Dégustation : petit aperçu des Bordeaux 2014 (1ère partie)

IMG_7208La semaine dernière Bordeaux accueillait le monde entier, comme chaque année, pour la traditionnelle dégustation des primeurs. Une équipe iDealwine de choc a arpenté en deux jours une bonne partie du Médoc et un bout de la rive droite pour se faire sa petite idée sur ce millésime 2014.

Commençons tout de même par rappeler les limites de cet exercice. Goûter des vins qui n’ont que six mois de vie sur les habituels dix-huit ou vingt-quatre mois qui séparent les vendanges de la mise en bouteille reste quelque chose d’extrêmement aléatoire. A la fois parce qu’il faut imaginer ce que pourra apporter ou non un an et demi d’élevage mais aussi parce que l’échantillon que l’on goûte, même le plus honnêtement constitué, peut se révéler assez éloigné du futur vin qui sera commercialisé. Certains propriétaires ont d’ailleurs évoqué la difficulté à stabiliser les échantillons, pour offrir à la dégustation un vin identique d’un jour ou d’une semaine à l’autre.

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Les chais du château Dauzac où se déroulait la dégustation des margaux.

L’autre limite, que l’on ressent de plus en plus d’année en année, est la difficulté qu’il y a à se faire une idée générale d’une appellation tant sont de plus en plus nombreux les châteaux qui ne présentent pas leur vin dans le cadre des dégustations par appellation, en général les plus médiatisés d’entre eux. Certains prétendent que c’est par volonté de ne pas être dégustés dans un cadre collectif où ils seront comparés à moins « nobles » qu’eux. Les plus pragmatiques, et nous en sommes, pensent surtout qu’il y a beaucoup trop de monde sur ces dégustations, que le filtre de l’Union des Grands Crus (qui organise les Primeurs) est trop large et admet de nombreux dégustateurs qui ne sont pas ou plus des acteurs du commerce du vin. Le retrait de certains châteaux est une façon de montrer du doigt ce problème. Ces châteaux sont tout de même ouverts aux dégustations, mais uniquement sur rendez-vous, ce qui prend bien entendu beaucoup plus de temps que si l’on en a des dizaines au même endroit à portée de verre…

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Au Château Léoville-Poyferré pour la dégustation des saint-juliens.

Mais alors, ce 2014 ? Allons très vite à l’essentiel : il est clairement au-dessus des trois précédents (2013, 2012 et 2014), mais reste quand même assez loin des 2009 et surtout 2010. Une assez belle acidité rive gauche (surtout à Sauternes), un côté assez juteux en général, mais une maturité souvent pas totalement aboutie (un mois de septembre miraculeux ne peut tout de même pas compenser à lui seul un déficit de soleil de de chaleur en juillet et août). Rive droite, les quelques pomerols que nous avons goûtés nous ont globalement paru manquer d’énergie (La Conseillante mise à part) avec un côté un peu terne alors que les quelques cuvées de Saint-Emilion qui ont honoré nos verres nous ont paru d’un bon niveau, peut-être légèrement en retrait de celles de la rive gauche. Le profil climatique a clairement favorisé le cabernet sauvignon (et le trop rare cabernet franc), cépages tardifs, alors que le merlot, cépage précoce, a eu moins de temps pour atteindre une maturité acceptable après un été difficile.

A Margaux, nous avons particulièrement apprécié Brane-Cantenac (densité, belle tension, matière dynamique, finale saline), Prieuré-Lichine (joli fruit mûr et élégant au nez, bouche également élégante, grain de tanin fin, joli vin avec de la classe), Rauzan-Gassies (fruits noirs, texture de bouche fine, joli grain), Rauzan-Ségla (joli fruit pur au nez, bouche dynamique, jolie tension, finale agréable, très fruitée).

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Cyrille Jomand a beaucoup apprécié le Léoville-Poyferré 2014

A Saint-Julien de nombreux vins nous ont séduits : Beychevelle (belle densité de matière, un côté très doit, légèrement austère, très bordelais classique), Branaire-Ducru (fruit mûr, belle droiture, matière séveuse et équilibrée, extraction juste et modérée), Gruaud Larose (élégant, fin, belle droiture), Lagrange (nez toasté/fumé sans excès, bouche plutôt sur la délicatesse, bien construite, qui tient sur la longueur même si elle ne semble pas très puissante), Léoville Barton (tannins très fins, texture tout en souplesse), Léoville Poyferré (joli nez qui a de la classe, déjà un peu complexe, bouche dynamique, portée par un fruit mûr et un grain de tanin fin. Vin policé, soyeux qui finit très dynamique. Le plus joli vin ce jour-là), Talbot (joli fruité doux au nez, bouche suave, avec du fruit et de la douceur, qui reste fraîche et très agréable).

Pauillac, parmi les trop rares châteaux présents, sont ressortis à nos palais : d’Armailhac et Clerc Milon (séducteurs, rondeur, techniquement bien faits et agréables, manquant un peu de caractère), Grand-Puy-Lacoste (un certain fruit, matière assez juteuse, un soupçon de sécheresse en finale), Haut-Bages Libéral (style délié, matière fruitée et dynamique, finale sur le fruit, agréable et bien fait), Pichon-Longueville (expressif et complexe au nez, matière dense et puissante mais très soyeuse, très joli grain fin des tanins. Finale fruitée, le plus beau pauillac de cette dégustation).

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Dégustation des Sauternes au château La Lagune.

 

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Les sauternes goûtés… au château La Lagune semblent avoir assez bien réussi leur millésime avec une belle acidité qui équilibre des sucres assez généreux, mais la présence en bouche du « goût de botrytis » n’est pas toujours évidente. Tout n’est pas homogène, mais certains sortent du lot comme le château de Fargues (belle matière à la fois dense et aérienne, très élégante, sensation d’un joli botrytis, beaucoup de tension, bel équilibre), le château de Malle (très sauvignon, beaucoup de fruit gourmand), Doisy Daëne (belle matière dense, beaucoup de fruit, puissant, pas le plus fin, mais du vin !), Rieussec (grosse matière, style « joufflu », du gras et de la longueur, manque un peu de sensations aériennes), Guiraud (un équilibre exceptionnel entre acidité, sucre, fruit, richesse, un vin qui reste dynamique malgré sa richesse et qui évoque par son équilibre et sa tension les plus grands liquoreux de Loire, le meilleur vin de cette présentation), Clos Haut-Peyraguey (richesse et tension, très bel équilibre sur un côté plutôt puissant que fin), Lafaurie-Peyraguey (matière dense et puissante mais élancée, avec de la finesse et une belle acidité mûre, finale assez vibrante, très joli vin, quasi au niveau de Guiraud).

La semaine prochaine, suite de nos aventures bordelaises avec, notamment, un rendez-vous exceptionnel à Pontet-Canet, une visite privée à La Conseillante et un happening complètement fou à Angélus. A suivre donc…

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