_MG_5011L’Italie du sud, pas très loin de Naples ; vous imaginez la chaleur, la sécheresse et vous pensez à des vins lourds et épais. Perdu ! Montevetrano est un bijou de finesse, de délicatesse, mais aussi de belle densité. Découverte d’un très grand vin.

L’histoire de Montrevetrano ne date pas d’hier puisque le premier millésime a été produit en 1991. Mais, en France, les occasions de le déguster sont rares. Il fallait saisir celle offerte par Linda Grabe qui organise, entre autres activités, des dîners rencontre avec de grands vignerons. Une verticale de Montevertino s’est donc déroulée mardi 27 mai à Paris dans le cadre du discret mais excellent petit restaurant “de poche”, Cartet.

L’histoire de Montevetrano est une belle histoire, comme toutes celles qui se déroulent comme dans un rêve… Silvia Imparato est une photographe voyageant beaucoup et partageant avec ses amis les plus proches le goût des bons et des grands vins, en particulier bordelais. Presque par jeu, elle en réunit au milieu des années 1980 quelques uns d’entre eux autour de sa propriété familiale de Montevetrano, près de Salerne au sud-est de N
aples avec l’idée de produire un vin qui ne tombe pas dans les travers souvent rustiques de la production locale. Parmi ces amis, un certain Riccardo Cottarella, alors tout jeune, mais qui allait devenir par la suite un des œnologues les plus réputés d’Italie, une véritable vedette, à l’image de Michel Rolland à Bordeaux. Silvia et Riccardo choisissent alors de planter du cabernet-sauvignon et du merlot (l’image du Bordeaux…) auxquels ils ajoutent une pincée du cépage autochtone aglianico (quelques pourcents pour le premier millésime commercialisé en 1992). Ce qu’ils n’avaient pas vraiment prévu c’est que ce vin allait plaire, beaucoup, notamment à Robert Parker et qu’il allait rapidement connaître un succès mondial auprès des fans de cuvées rares ou connues des seuls amateurs “pointus”. Et à Montevetrano, la rareté n’est par organisée : elle tient à la taille plus que réduite du vignoble, à peine 6 hectares !

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On peut légitimement se poser des questions avant de déguster un vin italien produit à partir de cépages… bordelais. On peut craindre une volonté d’imiter, voire de caricaturer un vin de Bordeaux comme cela arrive trop souvent en Italie ou dans le reste du monde. Et puis on peut aussi se demander pourquoi faire appel à des cépages “internationaux” alors que l’Italie est bien plus riche en cépages autochtones que la France. Vous imaginez chez nous un IGP Bourgogne produit avec un mélange de nebbiolo et de sangiovese ? Mais en dégustant le premier millésime de Montevetrano proposé dans cette dégustation, un 2008, toutes ces craintes s’envolent aussitôt ! Ce vin ne ressemble en réalité qu’à lui même. On ne pense ni à Bordeaux, ni à la Toscane, ni à aucune autre région. On ne pense qu’à un grand vin, grandeur qui se manifeste par une finesse de texture exceptionnelle, un grain de tannin d’une délicatesse exemplaire, une densité superbement équilibrée par une tension élégante, un équilibre sans faille, totalement harmonieux et une digestibilité étonnante. La palette aromatique offre de la cerise bigarreau, des notes de prune, des touches épicées un peu orientales._MG_4943

Des caractéristiques que l’on retrouve sur tous les millésimes dégustés ce jour là. Avec, par rapport au 2008, une note supplémentaire de puissance sur le 2011 et le 2009, un peu plus de sensation de fraicheur sur le 2007, une note mentholée un peu marquée sur le 2005, une touche de sensualité sur le 2003, une jeunesse éclatante sur le 2001 et quelques notes d’une belle évolution tertiaire sur le 1999.

Ce qui est frappant, c’est l’extrême régularité qualitative de ce vin et des sensations qu’il distille, les millésimes n’apportant finalement que des nuances à une trame d’une remarquable justesse. Est-ce dans la tête (quand on le sait) ou une réelle évolution gustative ? Toujours est-il que la part du merlot qui baisse légèrement au fil des ans pour laisser un peu plus de place à l’aglianico, semble offrir un peu plus de dynamisme en bouche au vin et une touche supplémentaire de complexité.

Au final, une superbe révélation, une expression extrêmement racée d’un vin méditerranéen possédant une vraie personnalité, très loin des expressions sur extraites et horriblement boisées des vins “internationaux” que l’on trouve parfois en Italie.

 Photos Emilie@Lindaboie

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