Champagne records

Déjà deux ans que le monde est plongé dans une sorte de confusion, où rien n’est jamais vraiment assuré. Les restaurants et les boites de nuits, hauts lieux de consommation de champagne connaissent fermetures et réouvertures, dans la plupart des pays du monde. Et pourtant, ce vin effervescent ne s’est jamais aussi bien porté. Enquête.

Des ventes records en 2021

D’après le comité interprofessionnel du vin de Champagne, le chiffre d’affaires de la filière en 2021 pourrait atteindre les 5,5 milliards d’euros avec les ventes de fin d’années, avec un total de 315 millions de cols vendus de par le monde. Un résultat très satisfaisant, puisqu’il surpasse le chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros atteint en 2019, dans la période précédant la pandémie. Ce chiffre sera atteint après les fêtes, mais il est intéressant de noter qu’une grande partie des ventes ont été réalisées dans le courant de l’année, témoignant des « nouvelles » habitudes de consommation du champagne, plus seulement cantonnées aux derniers mois de l’année.

Ces excellents résultats permettent au secteur du champagne de rebondir correctement, et même d’accéder à des niveaux jamais atteints auparavant. En effet, en 2021, les ventes de champagne ont progressé de 36,5%, tandis que les exportations ont atteint +46%, comparé à l’année dernière. C’est encore plus flagrant pour les vignerons-récoltants, qui ont vu leurs exportations augmentées de 58% !

Un résultat faisant mentir les prévisions

Et pourtant, ce n’était pas forcément gagné d’avance, puisqu’au début du printemps 2020, les ventes et l’exportation de champagnes ont connu le plus grand déclin jamais enregistré dans l’histoire de la région, avec une baisse des ventes de 18%, soit 52 millions de bouteilles, représentant 1 milliard d’euros. Une baisse conséquente, mais comme l’a très bien illustré Michel Drappier, des champagnes Drappier, optimiste : « je vois le verre de champagne à moitié plein, il y a eu un déclin de 20%, donc nous avons quand même pu performer à 80% du potentiel ». D’autant plus, qu’en cette période, les événements pour boire du champagne ont été assez limités.

Et finalement, ces chiffres ont même fait démentir les prévisions du comité interprofessionnel du vin de Champagne, qui, au début de l’épidémie, s’était préparé à une perte équivalente au double des chiffres réels, du fait de la clôture des bars, restaurants et boites de nuit, et des occasions pour déguster les effervescents, annulées ou très limitées.

Le comité avait même anticipé la crise, et pour éviter une surproduction et la banqueroute de certaines maisons, avait pris la décision de limiter les rendements, et donc le nombre de cols produits. Une baisse de 30% des rendements a permis de rééquilibrer l’offre et la demande. Mais aujourd’hui, les niveaux de production ont rattrapé les niveaux d’avant la pandémie, pour atteindre un nombre d’à peu près 300 millions de flacons. Les producteurs ne cherchent pas à aller au-delà de ce nombre, car celui-ci permet à la fois de répondre à la demande, tout en préservant l’aura d’exclusivité qui entoure le champagne à travers le monde.

Les secrets du succès 

Mais pourquoi le champagne se t’il porte si bien en 2021 ? Plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Dans un premier temps, la réouverture du marché américain, l’un des marchés piliers de l’exportation de champagne, au début de l’année 2021, a permis à la fois d’augmenter les ventes, en termes de valeur et de volume. Le prix moyen, par ailleurs, a augmenté de 14 % sur le sol américain, en faisant un bien encore plus prestigieux.

Dans un autre temps, le champagne bénéficie d’une image d’investissement sûr. C’est un marché où les crus célèbres jouissent d’une valeur pérenne, et même qui ne cesse de progresser. Les grands noms, comme Dom Pérignon, Bollinger, Krug, Pol Roger ou Roederer sont toujours à leur popularité maximale et s’échangent à des prix très intéressants pour les investisseurs. En outre, des noms plus « niches » se démarquent et deviennent de plus en plus recherchés par les amateurs, comme Aurélien Lurquin, Pierre Peters ou David Léclapart.

Enfin, avec les temps difficiles que le monde entier a à traverser, les consommateurs sont attirés par l’hédonisme au quotidien. Ainsi, ce nectar qui n’était que jusque-là réservé aux occasions spéciales, tend à se démocratiser et se retrouve consommé pour célébrer les joies de tous les jours. En parallèle de cette volonté de se délecter de champagne plus fréquemment, les consommateurs sont aussi davantage attirés par la qualité, comme le souligne The Drink Business. Exit, donc, les champagnes sans âme. A la place, le champagne se doit d’être au niveau d’un bon vin, pour pouvoir être dégusté lors d’un repas, en dehors des occasions festives. (Vous avez de la chance, sur iDealwine, nous avons de nombreux crus qui sauront vous faire vibrer !). Les amateurs internationaux se penchent par ailleurs de plus en plus vers des vins de vignerons-récoltants.

Le futur du champagne

Le monde du champagne a donc de très beaux jours devant lui, bien qu’il reste confronté à des difficultés, comme des récoltes extrêmement difficiles, à cause du réchauffement climatique, ou encore de problèmes logistiques, notamment avec une pénurie de matière première pour la fabrication des bouteilles. Mais comme l’a montré cette période de crise globale, la filière du champagne est résiliente, et maisons, vignerons et coopératives sauront, sans aucun doute, se réinventer pour surmonter ces obstacles, et offrir des bulles au monde entier !

Sources :

The Drinks Business, Champagne Report 2021.

Le Figaro, La filière champagne prévoit un chiffre d’affaires record en 2021.

Comité Champagne, L’économie du champagne.

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