Yquem-demi-brouillardL’appellation Sauternes, de plus en plus délaissée par les consommateurs, multiplie les initiatives pour relancer son économie. Ainsi, une coopérative vient de voir le jour : « Sauternes Vignerons », regroupant une quinzaine de vignerons  et apportant de nouveaux projets.

Cela fait déjà quelques mois que le projet de coopérative dans le Sauternais a été rendu public. Entériné au mois de mai lors de l’assemblée générale du syndicat des vins de Sauternes et Barsac, sa création est porteuse d’espoir pour les vignerons de la région. Xavier Planty, le président du syndicat viticole était ravi, se sentant « soulagé que la mayonnaise commence à prendre. » Il rappelle ces principaux buts : « être en capacité de massification de l’offre, donner la possibilité aux petits opérateurs de se mettre aux normes (effluents, traçabilité…) et pouvoir offrir à de jeunes agriculteurs un outil technique tout de suite utilisable. » Eric Pothier, président nouvellement élu de cette jeune coopérative, insiste avant tout sur la commercialisation : « Il s’agit de prendre à bras-le-corps la commercialisation des volumes que nous n’arrivons pas à vendre nous-mêmes. »

Toutes les initiatives qui peuvent redynamiser le marché des Sauternes sont en effet les bienvenues tant la commercialisation de ces vins liquoreux est en perte de vitesse. Les surfaces de production ne cessent de rétrécir face une consommation en très forte baisse ces dernières années : seulement 3 millions de bouteilles vendues en 2014 pour un chiffre d’affaire de 29 millions d’euros, soit deux fois moins qu’en 2000. « On dénombrait 300 producteurs il y a vingt ans, autour de 200 il y a cinq ans et on se rapproche dangereusement des 150 », déplore Eric Pothier. Le marché du Sauternes est en berne depuis une quinzaine d’années malgré des initiatives intéressantes telles que le regroupement des vins moelleux du Bordelais sous la marque de Sweet Bordeaux, ou encore, plus récemment, la sortie – controversée – d’un cocktail à base de Sauternes et de Perrier, le « So Sauternes » par Florence Cathiard1, visant à rajeunir l’image du Sauternes et élargir son public. A noter tout de même que les grands crus sortent leur épingle du jeu et ne sont pas vraiment soumis à la crise, et on sait de quoi on parle chez iDealwine puisque les Yquem, Climens, Guiraud, Rieussec … partent plutôt bien lors de nos ventes.

La coopérative Sauternes de Vignerons est donc officiellement en marche depuis le 29 juin, associant pour le moment 15 vignerons. Eric Pothier, propriétaire du château Prick-Laborde est le président de cette jeune coopérative. Si Sauternes Vignerons ne représente actuellement que 5% de la production,  ce chiffre devrait rapidement augmenter, notamment grâce à la création de bâtiments de vinification prévue pour 2016. En attendant, pour le millésime 2015, chaque vigneron produira son vin dans ses propres chais avant de les assembler. Ainsi, dès 2015, Sauternes Vignerons devrait produire près de 2000 hectolitres de liquoreux en AOC Sauternes et de blancs secs en AOC Bordeaux. Car si le but premier de cette coopérative est d’écouler la production des liquoreux, elle ne se limite pas à ce type de vin et entend également développer la production de vins blancs secs dans la région. « Nous faisons ces vins blancs secs depuis longtemps. Ils apportent une bonne rentabilité et de la trésorerie mais nous n’avons jamais su les valoriser », explique Eric Pothier.
A terme, Sauternes Vignerons ambitionne de s’ouvrir aux AOC voisines également productrices de vins liquoreux (Loupiac, Sainte-Croix-Du-Mont, Cadillac …). Elle est d’ailleurs ouverte, malgré ce que peut laisser croire son nom, aux dix autres appellations de vin liquoreux de Gironde.

1 Propriétaire avec son mari du Château-Smith-Haut-Lafitte (Pessac-Léognan) et, depuis peu, copropriétaire de celui de Bastor-Lamontagne en appellation Sauternes (avec la famille Moulin-Houzé).

Et surtout, n’oubliez pas que vous pouvez vous aussi contribuer à sauver le Sauternes, en optant plus souvent pour ces vins liquoreux qui ne sont pas uniquement bons avec du foie gras ou des desserts (pensez notamment à la cuisine asiatique, aux plats épicés …) ! :

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Cette publication a un commentaire

  1. Benveniste

    J’adore le Sauternes (ou le Barsac), malheureusement ces vins qui sont très souvent encensés par la critique (magnifiques millésimes 2007, 2009, 2011…) sont absents dans la grande distribution (mis à part quelques exemplaires précocement brunis des rares années médiocres que je fuis systématiquement) et chez nombre de cavistes. Le paradoxe est que ces vins, restés relativement accessibles au commun des mortels, sont difficiles à trouver l’unité.

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