Les-vignes-de-Mauves-Domaine-Coursodon-Saint-Joseph

Le domaine Coursodon façonne le lieu-dit Saint-Joseph qui a donné son nom à l’appellation. Découvrez la succession de cinq générations qui connaissent à la perfection le travail sur les pentes abruptes. Elégance et équilibre sont au rendez-vous pour ces vins appréciés notamment par Robert Parker.

Un savoir-faire de cinq générations  

Depuis la fin du XIXème siècle, cinq générations se succèdent au domaine Coursodon. C’est Antonin qui crée le vignoble, accompagné de son père Jean-Auguste, originaire de Mauves (Ardèche). L’activité de la vigne n’est pas prioritaire comme souvent dans les maisons de famille de la région. La plupart d’entre elles font de la polyculture avec des terres et de l’élevage. Les deux hommes se font tout de même connaître dès 1930 lors des foires aux vins de Tain-Tournon, à la réputation déjà bien ancrée. La famille Coursodon taille sa réputation dans la région avec la production de vins fins. Dans les années 50, Gustave Coursodon – fils d’Antonin – reprend les rênes du domaine familial. Personnage authentique et généreux du vignoble rhodanien, il commercialise les vins aux cafés parisiens, qu’il fait envoyer en train, directement en tonneaux. Ce moyen d’expédition n’est pas le plus économique alors Gustave se lance un défi, vendre son vin en bouteilles. Il devient l’une des figures de ce mouvement de commercialisation qui facilite les expéditions vers des nouveaux clients de plus en plus nombreux. Ce vigneron talentueux est rejoint par son fils, Pierre Coursodon, dans les années 1970. Garant des vins de qualité et sûrement un peu visionnaire, Pierre réimplante des vignes sur des parcelles en coteaux, autrefois laissées à l’abandon. Le travail devient alors plus difficile au vu des pentes abruptes de Mauves, mais la qualité est au rendez-vous, les efforts en valent la peine. Pierre est attaché au terroir de saint-joseph et il est certain qu’avec un travail exigeant, il produira des bouteilles magnifiques. À ce jour, c’est Jérôme, le fils de Pierre, qui tient le domaine familial des Coursodon. Il enchaîne les millésimes depuis 1998 et donne une nouvelle dimension au domaine en élaborant des vins d’une élégance exceptionnelle. Avec sa patte particulière, Jérôme sublime le savoir-faire plus que centenaire des Coursodon. 

Jérôme Coursodon dans les vignes

Mauves : village emblématique de Saint-Joseph

Le domaine Coursodon est situé en plein cœur du village de Mauves, village emblématique de l’appellation. Si distinctif par des coteaux vertigineux, le petit village de plus de 1 000 habitants est traversé par le Rhône. Avant la création de l’appellation Saint-Joseph en 1956, les vins de la région étaient appelés “Vin de Mauves”, comme l’avait défini Victor Hugo dans Les Misérables. C’est d’ailleurs à deux pas du domaine que le lieu-dit escarpé “saint-joseph”, a donné le nom à cette appellation éponyme. Les vins de Coursodon ont contribué à la réputation du village et de l’appellation notamment grâce à l’écrivain John Livingstone, rédacteur de Drink Rhône, qui en est un fidèle ambassadeur en Angleterre mais aussi aux Etats-Unis. Mais aussi en commercialisant ses vins dans des établissements réputés de la capitale.  

Un travail des vignes difficile sur des coteaux très pentus

Sur les pentes escarpées de Saint-Joseph, la culture de la vigne n’est pas facile. Les pentes peuvent jouer des tours, comme nous l’explique Jérôme par téléphone, cet hiver l’abondance de pluie et la multiplication des orages a entraîné des coulées de terre et l’effondrement de certaines terrasses. Un mois de travail a été nécessaire pour tout remettre en ordre, les risques du métier… 

La terre est ici enrichie avec l’apport d’amendements organiques qui sont des déchets verts broyés et mélangés avec du fumier composté. Ce mélange naturel permet d’enrichir les différents sols du domaine. Au milieu du printemps, les Coursodon effectuent le palissage des vignes. C’est un travail minutieux auquel nous sommes habitués dans les vignes en coteaux. Le principe est d’attacher les vignes sur des pieux avec de la paille ou du jonc. Cette méthode traditionnelle permet une aération et une exposition excellente pour le bien-être de la vigne. Les vendanges sont évidemment réalisées à la main au vu de la difficulté d’accès aux vignes et à la qualité de vin recherchée. Chaque année, des chemins y sont créés pour le transport de lourdes comportes de 45 kg. 

La syrah - variété de raisins


Une grande diversité parcellaire, entre pente et plaine

Parmi les 19 hectares du domaine, on en retrouve 16.5 en appellation Saint-Joseph. Plantés à majorité de syrah, on retrouve aussi 2.5 hectares de vignes pour la production de blanc, avec de la marsanne et de la roussanne. A cela s’ajoute 2.5 hectares qui sont hors appellation et qui permettent au domaine Coursodon de produire un Vin de France à base de viognier. On note une dizaine de parcelles autour de Mauves, avec chacune leurs particularités et travaillées différemment selon qu’elles soient en plaines ou en coteaux. 

