en bio en 2000 et en biodynamie en 2002.
Des vinifications douces et les plus naturelles possibles
80% de la récolte se fait à la main, pendant une période de trois semaines environ. A l’arrivée au chai, les raisins subissent un deuxième tri sévère afin de ne garder que les baies de qualité. Les extractions sont légères : les raisins ne sont pas foulés et ne subissent pas de pigeage. Selon les cuvées, ils sont parfois vinifiés en grappes entières. Les jus de presse et de goutte sont assemblés, et les fermentations se font seulement grâce aux levures indigènes. Les cépages sont vinifiés et élevés à part en fonction des millésimes, avant d’être assemblés, afin que chaque variété reflète au mieux ses caractéristiques. L’élevage est réalisé sur lies, sans soufre et sans soutirage. Ce ne sont pourtant pas des vins nature au sens strict puisque le vigneron ne s’en cache absolument pas : « si j’ai besoin de mettre un petit peu de soufre, je le mets ».
Faire connaître l’appellation Côtes du Marmandais ? C’est ni plus ni moins le combat d’Elian, déjà avant tout par la décision qu’il a prise de sortir de la coopérative pour valoriser les vins de vignerons de ce terroir. « Nous sommes à côté de Bordeaux, mais nous avons un climat tellement différent, des cépages, des sols… Nous sommes tous petits mais bien différents. Aujourd’hui, les bons amateurs de vin savent que l’on produit du vin ici. Nous tentons donc d’élargir encore cette visibilité ». Dans l’identité de cette région, il y a entre autres le cépage abouriou, surnommé le « beaujolais » alors même qu’il provient du Lot et a peu de caractéristiques en commun avec le gamay… mis à part ses doux arômes épicés.
Découvrir tous les vins du domaine en vente sur iDealwine
- Chante Coucou Rouge (rouge) : Il s’agit décidément d’un vin de garde, qui mêle ordre et poésie.
- Clos Baquey (rouge) : Une seule parcelle combinée dans un assemblage à la fois frais et structuré.
- Vignoble d’élian (rouge) : La jolie patte du cabernet franc vinifié par un des pionniers des Côtes du Marmandais.
- Le Vin est une Fête (rouge) : Un vin de copain aussi agréable qu’atypique, surtout si vous n’avez jamais dégusté d’abouriou.
- Histoires de Boire (rouge) : C’est un quatre mains bien maîtrisé par Elian et son épouse Sandrine.
Ce qu’en disent les guides
La Revue du vin de France 1*
« La qualité des vins et la forte personnalité de leur géniteur ont permis au domaine de se hisser rapidement au plus haut niveau de l’appellation et de manifester une identité moderne loin des standards.»
Bettane+Desseauve 3*
« À force de travail et de sérieux, ses vins sont maintenant une référence dans le monde viticole. On se régale avec l’ensemble de la gamme. »