BiodyvinBiodyvin, le syndicat international des vignerons en culture biodynamique organisait son salon annuel à Paris le 5 novembre. L’occasion de confirmations attendues mais aussi de belles découvertes.

Croyance obscurantiste. Pratiques ésotériques. Simple auto persuasion. La biodynamie attire d’invraisemblables critiques, comme si cette viticulture très exigeante gênait beaucoup de monde… L’embêtant, c’est que dans le verre, neuf fois sur dix, les vins biodynamiques font clairement la différence… Peu importe finalement que ce résultat soit du à une technique agricole ou à une attention toute particulière apportée par un vigneron à ses vignes et à ses vinifications. L’essentiel c’est que le vin soit bon ! Et nous avons eu confirmation de cette excellence lors de ce salon au niveau qualitatif vraiment très relevé.

Parmi tous les vins dégustés, difficile d’être exhaustif dans ce compte-rendu tant étaient nombreux les vins remarquables. On se contentera donc de signaler ceux qui nous ont paru les plus intéressants

LOIRE

Domaine Landron : quel dommage que le muscadet reste trop souvent, aux yeux de la majorité des amateurs, un vin très simple et acide qui “attaque les gencives”. Une petite dégustation des vins de Jo Landron remettrait bien vite ces idées à leur place… Pour n’en citer qu’une au sein d’une gamme très homogène, la cuvée Fief du Breil 2010 est un muscadet incroyable de richesse au nez, avec un joli gras en bouche, une belle longueur fruitée et un équilibre magnifique. Un vin qu’on pourra laisser vieillir au moins sept ou huit ans.

Domaine François Chidaine : dans une gamme ici encore extrêmement qualitative, on retiendra le superbe Montlouis “Les Bournais” 2009, d’un équilibre fantastique, à la fois riche et tendu, une bouche très dynamique, très minérale, qui finit sur une belle salinité.

Domaine Fouassier : un véritable coup de cœur pour ce domaine de Sancerre qui ne présentait que des cuvées correspondant à des terroirs bien particuliers. Pas facile de hiérarchiser ces différentes expressions du sauvignon, mais deux cuvées paraissaient se détacher légèrement, “Clos Paradis” 2011, issue d’un sol très calcaire (nez sur un fruité bien mûr, jolie matière puissante mais maîtrisée, très vibrante en bouche, finale légèrement crayeuse, minérale et saline) et “Les Romains” 2011, issue d’un sol d’argile à silex (nez très pur, joli fruit frais, bouche droite, très équilibrée entre matière et tension).

Domaine des Roches Neuves : la qualité des vins de Thierry Germain n’est évidemment plus une révélation. Que ce soit les blancs (exceptionnelle cuvée “Insolite” 2011 avec un nez très fin, une bouche cristalline, pure, fraiche et minérale) ou les rouges de Saumur-Champigny (le “simple” générique 2011 est déjà un régal de fruits frais et gourmands, le “Terres Chaudes” 2011 est un vin frais et tendu, de belles notes de craie en bouche, très digeste, et “Franc de Pieds” 2011 au nez très pur, jolis fruits rouges bien mûrs, bouche d’une jolie gourmandise, tannins très ronds, finale fruitée, c’est délicieux !).

ALSACE

Deux domaines présentaient des vins absolument somptueux.

Domaine Zindt-Humbrecht : on ne s’habituera jamais à ces vins absolument extraordinaires qui arrivent encore à surprendre (en bien !) quand on croit qu’ils ont déjà atteint des sommets…  Dès le Riesling “Terroir d’Alsace” 2010 on est dans un superbe registre cristallin, frais et tendu, digeste, facile à boire, le tout pour un prix raisonnable, proche de 15 euros. Le Riesling Heimbourg 2010 passe la vitesse supérieure en terme de pureté cristalline et surtout par son côté vibrant, très dynamique en bouche. Le Riesling Clos Hauserer 2010 monte encore plus haut, avec une matière plus riche, plus puissante, mais qui conserve toujours ce magnifique côté salin et cristallin. Le Clos Windsbuhl 2010 est un peu plus réservé au nez et en bouche, mais quelle superbe matière à laquelle il faudra laisser quelques années pour qu’elle s’épanouisse. Enfin, sommet des sommets, le Clos Saint-Urbain du Rangen de Thann offre un nez magnifique, rond et complexe, une matière “énorme” en bouche mais qui est merveilleusement affinée par une superbe tension fraiche, un équilibre superlatif d’une incroyable longueur. Quel vin !

