Il y a quelques jours, Angélique de Lencquesaing, interrogée par Cédric Decoeur sur BFM Business dans le cadre de l’émission 100% Patrimoine, nous emmenait explorer les vignobles de Provence. Une mine de vins passionnants.
Cédric Decoeur – « Est-ce la crainte d’un reconfinement, ou alors cette pandémie qui s’étire et nous empêche de prévoir nos prochaines échappées ? J’ai cru comprendre que vous aviez envie de nous emmener faire un tour dans les vignobles méridionaux aujourd’hui… »
Exactement. Une envie de soleil, de chaleur, de vins qui portent l’empreinte d’un beau terroir sudiste.
C.D. : La Provence, c’est avant tout une terre de vins rosés, non ?
Certes ! La France est le premier producteur au monde de vins rosés, 1er producteur, 1er consommateur, et 1er exportateur de ce type de boisson, et la Provence, qui compte 90% de rosés dans sa production, en est le porte-drapeau. C’est, au passage, le seul vin dont la consommation ait augmenté durant le confinement du printemps 2020 (+3,5%). Ce phénomène, porté par des amateurs jeunes – et par le réchauffement climatique – permet d’augurer une augmentation de la consommation dans les prochaines années.
C.D. : Si le tableau est si rose – pardon pour le jeu de mots – la Provence n’a-t-elle pas intérêt à produire uniquement du rosé ?
90% de la production, c’est déjà énorme. Mais le Sud de la France compte de magnifiques terroirs pour produire de grands vins rouges également, ce serait dommage de les délaisser. Certes dans les ventes aux enchères, la part de ces vins est minime, à peine 1% de flacons échangés sur la plateforme d’iDealwine. Toutefois, dans une idée de diversification, la région a des vins passionnants à proposer. A des prix infiniment plus doux que tous les sommets dont nous parlons ici, parfois, pour les vins issus des grandes régions traditionnelles.
C.D. : Quelles sont les caractéristiques de ces vins, justement, peut-on les considérer dans une optique patrimoniale ?
Absolument. Et la caractéristique principale qui permet de les considérer comme éligibles, c’est leur formidable capacité de conservation. Ce sont des vins de longue, de très longue garde. Contrairement aux vins rosés, il est recommandé de les oublier quelques années dans votre cave.
J’ajoute que, au sud de la vallée du Rhône, où l’on produit de très grands vins, nous ne sommes plus très loin de la Provence. Descendez quelques kilomètres, et vous arrivez dans le secteur des Baux de Provence, où l’on trouve le domaine de Trévallon. Ce domaine en 2020, était le plus présent dans les ventes aux enchères sur la plateforme d’iDealwine, avec pas moins de 400 flacons adjugés. Et surtout, des prix qui grimpent nettement pour les millésimes collectors, comme 1985 ou 1988. Le mois dernier, un amateur belge a déboursé respectivement 258 et 221€ pour acquérir ces deux flacons.
C.D. : On est donc au sein de l’appellation des Baux de Provence ?
C’est un peu plus compliqué que cela. Eloi Dürrbach, qui a créé le domaine en dynamitant les collines alentours en 1973 pour créer son domaine. Il a d’ailleurs contribué à la création de cette AOC en 1993, mais s’est vu refuser l’homologation de son vin en raison de son choix d’encépagement. L’AOC admet comme cépages principaux le grenache, le mourvèdre et la syrah. A Trévallon, l’assemblage compte 50% de syrah et 50% cabernet sauvignon, le vin est donc « déclassé » en simple IGP des Alpilles. Qu’importe, les amateurs ne s’y trompent pas.
C.D. : En Provence, il y a aussi la fameuse appellation de Bandol …
Oui, c’est d’ailleurs l’une des plus réputées pour la production de grands vins rouges. Dans nos palmarès des domaines les plus recherchés aux enchères, l’appellation est à l’honneur, elle représente la moitié de notre TOP 20.
C.D. : Cette appellation est portée par quelques domaines emblématiques…
Oui, dans cette appellation où la vigne est cultivée depuis le Vème siècle avant JC, on trouve des vignobles historiques, comme celui du domaine Tempier, dont la création a précédé le règne de Louis X. C’est vraiment à partir de 1940 que qu’il a pris prend son essor avec l’arrivée de Lucie Tempier et son mari, Lucien Peyraud. Aujourd’hui, le vignoble comprend un patrimoine magnifique de très vieilles vignes, notamment de mourvèdre, qui donne naissance à une fameuse cuvée, Cabassaou, issu d’une toute petite parcelle de 1,5 hectares. L’année dernière, son millésime 1990 a été adjugé 307€.
Autre domaine historique, Château Pradeaux, détenu par la famille Portalis – famille entrée dans l’histoire car elle compte parmi ses ancêtres le rédacteur du code civil – . Les vins sont vinifiés dans un style traditionnel, avec de belles adjudications dans les millésimes de référence (1990 : 104€).
Plus récent, le Château de Pibarnon, créé à la fin des années 1970. Encore un très beau profil de mourvèdre (associé au grenache, minoritaire), pour des vins aujourd’hui produits en bio, et même dans une démarche biodynamique inspirante. Les premiers millésimes sont devenus des collectors (1982 : 150€).
Tempier, Pibarnon, Pradeaux. A ce trio j’ajoute le domaine de Terrebrune, à Bandol toujours, qui figure dans notre TOP 10 des domaines le plus recherchés de Provence.
C.D. : Hors de Bandol, point de salut pour l’amateur en quête d’un achat à visée patrimoniale pour sa cave ?
Si, absolument, je pense à l’un d’entre eux avant tout, le Château Simone, au Sud-Est d’Aix-en-Provence. Une exception dans la région puisque le domaine et son vignoble ont obtenu en 1948 le statut d’appellation à part entière, Palette. Tous les vins sont passionnants dans ce domaine, les rouges, bien sûr, issus d’un assemblage qui fait la part belle au grenache noir (+ mourvèdre, cabernet, syrah et cinsault), mais aussi et plus encore peut-être les blancs, principalement issus de clairette, sans oublier les rosés qui possèdent méritent d’être attendus quelques années pour déployer de subtils et passionnants arômes de rose ancienne, de thé. Des vins magnifiques.
C.D. : Aux enchères, ces vins se valorisent ?
Oui, dans une certaine mesure, car ils sont rares. Dans nos palmarès d’enchères, une bouteille de château-simone rouge, en 2007, a été adjugée 160€, et ce qui est édifiant, c’est que l’acheteur est un amateur américain. C’est dire si la notoriété du domaine dépasse largement les frontières de l’Hexagone.
C.D. : D’autres noms à suivre ?
Oui, plein ! Le domaine Hauvette, dans les Alpilles, Henri Milan, à Saint-Rémy de Provence, les vins de l’Abbaye de Lérins, au large de Cannes, Les vins de Bellet, au-dessus de Nice…. et aussi d’autres domaines à Bandol… car le vent bio, biodynamique et nature souffle aussi sur cette région, on peut citer le Château Sainte Anne et le domaine Baravéou, à Bandol, sans oublier le domaine Gros’Noré.
Et puis, quand l’été viendra, je vous parlerai aussi de la Corse, passionnante et magnifique terre de grands vins….
En savoir plus sur l’investissement dans le vin
Consulter les ventes de vin sur iDealwine
En savoir plus sur la revente de votre cave