Alors que se profile la fin du confinement, Angélique de Lencquesaing analysait il y a quelques jours avec Guillaume Sommerer, sur BFM Business, les adaptations du comportements des amateurs de vins durant cette période si particulière.
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Quel est le comportement des acheteurs en cette période de confinement ? Sont-ils toujours au rendez-vous ?
Pas dans les ventes aux enchères traditionnelles bien sûr. Les ventes en salle sont reportées ou annulées, les amateurs se concentrent donc sur les ventes électroniques, et ils y passent du temps manifestement !
Car le trafic a augmenté de 30 à 40% sur la plateforme d’iDealwine et même avec des pointes de +50% dans les heures, les minutes qui précèdent la fin d’une vente aux enchères on-line.
Du trafic, oui, on voit bien que certains ont plus de temps, mais sont-ils pour autant acheteurs, comme avant ? Ou de simples curieux ?
L’intérêt et l’engouement qu’ils manifestent dans nos ventes est un signal positif. J’y vois un signal de confiance en l’avenir. Et vous savez combien la confiance, en matière d’investissement est un facteur clé.
Car si ces amateurs étaient si pessimistes et inquiets, ils n’achèteraient pas, et se contenteraient de consommer les vins qu’ils possèdent dans leur cave. Or, ils sont toujours présents à l’achat !
Tous n’ont pas tous une cave bien fournie…
C’est vrai. Nous constatons d’ailleurs un net accroissement de la part d’une clientèle jeune parmi nos acheteurs (âgés de moins de 35 ans). Ceux-là même qui, confinés, ne peuvent plus se rendre dans les bars à vins ni les restaurants, et qui n’ont pas encore de cave constituée.
Dans le même temps, chez les clients plus « matures » si j’ose dire 😉 -, l’engouement reste fort. Pour vous donner une indication, le taux d’invendus dans nos ventes enchères à chuté de 40%.
D’ailleurs nos stocks de vins proposés aux enchères fondent comme neige au soleil.
Pendant plusieurs semaines il nous a été impossible d’aller chercher les caves que les clients souhaitaient vendre, ni de les réceptionner. Ces services réouvrent progressivement, les dépôts et enlèvements « sans contact » sont désormais possible, et c’est nécessaire car les stocks fondent !
Vous parlez des clients Français, ils font donc preuve de confiance en l’avenir ? C’est effectivement crucial pour l’investissement
C’est peut-être votre cas aussi, mais dans cette période de confinement les Français marquent un attachement fort pour tout ce qui a trait à la gastronomie, et donc au vin.
Un signe très net est la part des amateurs particuliers Français parmi les acheteurs : cette proportion est repassée au-dessus du seuil des 50%. Un socle fidèle, tout particulièrement dans les périodes difficiles. Nous l’avions déjà constaté lors de la crise financière de 2008, durant l’été 2011, puis aujourd’hui. Merci à eux !
Qu’achètent actuellement les amateurs asiatiques, s’ils sont toujours présents ? Une bonne indication si l’on considère la dimension patrimoniale du vin.
En Asie, la concurrence est aujourd’hui féroce, les acteurs locaux disposent de stocks de vin importants qu’ils sont prêts à brader pour pérenniser leur activité.
Les acheteurs sont donc très vigilants sur les prix, ils restent à l’affût des opportunités, des prix cassés. Ne comptez pas sur eux pour surenchérir, actuellement.
En tête de leurs achats, on trouve les signatures renommées :
– les grands bourgognes blancs du domaine Coche-Dury (dont les niveaux de prix plafonnent actuellement).
Les grandes signatures, donc, et les vins rares, les incunables :
– Les vieux millésimes de la maison Bollinger, par exemple – la cuvée RD 1976 –
– Les collectors – Jacky Truchot, en Côte de Nuits, Gentaz Gervieux en Côte-Rôtie. De ce domaine disparu et démantelé, un flacon de 1989 a récemment été vendu 2088€ !
Ces amateurs asiatiques n’achètent pas de Bordeaux ?
Quelques bordeaux, si, comme le Château Latour, rare aux enchères, dans les millésimes des années 1970 et 1980. Et aussi Mouton Rothschild, son millésime 2000 est toujours aussi prisé.
L’Asie reste un marché important pour les achats de grands crus ?
Ce marché représente notre 1er débouché à l’export. Nous suivons la situation de près car, pour les questions de prix évoquées, nos ventes ont reculé de 50% depuis le début de la crise avant de se ressaisir ces derniers jours.
Qu’en est-il de l’autre côté de l’océan, aux Etats-Unis ?
Aux Etats-Unis, et c’est une bonne surprise, les acheteurs sont revenus ! Les amateurs ne semblent pas découragés, ni par les taxes « Trump » prélevées sur les vins importés, ni par la crise actuelle.
En revanche, nous constatons que contrairement aux Asiatiques, ils se montrent extrêmement pointus dans leurs choix, avec un prisme « vin nature » exacerbé.
- Jura : arbois du domaine Overnoy
- La production confidentielle du domaine des Miroirs, dans la même région
- Les tavels du domaine de l’Anglore dans le Rhône
- Les échézeaux du domaine Bizot en Bourgogne
Les amateurs européens sont-ils à l’arrêt, notamment ceux d’Italie, un pays qui souffre tant ?
Pas vraiment, non. S’agit-il d’achats impulsifs de confinement, ou de compensation ?
Leurs choix sont classiques, les grandes signatures sont plébiscitées jusqu’au plus haut niveau (Montrachet 2010 de Ramonet : 1719€, +45%).
Les Italiens recherchent aussi les vins de leur pays, les grands barolos – Rinaldi – et les super-Toscans comme Ornellaia.
Le Baromètre des enchères de vin que vous venez de publier est-il déjà obsolète, du fait de la crise ?
Ah non, le Baromètre n’est pas obsolète du tout ! Ce document qui retrace les grandes évolutions de l’année 2019 dresse aussi les perspectives pour 2020. Il a été bouclé au début du confinement.
Il était alors impossible de prévoir l’ampleur des répercussions de la crise sur le marché des grands crus mais les tendances que nous y analysons sont des tendances de fond, de moyen-long terme.
Un exemple : la quête de vins produits dans une viticulture respectueuse de l’environnement, voire des vins nature. Voilà un sujet d’actualité !
Nous dressons région par région, une liste de domaines à suivre, celle-ci n’a rien perdu de son acuité.
Une vente aux enchères de vin se déroule actuellement sur iDealwine, au bénéfice du collectif #ProtegeTonSoignant. Des lots éligibles au placement d’après vous ?
Les dons proviennent d’une centaine de domaines.
Des lots exceptionnels par leur format (jusqu’au salmanazar – 9 litres, soit 12 bouteilles !).
Des lots Exceptionnels aussi par les millésimes choisis.
Donc oui, indéniablement des vins éligibles au placement du fait de leur provenance.
D’autres vins, les rosés, certains champagnes, et aussi des flacons généreusement offerts par nos clients, seront à ouvrir plus rapidement, pour célébrer la fin du confinement, pourquoi pas ?
Une vente à retrouver sur iDealwine jusqu’au 7 mai.
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