Domaine Bott-Geyl : ici aussi de jolis rieslings vibrants et dynamiques en bouche, purs et cristallins comme le Riesling Schlossberg 2010 qui offre en plus une superbe buvabilité ou mieux encore avec le Riesling Schoenenbourg 2010 à la matière plus pleine mais toujours aussi élancée et qui finit par des notes salines très marquées qui signent la présence d’un très grand terroir. Le Gewurtztraminer Sonnenglanz 2011 démontre magnifiquement qu’un (autre) grand terroir peut passer au-dessus d’un cépage pourtant souvent envahissant. Ici il n’en n’est rien, le vin est un très beau demi sec aux parfums subtils, sans excès, sans les marques variétales du cépage, mais avec des sensations minérales qui équilibrent la matière plutôt riche.

CHAMPAGNE

Trois domaines présentant de superbes vins nets et purs, qui font honneur à une région ou le manque de rigueur dans les vignes et en cave sont trop souvent le modèle dominant (sans parler des dosages excessifs qui servent de cache misère…).

Domaine Françoise Bedel : s’il ne faut en distinguer qu’un seul, le brut nature “Entre Ciel et Terre” est un magnifique champagne à la matière tendue et cristalline, très vineuse, fraiche, terriblement facile à boire !

Domaine Franck Pascal : ici aussi une gamme très qualitative avec peut-être un petit supplément de vinosité et de salinité minérale pour l’extra brut Quintessence 2004.

Domaine Fleury : au sommet de la gamme, une superbe cuvée Robert Fleury 2002. Un assemblage assez original par le fait de comprendre 36% de pinot blanc (pour 46% de pinot noir et 18% de chardonnay). Nez très complexe (miel, fleurs blanches, pêche, noisette) et bouche vineuse et fraiche, sur des notes d’agrumes et d’épice. Un magnifique champagne complexe et salin, très long en bouche, pour accompagner une cuisine gastronomique !

BORDEAUX

Les domaines en biodynamie à Bordeaux ne sont pas légion, même si aujourd’hui le grand cru classé Pontet-Canet est un magnifique exemple de réussite tant la qualité du vin a progressé depuis que ce château est passé en biodynamie à partir de 2004. Deux domaines étaient présents à Paris et proposaient de très jolis vins.

Château Clos Puy Arnaud : un magnifique Côtes de Castillon 2010 (joli nez de fruits mûrs, beaucoup de fruit mûr en bouche également, profil assez gourmand, vin étiré par une tension vibrante qui le rend dynamique et digeste. Un très joli bordeaux !). Le même en 2009 était très proche, peut-être un rien moins éclatant, mais un très beau vin également. La cuvée Pervenche 2011 (le second vin) est tout simplement un vrai délice, une jolie matière fraiche et gourmande, sans aucun excès, d’une buvabilité sans faille, tout comme la “Cuvée Bistrot de Puy Arnaud” qui bénéficie des mêmes soins attentifs que le grand vin, mais pour offrir un délicieux “vin de comptoir” très naturel, un sorte de “beaujolais de Bordeaux” qui pourrait réconcilier certains amateurs avec les bordeaux qu’ils trouvent le plus souvent austères et sans charme !

 

Château Falfas : ce domaine trop discret des Côtes de Bourg produit des rouges très réguliers, d’un style un peu plus “sérieux” que Clos Puy Arnaud, mais d’une belle pureté et d’une droiture sans faille. Le 2009 propose un joli nez de fruits rouges bien mûrs, la bouche est riche, mais fraiche et agréablement tendue, la finale se révèle salivante et saline, donnant envie de mettre ce vin à table ! Le 2010 est un peu plus réservé, sans être austère et aura besoin de deux ou trois ans pour commencer à s’épanouir.

 

JURA

Autre coup de cœur pour le domaine de La Pinte qui présentait trois vins remarquables, même dans une certaine simplicité comme le Poulsard de l’Ami Karl 2010, nez pur, très fruité, poivré, bouche délicieuse, peu alcoolisée, sur le fruit et un côté formidablement digeste. Une délicieuse boisson ! La cuvée Melon à queue rouge 2010 (une variété de chardonnay) est un vin formidable, un nez dense, puissant, profond, avec des notes de fruits jaunes bien mûrs, la bouche est dans la lignée du nez, riche, dense, mais très équilibrée et avec une finale remarquablement saline. La cuvée Chardonnay 2009 est également magnifique, avec un nez incroyablement riche, complexe, une bouche à la fois puissante et tendue, superbe équilibre, des sensations minérales qui signent un beau terroir, une matière très dynamique. Deux superbes blancs qui, soit dit en passant, font quand même un peu d’ombre à la plupart des chardonnays d’appellations prestigieuses situées de l’autre côté de la Saône, et qui sont vendus beaucoup, beaucoup plus chers…

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