traveling business manLa Chine est tombée il y a quelques années maintenant dans le monde du vin, un monde qui laisse rarement repartir ceux qui en ont goûté les charmes. Maturité des consommateurs, des producteurs, investissements colossaux et législations aussi variées que les cépages d’Alsace, où en est exactement le vin dans le pays le plus peuplé du monde ?

Vous le savez sans doute, mais iDealwine s’est lancé il y a deux ans à la conquête de l’Asie. Comme dans le jeu Risk, il s’agit du continent le plus grand, le plus dur à conquérir et à tenir, et surtout, c’est un continent très découpé… Mais plutôt que de passer lâchement par l’Alaska pour rejoindre le Kamchatka après avoir bétonné le Siam, nous avons décidé de passer par Hong Kong. La législation y est en effet très avantageuse pour les importations (comprenez « France vers Chine ») de vin. A l’inverse, l’intérieur de la Chine est très protégé, ce qui nous empêche pour l’heure d’y exporter directement nos petites merveilles…  Hong Kong est en réalité une porte d’entrée et de sortie vers la Chine, pour les armées vinicoles, et son marché, plus dynamique et mature qu’ailleurs dans le pays, est une véritable fenêtre ouverte sur le monde du vin. D’ailleurs, les habitudes de consommation de l’ancienne colonie britannique sont certainement à l’image de ce que sera la Chine toute entière dans quelques années. Dans un mélange complexe d’acheteurs d’étiquettes et de passionnés sincères, les habitudes de consommations deviennent progressivement plus matures, dans le sillage de ce qui s’est passé dans les précédents nouveaux pays du vin (Etats-Unis, Amérique du Sud, Australie…). Comme toujours, la marque précède la passion.

Pourtant, en Chine, les achats d’apparat ont quelque peu pris du plomb dans l’aile après les critiques récentes du Président Xi Jinping sur les dépenses des hauts dignitaires du régime chinois (Hong Kong restant là encore en marge de cette tendance). Les consommateurs se sont donc reportés sur des vins aux prix intermédiaires, ces vins mêmes qui permettent de dire qu’un marché est mature ou non. Le cheminement vers cette maturité suit donc son cours en Chine, porté par des passionnés cultivés et un marché potentiel immense…

Mais alors, bien entendu, s’il y a un marché immense, un territoire immense, il est impensable de ne pas chercher à trouver quelques terroirs bienveillants pour accueillir des vignes sur place ! Là encore, les avancées sont extrêmement rapides… Dans un article publié sur le blog des excellents WineExplorers en octobre dernier, on pouvait lire que 80% du vin bu en Chine est produit localement. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la qualité des vins proposés monte en flèche. LVMH ou Pernod-Ricard ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en investissant très tôt dans des vignes chinoises. Ainsi, la célèbre critique Jancis Robinson décerne désormais des notes à quelques vins chinois, le pays est entré dans l’Atlas du vin, et, à coup de millions de yuans, des vignobles entiers jaillissent de terre dans des endroits pourtant plutôt inhospitaliers sur le papier… qui finissent parfois par donner de bons vins, qui correspondent parfaitement à ce que demandent de plus en plus les acheteurs : un bon niveau de qualité à des prix « intermédiaires ». En effet, si les coûts de production sont parfois élevés, investissements de départ obligent, les prix n’ont pas à souffrir des frais de transports et de douanes qui font mal aux producteurs étrangers…

Par exemple, dans les régions de Ningxia, Shanxi ou Xinjiang (mot compte triple), l’automne arrive parfois un peu tôt, et surtout très froidement, ce qui presse les vendanges, et pousse parfois les viticulteurs à enterrer les vignes pour les protéger du gel dès la fin de la récolte ! A l’inverse, dans le Shandong, l’hiver ne pose pas de problème, mais l’été et l’automne amènent leur lot d’infections diverses, voire de pourritures, qui contraignent assez durement les exploitants. Mais à tout problème existe une solution.

Pour compenser ces difficultés, l’administration chinoise use de mesures incitatives très efficaces pour attirer les investisseurs, notamment au Ningxia, où l’Etat cède directement les terres aux exploitants potentiels ! Epaulée par l’Asian Development Bank, les pouvoirs publics travaillent même à l’amélioration de l’irrigation pour aider ces nouveaux agriculteurs  dont Pernod Ricard et LVMH, ce dernier groupe proposant déjà un vin pétillant produit sur place, avec au passage, on s’en doute, quelques transferts de technologie qui profitent à la filière toute entière.

Les Européens, et en premier lieu les Français, ont beaucoup à voir avec l’amélioration du niveau des vins chinois. Nombreux sont les œnologues chinois formés en France, à Bordeaux notamment, qui retournent ensuite au pays avec une expertise incontestable. De même, quelques français s’installent directement en Chine pour y produire du vin, sans compter ceux qui collaborent depuis des années avec quelques domaines sur place.

Autre aspect de l’essor chinois : les acquisitions réalisées directement en Europe, plus particulièrement dans le Bordelais. Déjà plus de 100 propriétés y sont passées aux mains d’acheteurs chinois, souvent plus ou moins liés à des sociétés d’exportations compétentes qui facilitent l’acheminement et la commercialisation des vins au pays, et participent donc indirectement de l’éducation œnologique des consommateurs chinois.

En clair, la Chine est devenue incontournable dans le milieu du vin, tant pour sa position d’importatrice que d’investisseur. Et vu l’enthousiasme suscité là-bas par ce nectar unique, nous ne tarderons pas à voir, un jour, des vins chinois proposés à la vente en France. Après tout, réjouissons-nous que les futurs maîtres du monde (et oui…) aiment plus le vin que nos dirigeants politiques, et reconnaissent que nos terroirs, nos techniques de vinification, et notre art de la dégustation doivent être vus comme des exemples et non des perversions !

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