
C’est dans un décor espagnol qu’iDealwine vous emmène à la rencontre du domaine de Cantalapiedra Viticultores. Menée par des mains passionnées, cette aventure familiale nourrit l’ambition de proposer des vins sincères, plus respectueux de la nature et de celui qui en savourera les arômes. Une vision que tous les producteurs du terroir ne partagent pas, poussant la famille à renoncer à l’appellation régionale pour s’affranchir d’une structure trop rigide à leurs yeux. Une belle histoire d’amour et de liberté sur le sol chaud du pays de Cervantès.

L’Espagne : un vignoble spacieux mais…
Grande nation de vin, il est toujours bon de rappeler que l’Espagne possède le plus vaste vignoble du monde, avec presque un million d’hectares cultivés*, plaçant le pays de la péninsule ibérique juste devant la France (800 000 hectares) et la Chine (780 000 hectares). Un titre qu’elle doit en grande partie à la région de Castille-La-Manche. Forte de ses 500 000 hectares cultivés, elle est la plus grande région viticole du monde, mais s’est pourtant souvent vue décriée dans son histoire pour son importante production de vin de qualité médiocre.
Dirigeons-nous un peu plus au nord du pays, dans une région située entre Madrid et Bilbao et dont le cœur névralgique se concentre autour de la ville médiévale de Valladolid : Castilla y León. Au sein de ce territoire, le plus vaste d’Espagne, se trame certaines des plus belles impulsions vinicoles. Plus précisément, les collines de Rueda ont attiré de nombreuses attentions, pour se voir attribuer en 1980 une appellation d’origine contrôlée (DO selon le système espagnol). Dans ce paysage aux reliefs doux, le climat est continental et le sol riche : cailloux, argile, sable et calcaire se partagent la composition des sols, et sont recouverts d’un large manteau de galets, spécificité propre à ce terroir.
Cet ensemble naturel propice à la viticulture a fait naître des vins blancs figurant parmi les plus distinctifs d’Espagne, principalement composés de verdejo. Ce cépage s’est naturellement imposé dans la région grâce à son immense capacité à transmettre la minéralité des sols de Rueda, à condition d’y apporter une vinification précise et soigneuse. Or, succès peut bien vite rimer avec rentabilité, et nombreux sont les producteurs qui ont choisi de sacrifier la superbe de ces vins pour répondre à une demande forte, industrielle et formatée. Entre alors en scène la famille Cantalapiedra.
Une famille d’irréductibles vignerons

Manuel et Isaac Cantalapiedra
Comme d’autres producteurs de la région, les membres de la famille Cantalapiedra, craintifs de voir leur terroir assigné au rang d’usine à vin de qualité minime, se sont donné pour mission de produire des vins rendant tous les honneurs au verdejo authentique, quitte à se délier de l’appellation Rueda.
L’histoire du domaine Cantalapiedra Viticultores remonte à plus de cent ans, où plusieurs générations de vignerons se sont succédées dans les vignes, plantées aux alentours du village de La Seca. Ce petit hameau – ici, à peine plus de 1 000 âmes combattent vaillamment la poussière envahissante – est aujourd’hui considéré comme le cœur de la D.O. Rueda. Les traces du travail des ancêtres de la famille sont plus anciennes, mais la première pierre du domaine actuel est posée en 1949, lorsque Heliodoro Cantalapiedra plante sa première vigne à l’âge de… 15 ans seulement. Aidé par son fils Isaac, ils établissent une propriété plus importante de 20 hectares, et vendent l’ensemble des raisins cueillis à des producteurs locaux. C’est Manuel, incarnant la troisième génération, qui apporte l’envol définitif du domaine. Il organise la création de la cave personnelle de la propriété, et le premier millésime du domaine est embouteillé en 2014. Dès ce premier essai, le vin se démarque de ses contemporains par une qualité de fruit irréprochable et une approche de la vinification restée fidèle à la tradition régionale.
Tradition et bio orchestrés d’une main de maître
L’influence de Manuel ne s’arrête pas là. Son père produisait déjà des vins conduits en agriculture biologique mais la certification a été officialisée en 2014. Concernant la biodynamie, le vigneron s’en inspire et emprunte certains principes comme l’utilisation d’infusion d’orties ou de prêles et le suivi du calendrier lunaire. La notion d’art est indissociable de Manuel puisque le vigneron laisse de côté une carrière de pianiste professionnel pour faire de la vigne son nouvel instrument. Se concentrant sur une approche parcellaire, peu interventionniste, et inspiré par le potentiel fantastique de son terroir et du verdejo, ses vins chantent l’amour porté à ses terres et à l’héritage unique de Rueda. Il étend en parallèle sa vision et livre des expressions naturelles et personnelles de cépages divers, comme le grenache (avec sa cuvée Las Cuestas) ou le tempranillo (cuvée Arenisca Paraje Los Pilones), cultivés aux alentours de La Seca.
Un vignoble adapté à la sécheresse