  • Montagnon : cette parcelle est habituée à voir pousser du blanc avec de la marsanne et de la roussanne. Rare dans la région, le sol est ici composé d’argile profonde.
  • Dardouille : située sur la commune voisine de Tournon, cette parcelle est à son tour composée d’argile, mais cette fois-ci, la syrah fait sa vie. Elle est aussi accompagnée de raisins blancs qui se plaisent sur des galets préalablement formés par le Rhône, il y a bien longtemps.
  • Les Cotes : préalablement délaissé, ce terroir de granit est le plus au sud de Mauves. Son exposition plein sud permet un grand ensoleillement et donc une belle maturité des raisins rouges.
  • L’Olivaie : cet espace est situé sur la commune de Saint Jean de Muzols, là où on retrouve un sol de granit friable. Les vins issus de cette parcelle développent beaucoup de fraîcheur due à la vallée du Doux et des vents qui en proviennent. 
  • Le Paradis : c’est un immense terroir de plus de 10 hectares que Jérôme décompose de son côté, en plusieurs petits espaces. Il faut s’y retrouver ! L’exposition sud de ce terroir rend une maturité des raisins précoce. Cette parcelle se situe au-dessus de Mauves et on le reconnaît par les deux petites bâtisses qui la dominent.
  • La Sensonne : ce nom se transmet de génération en génération dans la famille et regroupe tous les terroirs présents au nord du village de Mauves. Le vin qui en résulte est un assemblage de vieilles vignes.
  • Lieu-dit Saint-Joseph : découvrez ici le terroir d’origine de l’appellation éponyme. C’est ici que tout a commencé. Les coteaux forment une demi-lune allant de l’Est à l’Ouest en passant par le sud, l’exposition y est donc parfaite. Les sols sont quant à eux similaires à ceux de l’Hermitage, situé de l’autre rivage du Rhône.

Des vinifications traditionnelles dans une cave ancestrale

Au domaine Coursodon, les vinifications sont adaptées à chaque parcelle, chaque terroir. La fermentation alcoolique se réalise de manière naturelle à environ 16 °C dans des cuves en inox. Pour les blancs, la fermentation malolactique se fait pendant l’élevage réalisé en fût ou en cuve. Pour les rouges, aucune levure n’est ajoutée, la fermentation malolactique se fait aussi lors de l’élevage et on apporte une véritable importance à la structure tannique.

Tous les breuvages se reposent donc une année entière dans la cave du domaine. Celle-ci est faite en vieilles pierres, voûtée et permet de garder une température et une humidité constante au fil de l’année. Pour la cuvée La Sensonne, le vin est élevé en fûts de chêne pendant 12 mois. Le reste des cuvées rouges est aussi elevé en fûts de chêne déjà utilisés lors de l’élevage de la première cuvée, cela permet un roulement. Pour la cuvée Paradis Saint Pierre rouge, issue d’un tri drastique d’une sélection massale, le breuvage se repose 12 mois en fûts de chêne et depuis le millésime 2022, l’élevage se complète de 6 mois en œuf béton afin d’ajouter de la fraîcheur et permet d’allonger la structure aromatique des vins. On est toujours dans la recherche de l’élégance.

Jérôme Coursodon dans la cave

Un avenir prometteur, l’arrivée de la jeune génération

Pour Jérôme Coursodon, le réchauffement climatique est une assez bonne nouvelle si celui-ci s’arrêtait là. En effet, avec les météos de plus en plus clémentes, la maturité et l’acidité des raisins sont donc de plus en plus fortes, ce qui plaît au vigneron. De plus, cela engendre des vins équilibrés, un avantage pour le domaine familial.

Jérôme nous l’assure au téléphone, les problèmes de main d’œuvre sont nombreux depuis quelques années en raison de la difficulté du travail. Cependant, la relève semble être assurée, car le fils de Jérôme, lui aussi intéressé par le monde du vin, effectue un BTS Viticulture-Œnologie. Qui sait ? Peut-être le prochain vigneron de la famille…

Ce qu’en disent les guides 

La Revue du vin de France 1*

Les blancs affichent une belle personnalité, sans excès de bois. En rouge, L’Olivaie provient du cœur de la Sainte-Épine, dans le village de Saint-Jean-de-Muzols.  

Bettane et Desseauve 3*

Jérôme Coursodon est à la tête d’un des domaines réputés de Mauves. Les saint-joseph de ce secteur de l’appellation (Mauves-Tournon) sont différents de ceux plus au nord, autour de Sarras, même si tous sont produits sur des sols granitiques. 

Retrouvez les six cuvées du domaine sur des millésimes différents allant de 2021 à 2023 sur iDealwine.

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