Habitant à quelques numéros de la rue d’Estienne d’Orves à Colombes où siège la société, Sébastien Brulé est un amateur passionné et épicurien. Chose qui va souvent de pair 😉 Né en Champagne, à Troyes, il a étudié deux ans à Dijon. Deux années qui l’ont converti au prestige de la Bourgogne, l’incitant d’ailleurs à se marier en 2012 dans cette région, dans la superbe Abbaye du 12ème siècle de la Bussière sur Ouche (21). Privilégié par plusieurs rencontres, il fait partie depuis plus de dix ans de la très sélect confrérie des Chevaliers du Tastevin qui vient de fêter ses 85 ans.
La parole est donc à ce fidèle client qui nous fait part des quelques nectars partagés entre amis pour fêter le passage de la nouvelle année. Notons d’ailleurs la présence d’un proche de longue date, Romaric Chavy, une figure d’exception des vignerons de Meursault et de Puligny-Montrachet qui pratique au sein de son domaine Chavy-Chouet une culture exigeante et respectueuse de l’environnement.
« Pour le repas du Nouvel An, plusieurs coutumes existent :
- Soit, passer 5 heures à table en attendant les douze coups de minuit. Mais il faut alors estimer que cette approche classique et usuelle promet un 1er janvier difficile entre les spécialités gastronomiques et la fameuse bûche…
- Soit, miser sur un apéritif savoureux et un beau plat principal non-loin du sapin éclairé (gardons la thématique festive !) en petit comité afin de savourer quelques flacons rares initiateurs de longues discussions… et assurant la célèbre devise « Jamais en vain, toujours en vin ! ».Peu importe les mélanges, quand le travail est très bien fait (peu de soufre par exemple), tout va bien le lendemain ! »
On vous laisse deviner, chers lecteurs, quelle option a été choisie !
20h, heure d’arrivée du groupe (huit personnes) et lancement des hostilités ! Afin de rafraîchir le palais, nous partageons en cuisine et avec une forte convivialité un champagne de la maison Cristian Senez, Carte blanche en 100% pinot noir. Un savoureux mélange de fruits jaunes frais et goûteux, au nez de fleurs d’oranger et de jasmin. Fidèle de cette entité familiale créée il y a presque 50 ans dans les Côtes de Bar-sur-Seine, Sébastien Brûlé est fier de présenter par la suite une jolie pépite parcellaire de la maison avec la 1ère vinification de pinot blanc (cépage qui représente moins de 1% de la surface viticole champenoise) sans fermentation malolactique, et un dosage extra brut : Le Cornoyer. De belles discussions s’engagent, soulignant d’abord un superbe packaging, mais, surtout, un nez aux senteurs de feuilles de kaloupilé réunionnais (nommée aussi feuille de curry) et aux agrumes tels les kumquats. Une bouche ample et explosive suivie d’une splendide finesse minérale soutenue par une attaque citronnée aux notes magiques de fruits blancs et de fleurs de tilleul marque ce flacon frais au faible dosage. Le breuvage idéal à marier avec des huîtres de chez Gillardeaux et quelques fines de claire n°2.
Nous poursuivons ce moment agréable dans le canapé autour d’une cuvée prestigieuse de la célèbre maison Billecart-Salmon, la cuvée Nicolas François brut millésimé 2002. La vinification partielle en fûts affirme ce caractère ample et généreux d’un style très élégant. Une belle couleur jaune aux reflets dorés entame la dégustation visuelle. De fines notes maltées associées aux fruits blancs et jaunes s’achèvent longuement à travers un équilibre d’une tension parfaitement maîtrisée. Certes, ce champagne aurait pu accompagner notre oie du plat principal mais les quelques toasts de foie gras mi-cuit truffé et de noix de cajou aux cèpes de chez Nicolas Bernardé lui convenaient très bien.
L’apéro se prolonge, direction la Bourgogne pour faire honneur à Romaric Chavy qui servait un magnum de meursault Clos de Corvées de Citeaux 2015 qu’il détient en monopole. Cette parcelle au sol très riche en argiles donne un vin dense et concentré sur le beurre, le pain grillé et les agrumes avec une grande fraîcheur ; 2015 pouvant se conserver encore de nombreuses années. Quelques tranches de terrine de faisan firent leur apparition sur des toasts chauds pour parfaire cette dégustation qui, malheureusement, voie le niveau du flacon descendre assez rapidement !
L’oie s’annonce par une odeur alléchante… nous rappelant que de jolies Saint-Jacques fraîches d’Erquy n’attendent qu’à passer sur la poêle ! Justes dorées et saisies, servies sans sauce ni jus de cuisson, elles se marient à un très beau flacon du célèbre domaine de la Vougeraie qui attend patiemment son heure en carafe. Il s’agit bien entendu du monopole vougeot premier cru Le Clos Blanc 2013 de Vougeot ! Quel plaisir… Au nez comme en bouche, c’est juste excellent ! IDealwine est un des rares spécialistes qui vous permet d’en trouver régulièrement. Profitez-en car déguster un vougeot premier cru blanc créé des souvenirs impérissables. Doté d’une jolie robe claire, intense et attractive, ce vin offre des arômes de fleurs blanches avec un fruit à la juste maturité qui laisse ressurgir de belles touches de pamplemousse rose. Voici, en somme, un vin harmonieux avec de fins amers en fin de bouche.
Arrive donc (et enfin !) notre fameuse oie de 5kg. Elevée six mois dans d’immenses pâtures, elle se révèle généreuse, tendre et parfumée après 3h30 de cuisson. Et là, le coup de cœur. Deux bouteilles de côtes-du-rhône La Mémé du domaine Gramenon – Ceps centenaires – de 1999 ! Un pur grenache biodynamique d’un éclat rouge grenat sombre mais vif et plus qu’alléchant, amenant un nez ouvert, sur le fruit rouge mûr, avec des notes de sous-bois et épicés, qui s’exprime avec beaucoup d’élan. La bouche est structurée, fraîche et gourmande et offre beaucoup de plaisir avec ses tannins fins et ronds. Ceci convient donc parfaitement avec la chair de notre oie, sa peau craquante légèrement parfumée au thym et au romarin, et son jus de cuisson « non revisité » !
Vient le plateau de fromages… si les convives n’ont plus vraiment faim ils ne négligent pas pour autant la part d’abondance fermier du GAEC le Géant à Châtel qui accompagne le fond de la bouteille précédente.
Pour nous, pas de bûche ! Juste des fruits de saison, une belle boîte de chocolats de chez Nicolas Bernardé ainsi que des tuiles aux amandes maison. En tant que champenois, je me refuse de servir du champagne à la fin du repas. Ce n’est plus le moment. Mais un de mes derniers achats effectués chez IDealwine conclue notre soirée en beauté : un vieux rivesaltes 1949 du château Mossé !!! Sa couleur ambrée dévoile une robe profonde aux parfums nombreux et étonnants. Au nez se bousculent des arômes de fruits cuits et de fruits secs. La bouche est puissante, soyeuse et onctueuse alors que ce vin a tout simplement 70 ans ! Un vrai vin de méditation qui nous aura fait passer l’année tranquillement et sûrement ! Les plus courageux l’achèvent avec un cœur de chauffe à la framboise de la très grande distillerie alsacienne Miclo.
La suite du programme ? Se coucher, pour être fin prêt pour le déjeuner du 1er janvier. Mais quelle belle soirée !