Qu’on se le dise : le vin de Bourgogne est un produit rare! S’il fait beaucoup parler de lui, il ne représente pourtant qu’une infime production. Or, les vins de cette région sont plébiscités à l’export, ce qui entraîne inévitablement une hausse des prix.

Saviez-vous que le vignoble bourguignon ne représente que 3% de la totalité du vignoble français ? A titre de comparaison, le vignoble bordelais est quatre fois plus grand, le vignoble languedocien est, lui, huit fois plus grand que la surface viticole bourguignonne…

De plus, les vins bourguignons ayant pris le parti de la qualité et donc de rendements faibles, notamment en ayant choisi d’utiliser des plants plus qualitatifs mais moins productifs, la production totale en est d’autant plus affaiblie.

Ajoutons maintenant une météo capricieuse sur plusieurs années récentes (notamment 2012 et 2013), la grêle, beaucoup de mildiou et d’oïdium, de la pourriture au moment des vendanges, la Bourgogne n’a pas été épargnée ! La récolte 2012 avait été l’une des plus faibles de l’histoire bourguignonne avec seulement 1,2 million d’hectolitres produits, la cuvée 2013 ne sera pas tellement plus importante, le BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne) estimant que la production sera inférieure à 1,4 million d’hectolitres. Avec ces deux années consécutives, il y a donc un déficit de 10% de la production des vins de Bourogne par rapport au reste de la décennie.

Or, les vins bourguignons sont de plus en plus demandés. Malgré la crise, depuis le début de l’année, on observe une hausse du volume des exportations de 1,6%.  Les marchés traditionnels de la Bourgogne sont en pleine expansion : les exportations en direction des Etats-Unis ont augmenté de 13% en volume depuis janvier, le marché canadien connaît une croissance de 4%. En Asie, la Chine et Hong Kong sont très friands de ces vins : le marché chinois enregistre une croissance de 31% en volume, grâce notamment à l’accroissement des ventes d’appellations moins haut de gamme. A Hong Kong, les exportations ont augmenté de 17%.

En Europe, les marchés les plus dynamiques restent le marché belge, allemand et suédois. A noter, le paradoxe suédois : il y a trente ans, la Suède était un pays où on ne buvait pas de vin, aujourd’hui, ce pays est l’un des « vrais bons marchés bourguignons », pour reprendre les termes de Pierre-Henry Gagey, président du BIVB.

Augmentation de la demande, diminution de la production, les fournisseurs de grands vins de Bourgogne ont donc de plus en plus de mal à répondre à la demande, ce qui provoque donc une envolée des prix. Les premiers et grands crus sont les premiers bénéficiaires de cette hausse.

Ainsi, sur iDealwine on voit les prix des bouteilles rares augmenter fortement. Saviez-vous que deux caisses panachées 2005 et 2009 du domaine de la Romanée Conti ont été adjugées respectivement 27 126 € et 24 767 € lors de la vente on-line du 14 novembre dernier ?

Autre exemple, le domaine Mugnier, connu de longue date des amateurs de grands pinots, a été emporté dans le tourbillon qui aspire vers l’Asie les belles signatures de la Côte de Nuits. Dans le sillage des domaines de la Romanée Conti, Rousseau ou Roumier, il fait aujourd’hui partie des noms qui s’arrachent dans les ventes aux enchères, de Paris à Hong Kong. C’est notamment ce qui s’est produit lors de la vente on-line du 12 septembre. Un lot de Musigny 2006, a été adjugé 501 € (+50%), ou encore un Chambolle-Musigny 1er Cru Les Amoureuses 2009 a été vendu 507 €.

De façon plus générale, la vente des Hospices de Beaune, symptomatique des tendances de prix des vins bourguignons, en est la preuve. En 2013, si le volume a baissé de 13%, et malgré une qualité probablement assez moyenne du millésime, la valeur totale des adjudications a augmenté de 6% par rapport à 2012 (année record auparavant). Cette envolée concerne aussi bien les vins rouges (augmentation de 20% du prix moyen) que les vins blancs (même augmentation de 20% du prix moyen).

Vins rares, vins de qualité, les vins bourguignons ont encore de beaux jours devant eux sur le marché des enchères ! On espère juste que certains domaines resteront accessibles aux bourses plus modestes J.

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41 279€ pour une caisse panachée 1990 du domaine de la Romanée Conti

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