Lundi 17 juin dernier, l’Association de Grands Crus Classés de Saint-Emilion avait pris ses quartiers à Paris afin de présenter en primeur son millésime 2018 et d’autres plus jeunes, les 2015 et 2016. Constance et Hannah de l’équipe marketing s’y sont rendues afin d’échanger avec quelques domaines partenaires et goûter leurs nectars.
Avant toute chose, rappelons que l’Association a été créée en 1982 par un petit groupe d’amis afin de promouvoir les Grands Crus Classés de Saint Emilion, dont le classement révisable toutes les décennies a été instauré en 1955. Aujourd’hui, ils sont une cinquantaine à œuvrer en ce sens et à s’engager dans des questions environnementales. En effet, l’Association leur impose d’obtenir une certification reconnue d’ici 2023 dans l’optique de devenir le premier vignoble français certifié.
Notre visite a donc débuté par une salutation à Monsieur Despagne, Président de l’association depuis cette année. Il nous explique la volonté des crus classés de respecter et de revenir vers leurs marchés historiques que sont la Belgique, la Suisse, le Luxembourg et le Royaume-Uni. Et ceci passe par des déplacements aux quatre coins de l’Europe et l’organisation de dégustation primeurs à destination du négoce et de leurs clients.
Puis, Monsieur Despagne a pris le temps de nous parler de son domaine, le château Grand Corbin Despagne, qui figure dans le réseau des propriétés membres du réseau iDealwine, soulignons-le ;). Il incarne ainsi la septième génération à la tête de cette propriété familiale. Après des études de biologie, il a donc pris les rênes des 24 hectares de vignes qu’il cultive selon des principes biologiques sur son terroir riche en argiles bleues, en sable et en crasses de fer. Les vignes du château sont situées aux portes de l’appellation pomerol, et ainsi bénéficie de ce terroir typique d’argile bleue, véritable réservoir d’eau pour la plante qui n’est par conséquent jamais soumise au stress hydrique. Les millésimes 2016 et 2018 que Monsieur Despagne nous propose à la dégustation sont tous deux des millésimes solaires. Le premier vin qu’il nous fait goûter est un 2016 : Paré d’une robe pourpre aux reflets violacés, le nez dévoile un fruité discret et quelques touches de mentholées, illustration de la proportion importante de merlot (75%). En bouche, les tanins sont déjà bien intégrés et la matière est veloutée.
Nous dégustons ensuite le 2018. Celui-ci a été élevé en barrique pendant neuf mois et ne sera embouteillé que dans neuf mois. Plus concentré et plus dense, il révélait des notes réglissées ainsi qu’une structure tannique marquée, qui se fondra élégamment avec les ans.
Nous sommes ensuite allées rencontrer Monsieur Quenin, propriétaire du Château de Pressac depuis 22 ans, 3ème plus vaste grand cru classé de Saint-Emilion avec 36 hectares de vignes. Mais la taille ne compte pas, la qualité prime. Bien sûr, celle-ci est au rendez-vous. Pour cela, le domaine peut se targuer de disposer d’un terroir unique : un tiers du vignoble est sur un plateau calcaire, un second tiers est en coteaux et le dernier tiers est en pied de côte, un coin un peu plus chaud. Tout cela bénéficiant d’une excellente exposition au soleil. Par ailleurs, tous les cépages y sont cultivés. Même le petit verdot qui manquait au palmarès et qu’il vient tout juste de planter.
Depuis qu’il a racheté la propriété il y a 22 ans, Monsieur Quenin progresse en permanence. Il nous explique que, plus le temps s’écoule, plus il travaille en parcellaire. Bénéficiant de tous les terroirs, tous les cépages autorisés, Monsieur Quenin se décrit comme un compositeur qui a toutes les notes en sa possession pour créer la plus belle des symphonies. Il cherche aussi à peaufiner la finale de son vin en cessant les pigeages et en augmentant la durée d’élevage. Pour cela, il construit un chai de mille barriques afin d’avoir suffisamment d’espace de stockage.
Son vin, parlons-en. Grand coup de cœur de l’équipe iDealwine depuis quelques temps déjà – et partenaire depuis plusieurs années -, il nous séduit par la finesse de son grain de tanin, la douceur de son fruit mûr et sa texture soyeuse enveloppante. Et ce, quel que soit son âge comme nous l’ont prouvé les jeunes 2016 et 2018.
C’est l’œnologue de la propriété qui nous a accueillies et nous a présenté son travail. Avec lui, nous apprenons que le domaine familial (ndlr : il appartient à la famille du Baron Bich) dispose de 32 hectares de vignes d’un seul tenant sur un plateau calcaire. Ils sont une vingtaine de personnes à œuvrer pour ce cru classé en 2012 et certifié Terra Vitis depuis 10 ans. Ce qui signifie que désherbage, insecticides et anti botrytis sont donc bannis. Ici aussi la quête de la qualité est une fin recherchée, mais jamais aboutie… à leurs yeux seulement ! Alors le château creuse dans le détail pour atteindre la finesse. Il travaille en micro parcellaire et étudie chaque pied de vigne avec une minutie impeccable afin de produire des vins sains, bons et beaux dès leur origine. Quant aux élevages, ils durent entre 13 et 15 mois sous bois, avec une proportion de bois neuf qui tend vers la baisse afin de laisser le terroir s’exprimer.
Nous goûtons le 2015, un assemblage de merlot, de cabernet-franc et de cabernet-sauvignon. Au nez, nous avons été tout de suite surprises par cette explosion de fruits, véritable signature du château, en bouche la matière est agréable, et les arômes boisés intégrés. Il s’agit là d’un vin avec un grand potentiel de garde, qui se complexifiera avec l’âge.
Quant au 2018, il n’est plus qu’un assemblage savant de merlot et de cabernet-franc, le cabernet-sauvignon ayant été récemment arraché. Un saint-émilion qui nous séduit par la richesse de son fruit et qui finit de nous charmer avec son côté toasté et boisé. La finale est déjà incroyable avec cette finesse exceptionnelle.
S’il fallait retenir un élément de cette belle dégustation et de ces échanges privilégiés, c’est que ces trois domaines représentent à merveille la quête de qualité, de complexité et d’élégance que s’est fixée l’Association de Grands Crus Classés de Saint-Emilion.