Alors que Bruxelles envisage d’autoriser les Etats-Unis à exporter dans l’Union européenne des vins américains portant la mention « château », Bordeaux s’enflamme, Paris s’oppose.
Serait-ce la fin de la vie de Château ? C’est une bombe qui a explosé lundi dernier, quand la question de la mention “Château” a été mise sur la table à la Commission européenne ! En effet, si pour Bernard Farges, président de la Confédération nationale des AOC, «derrière le mot “château”, il n’y a pas toujours une grosse bâtisse, mais la certitude d’un produit artisanal », à Bordeaux, la mention “château” a une signification bien précise. Utilisée depuis le XIXe siècle, elle est aujourd’hui synonyme d’exploitation viticole. A ce titre, la règlementation est stricte : le nom “château” apposé sur une bouteille désigne un vin d’appellation d’origine contrôlée, issu à 100% de raisins récoltés et vinifiés à la propriété.
Et voilà qu’au niveau européen, on voudrait changer les règles pour faire plaisir aux Américains dans le cadre de négociations pour un accord de libre-échange et les Etats-Unis pourraient exporter dans l’Union européenne des vins américains portant la mention “château”. En contrepartie, la France aurait le droit de vendre du vin de table aux Etats-Unis sans aucune indication géographique ni appellation. Mais quel intérêt aurions-nous à vouloir pénétrer un marché où nous avons finalement très peu de chances de percer face aux très rudes concurrences chilienne et argentine ?
La question a donc soulevé une réelle inquiétude chez nos producteurs de vins de qualité de toutes les régions, n’imaginant pas voir la mention “château” bradée aux exportateurs américains. La Fédération des grands vins de Bordeaux (FGVB) accuse même la Commission de créer à ce titre « une distorsion de concurrence à l’égard des consommateurs ». Il est vrai qu’il pourrait y avoir matière à confusion, car la nouvelle définition réclamée par les Etats-Unis serait moins restrictive. Un “château” serait un vin produit par un seul ou bien un groupe de producteurs, à partir de leurs vignes, ou bien de vignes « traditionnellement exploitées »… A quand donc le Château Cuvée du Patron ou le Château Villageoise ? L’appellation ne voudra plus rien dire et ne sera absolument plus protégée. Il existe donc bien un risque de tromperie pour le consommateur.
Laurent Gapenne, président de la FGVB, s’insurge : «Les Américains veulent pouvoir utiliser le nom “château” comme une marque commerciale, alors qu’ils n’ont pas du tout la même conception de la production de vin que nous […] Ils peuvent acheter du raisin n’importe où pour fabriquer leur vin. La notion de terroir n’existe pas chez eux. Faire du vin, ce n’est pas acheter du raisin avec un peu de sucre et y mettre des copeaux. Il faut tenir compte de la nature.» Il faut dire que le droit américain est assez laxiste en ce qui concerne la viticulture. Par exemple, des vins peuvent n’être produits qu’à base de 75% de raisins d’un terroir donné et bénéficier d’une AOC !
La France a donc clairement montré son refus lundi dernier. Le ministre de l’Agriculture français, Stéphane Le Foll a rappelé au commissaire européen à l’agriculture, Dacian Ciolos, que «si la Commission veut lâcher sur [cette] appellation, la France y est opposée». Mais la France faisait un peu cavalier seul lundi dernier, le problème étant tout de même assez franco-français. « On est dans une discussion difficile », admet M. Le Foll, car « la France est particulièrement attachée » à cette mention “château”, qui reste selon lui une « spécificité nationale. » Or on constate en général une faible solidarité des Etats sur des dossiers qui ne concernent qu’un seul ou un petit nombre d’entre eux.
La Commission européenne avait décidé de reporter la décision à mardi pour procéder à un éventuel vote. Finalement, au cours de la réunion, trois pays ont soutenu la France : L’Espagne, l’Italie et la Hongrie. Un soutien peu étonnant venant de trois pays exportateurs de grands vins. Rien n’est donc encore perdu ! Car même si ces trois soutiens ne suffisent pas à faire pencher la décision en faveur de la France, la Commission a tout de même décidé de ne pas la voter mardi 25 septembre et de prendre du temps pour étudier les arguments français.
Notons également que ce même projet européen agite les vignerons bourguignons à propos de la libéralisation de l’utilisation de la mention “clos”.
Rappelons qu’en 2011, les Etats-Unis ont importé pour 2,2 milliards d’euros de vins provenant de l’Union européenne, dont environ 850 millions d’euros de vin français.
Voir aussi : Chiffre record à l’export en 2011 pour les vins et spiritueux français
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Il semble malheureusement que les des soient deja jetes depuis 2005:
http://www.drvino.com/2012/09/20/bordeaux-says-no-to-american-chateaux/
Une liste de marques americaines mentionnant “Chateau” a deja ete arretee par les USA lors de cet accord avec l’UE en 2005. Seules 60 marques americaines auront le droit d’utiliser “chateau”, car ces marques existaient deja avant cet accord.
Au-dela de ce fait, les opinions mentionnees dans cet article n’engagent que celles du bloggueur, Dr Vino.
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http://www.drvino.com/2012/09/20/bordeaux-says-no-to-american-chateaux/
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Au-dela de ce fait, les opinions mentionnees dans cet article n’engagent que celles du bloggueur, Dr Vino.