Après s’être intéressé la semaine dernière aux différents paramètres climatiques influents sur la qualité d’un millésime, nous allons désormais voir que la quantité de lumière, de pluie, et la température doivent d’autant plus être optimums à certains moments clefs du développement de la vigne. Pas si simple de réunir toutes les conditions climatiques pour un grand millésime !
Comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, la vigne a besoin de chaleur, de lumière et d’eau, dans une juste mesure. Cet optimum des conditions climatiques redouble d’importance lors de la floraison ou des vendanges par exemple.
Climat et moments-clé
On l’a vu, pour réussir un bon millésime, la vigne a besoin de beaucoup de lumière, de pas mal de chaleur mais aussi d’une quantité non négligeable d’eau. Ce bel équilibre climatique se traduira quasi automatiquement en un bel équilibre des raisins entre sucre, acidité, maturité des peaux et des pépins et potentiel aromatique. Un hiver assez froid, un printemps alternant soleil et quelques pluies, un été plutôt chaud et sec mais arrosé de temps en temps pour éviter tout stress hydrique, et des vendanges sans pluie garantissent presque à coup sûr un grand millésime. Mais cette belle succession idyllique de périodes favorables est malheureusement presque plus rare qu’une année ou tout se passe mal… Les zones à risques du vignoble sont en effet nombreuses.
La première est celle de la floraison qui se déroule généralement au mois de juin. Cette période va permettre la fécondation de la vigne et conditionne donc directement l’apparition ensuite des grappes. Si la floraison se déroule sous la pluie ou (surtout dans le sud) par période de vents violents, le pollen ne va pas arriver à accomplir sa mission de fécondation dans de bonnes conditions. On appelle cela la coulure. Quand ce phénomène prend de l’ampleur il peut diminuer fortement la future récolte. Certains cépages sont plus sensibles que d’autres à la coulure, par exemple le grenache.
Trop de pluie et d’humidité durant la période allant de mai à juillet favorise l’apparition de maladies comme le mildiou ou l’oïdium, dues au développement de micro champignons. Mal maîtrisées, ces deux maladies peuvent avoir de lourdes conséquences sur la quantité des raisins mais aussi sur leur qualité.
Trop de chaleur et de soleil en été, contrairement à ce qu’en croient beaucoup de gens, n’est pas du tout favorable à la vigne et à la qualité du millésime. Ces excès peuvent provoquer un stress hydrique, comme on l’a vu plus haut, ce qui bloque la maturité des raisins, la vigne cherchant en priorité sa propre survie dans ces conditions difficiles en se “désintéressant” de ses fruits. Ces excès peuvent aussi “confire” les raisins et faire baisser excessivement l’acidité. D’où de nombreux vins lourds, aux tannins secs, et aux arômes inhabituels de pruneau après un millésime caniculaire.
Enfin, des pluies excessives juste avant ou pendant les vendanges peuvent ruiner un millésime qui se présentait bien jusque-là. Une pluie importante à quelques jours d’une vendange va diluer les jus et faire gonfler les baies, jusqu’à les faire éclater, ce qui va créer aussitôt des foyers de pourriture. Une forte pluie pendant la période des vendanges, à une période où il peut faire encore très chaud peut aussi causer une pourriture “galopante” dans les vignes dans ces conditions un peu tropicales.
Enfin, certains éléments locaux, quasi microclimatiques, peuvent jouer un rôle important dans la qualité d’un millésime. Par exemple un épisode venteux après une période de pluie permet de sécher rapidement les vignes et d’éviter ainsi tout risque de maladie ou de pourriture selon les périodes. C’est le cas par exemple dans le Rhône sud et (un peu moins) en Provence, notamment à Bandol.
Autre élément très important, les écarts de températures entre le jour et la nuit qui sont très favorables à une maturité progressive et “en profondeur” des raisins. C’est pourquoi les vignes situées un peu en altitude ou près de la mer bénéficient souvent de ces écarts de température intéressants. Ces vents ou ces écarts de température peuvent, certaines années, avoir des conséquences favorables, et, soit sauver un millésime difficile, soit faire approcher de la perfection un millésime plus favorable.
On peut enfin signaler l’importance d’un autre élément du terroir, l’exposition d’une vigne. En année peu ensoleillée, une exposition au sud atténuera l’effet millésime ou ira au contraire dans le même sens s’il s’agit d’une année très chaude et très ensoleillée. Et inversement si c’est une vigne exposée au nord.
Si vous habitez dans une région viticole, vos observations vous permettront de vous faire une bonne idée du millésime des appellations de votre secteur. Mais si vous êtes de la région parisienne, du Nord ou ou de la Bretagne, il vous faudra faire confiance à d’éventuels amis qui habitent dans les vignobles qui vous intéressent, aux vignerons honnêtes ou … aux commentaires d’iDealwine 😉
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