Le vignoble de Cantalapiedra Viticultores est composé aujourd’hui de 35 hectares avec un âge moyen des vignes de 30 ans. Les vieilles parcelles du domaine sont minutieusement travaillées, en bio et sans irrigation, permettant aux baies d’être récoltées plus tardivement que la plupart des parcelles voisines, tout en gardant l’acidité vibrante que le fruit capte des sols. Valladolid est la cinquième région la plus sèche d’Espagne avec des années pouvant atteindre seulement 200 litres en pluviométrie. Le vignoble planté en altitude permet d’obtenir des vins avec de la fraîcheur. Durant l’hiver, l’enherbement spontané est maintenu afin d’éviter l’érosion. Les sols peuvent être difficile à travailler avec des adventices tenaces. C’est pourquoi au printemps ils sont retirés. Le domaine se passionne pour la production de vins à partir de vignes non greffées. Il en compte 7 ha (5 ha de verdejo et 2 ha de tinta de toro qui est l’équivalent du tempranillo). Ces pieds de francs sont plantés dans des sables et des grès à côté de la rivière ce qui leur permet de résister au phylloxéra. Les vins obtenus en sont encore plus fins et élégants selon Manuel.
Un scénario pour le futur
Le constat de ces dernières années montre un décalage des dates de vendanges. À l’époque de son père elles étaient en octobre et aujourd’hui elles se situent plus autour du 25 août. Afin de s’adapter aux changements climatiques, Manuel souhaite utiliser de nouvelles variétés comme le vijariega originaire des îles Canaries. Selon le vigneron, le grenache est considéré comme le plus adapté avec des vendanges pouvant aller jusqu’au 1er octobre. Le tempranillo, lui, pourra donner de plus en plus des vins avec des taux alcooliques élevés et des vins lourds, les grappes sont vendangées en août souvent en pleine chaleur.
Une vinification sans intervention

En cave, très peu d’intrants sont utilisés : les levures indigènes enclenchent les fermentations, une dose minime de soufre est ajoutée aux jus et la filtration n’est pas réalisée. Les contenants utilisés sont principalement des cuves en inox mais aussi des barriques ou des demi-muids (entre 500 à 650 litres) en bois français. Les fermentations malolactiques sont effectuées sur toutes les cuvées. Elles permettent de rendre les vins plus ronds et de réduire l’amertume du verdejo. Les cuvées du domaine, désormais nombreuses et variées, livrent de sublimes saveurs, et montrent que, peu importe l’approbation de telle ou telle appellation, c’est le profond respect pour la terre et la vigne qui fait du vin fini un produit mémorable. L’un des projets pour le vigneron, afin de produire des vins toujours aussi qualitatifs et des arômes plus complexes, est d’allonger la période d’élevage en bois des verdejo. L’image de ce cépage peut être d’un vin facile à boire, vif comme du pinot grigio mais c’est en fait l’opposé selon Manuel. En effet, le verdejo serait issu d’un croisement entre le castellana bianca et le savagnin. C’est un cépage qui peut donner des vins avec une grande rondeur et de la complexité.
Le rêve de Manuel
Après avoir toujours travaillé avec ses parents, Manuel est en train de construire en parallèle un nouveau projet, son rêve. Les sols de la région sont composés de nombreuses caves souterraines qui ne sont plus utilisées aujourd’hui, la production de vins de la région étant concentrée sur des volumes importants. Il souhaite réaménager l’une d’entre elles afin d’y construire un chai de vinification. Une production qui sera dans la même veine que celle du domaine familial avec un focus sur le verdejo. Affaire à suivre…
Les vins de Cantalapiedra Viticultores en vente sur iDealwine
- Vino de la Tierra de Castilla y León Lirondo : un vin orange avec une bouche ample et volumineuse, belle acidité, délicatement salin.
- Vino de la Tierra de Castilla y León Cantayano : un vin blanc aux notes de fruits à noyau et d’agrumes avec une grande fraîcheur.
- Vino de la Tierra de Castilla y León Arenisca Paraje Los Pilones : un rouge parfumé de mûres, de prunes réhaussées de notes de tabac et de sous-bois.
- Vino de la Tierra de Castilla y León Mondo : un vin blanc aux notes subtiles de balsamique et d’agrumes.
- Vino de la Tierra de Castilla y León Majuelo del Chiviritero : un vin blanc aux accents exotiques et avec des notes de fleurs blanches.
- Vino de la Tierra de Castilla y León Alto Las Cuestas : un vin rouge aux notes de framboises, de truffe et de sous-bois.
- Vino de la Tierra de Castilla y León El Parvon : ce vin rouge accompagné de 10% de raisins blancs donne un vin avec de petits fruits rouges et noirs.
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