Vendanges 08

Même s’il est évidemment trop tôt pour juger de la réelle qualité des vins produits en France en 2013 il y a au moins une certitude : ce millésime a été compliqué un peu partout !

Comme tous les passionnés de vin qui s’interrogent sur la qualité du millésime 2013, Michel Bettane et l’équipe de Bettane & Desseauve viennent de faire le tour des différentes régions viticoles de l’hexagone. Le fait marquant de l’année est bien entendu ce long printemps extrêmement frais et pluvieux qui a eu trois conséquences majeures pour la vigne : un retard végétatif d’environ trois semaines, ce qui provoqué partout un décalage identique des vendanges ; une floraison difficile et anarchique, étalée dans le temps, ce qui a eu parfois pour effet une coulure importante (non fécondation des fruits donc perte de récolte) mais également un étalement des fécondations donc, à terme, des maturités ; enfin, ce temps froid et humide a favorisé l’apparition de deux maladies classiques de la vigne, le mildiou et l’oïdium. Au final on peut donc dire avec certitude que, d’une façon générale, 2013 sera un millésime peu abondant et d’une qualité souvent moyenne mais avec de notables exceptions. Sans compter de nombreux épisodes de grêle, notamment à Vouvray, dans le Bordelais, dans les vignobles du sud-ouest et dans la Côte de Beaune qui ont été cette année particulièrement cruels pour les vignes de ces régions…

En attendant de déguster pendant l’hiver et le printemps les premiers vins de 2013, voici un petit aperçu de ce qu’on peut dire sur les premières impressions d’après vendanges.

Alsace

Ici, le riesling a vécu une année difficile. L’état sanitaire des raisins s’est souvent dégradé alors qu’ils n’étaient pas complètement mûrs. Les vignerons avait donc un choix difficile à faire : soit vendanger pas très mûr, soit vendanger avec beaucoup de pourriture… Evidemment, les domaines les plus exigeants en viticulture (essentiellement les bio et les biodynamiques) vont pouvoir produire d’assez bons vins grâce à des vignes peu chargées et saines. Les autres cépages (pinot blanc, muscat, gewurztraminer) s’en sont un peu mieux sortis.

Bordeaux

Il faut être réaliste : globalement on a connu des millésimes plus évidents à Bordeaux… Le volume sera en net retrait par rapport à la moyenne, notamment à cause de la coulure qui a fortement affecté les merlots. La fin du mois de septembre, à la fois chaude et humide a favorisé une forte pourriture qui n’avait pas grand chose de noble… Pour produire des vins corrects, il a fallu beaucoup trier, à la vigne pour ne récolter que des raisins mûrs et à la table de tri pour éliminer les raisins pas sains. Les sols les plus lourds (argiles) s’en sont mieux tirés que les parties sableuses. Les blancs secs seront sans doute plus homogènes. Pour les liquoreux, tout est une question de tri entre la pourriture noble et celle qui ne l’est pas.

Bourgogne et Beaujolais

Ici les rendements sont vraiment très bas à cause de la coulure qui a affecté le pinot noir. Les vignerons ont ici aussi été confrontés à un choix drastique : soit vendanger à une maturité un peu juste soit attendre un peu, mais dans la plupart des cas, en raison de la chaleur très humide de fin septembre et début octobre, les raisins ont rapidement “tourné”, passant directement au stade de la pourriture. Pour une fois, il ne fallait pas trop attendre… Pour les blancs, le problème a été à peu près le même, mais l’avantage est que le chardonnay supporte bien mieux d’être récolté en légère sous-maturité. Encore une fois, les vignerons les plus exigeants à la vigne et soigneux dans leur tri après vendange, produiront des rouges frais et sans doute agréables, pas très loin des 2008 dans l’esprit. La Côte de Beaune a été affecté par des épisodes de grêle particulièrement ravageurs et les appellations Pommard, Beaune, Savigny et Pernand-Vergelesses ne produiront pas grand-chose, Volnay étant également affecté par le phénomène mais un peu moins.

Le Beaujolais a connu une petite récolte (environ 50% de la normale) mais l’état sanitaire était plutôt moins préoccupant que sur les pinots. Il y aura sans doute d’assez jolis vins à Morgon, Fleurie et Moulin-à-Vent.

Champagne

La Champagne est sans doute un des vignobles qui s’en sort le mieux en France cette année, à part les vignes de l’Aube, elles aussi très durement touchées par la grêle. Les rendements ont été généreux chez les vignerons les moins soignés, comme toujours… Mais l’ensemble de ceux qui travaillent avec sérieux ont récoltés de jolis pinots et de jolis chardonnays, en particulier dans la vallée de la Marne. Il y aura sans aucun doute de nombreuses cuvées millésimées.

Loire

Ici, globalement les blancs se sont nettement mieux tirés des conditions difficiles du millésime que les rouges. Il y aura de jolis chenins secs en Touraine et de jolis sauvignons à Sancerre. Les rouges seront sans doute plus inégaux, il faudra goûter avec soin.

Languedoc/Roussillon

Ici les aléas des millésimes sont souvent moins marqués. Cela a été le cas cette année même si certains secteurs ont souffert quand même d’une année un peu chaotique et si les vignes de grenache ont eu pas mal de coulure. C’est surtout dans le Roussillon que 2013 semble se révéler un millésime d’un excellent niveau, tant en blanc qu’en rouge.

Vallée du Rhône

Les vignerons du nord de la vallée du Rhône sont sans doute moins mécontents du millésime que leurs collègues du sud… Peu de récolte, une fois de plus, mais les rouges et surtout les blancs seront au moins au niveau de 2012. Le sud a connu de gros problèmes de coulure sur le grenache, le cépage largement dominant ici et les vignerons ont eu du mal à récolter des raisins avec une maturité homogène. Les blancs, une fois de plus, s’en sortent très bien.

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