Gel Bordeaux

Souvenez-vous, le 19 et 21 avril dernier des régions viticoles des quatre coins de l’Hexagone avaient subi un gel rigoureux trois nuits de suite. Voilà que Bordeaux, qui sort des réjouissantes dégustations primeurs du millésime 2016, a elle aussi été durement touchée par une vague de froid intervenue dans la nuit  du 27 au 28 avril. Les 65 appellations régionales réparties sur 111 000 hectares ne s’en sont pas sorties indemnes et déplorent une grande perte de la future récolte.

 Les vignerons bordelais avaient subi une première alerte au soir du 20 avril. Mais c’est la semaine suivante que le thermomètre a enregistré une chute désastreuse. Dans la nuit du mercredi 27 et jeudi 28 avril, les températures sont descendues jusqu’à -4°C, rappelant l’épisode de gel dévastateur du millésime 1991. Même s’il est encore trop tôt pour mesurer de manière définitive les pertes, Allan Sichel, président du CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux), évalue la baisse prévisible de récolte entre 20% et 90-100% dans les zones les plus exposées.

Si toutes les appellations ont été touchées, sur la rive droite, Saint-Emilion, Lalande-de-Pomerol, Castillon et Blaye Côtes-de-Bordeaux connaissent une situation critique. Ainsi, à Saint-Emilion les vignobles gelés de la plaine laissent présager une absence de récolte. D’autres, plus chanceux sur la partie haute de Saint-Emilion, ont subi moins de dégâts. L’entre-deux-mers et la rive gauche n’ont pas été épargnés non plus. La situation s’avère cependant moins catastrophique pour les vignobles de Saint-Estèphe et de Pauillac, proches de l’estuaire, que celle des vignobles dans les terres qui ne peuvent bénéficier de la douceur thermique liée à la Garonne. La situation est également critique dans le secteur de Sauternes-Barsac. Le château Climens déplore ainsi le gel de 100% de ses vignes.

Tweet Gel château climens
Gel château climens

Les vignerons ne s’attendaient pas à un épisode d’une telle violence, et encore moins d’une telle ampleur géographique. Prévoyant des températures négatives avoisinant les -1°C, les chutes de -3 et -4°C ainsi qu’un fort taux d’humidité les ont totalement désemparés. En effet, la végétation de la plupart des domaines avait deux semaines d’avance, les pousses commençaient déjà à sortir, les rameaux mesuraient une vingtaine de centimètres et des grappes se formaient déjà. Certains viticulteurs ont donc été contraints d’annuler leurs travaux en vert (comme la taille) en découvrant leurs jeunes pousses mortes, réduisant la récolte future à néant. D’autres mettent plus d’espoir dans leurs cépages tardifs (comme le cabernet-sauvignon) dont les contre-bourgeons peuvent repousser. Mais pas d’euphorie, la vendange sera apparemment faible.

En ce début de semaine, syndicats et collectivités sont donc en pleine réflexion des mesures à prendre, tandis que dans les vignes, on étudie le degré d’atteinte du bois par le gel afin de déterminer les parties mortes, et, surtout voir si un deuxième bourgeonnement est possible.

Si quelques domaines ont subi peu de pertes, ce n’est pas seulement grâce à leur emplacement géographique, mais aussi et surtout au prix de grands investissements humains et financiers. Cette nuit-là, pendant que certains ont allumé des feux afin que la fumée protège les parcelles, d’autres ont déposé des chaufferettes et des systèmes de chauffage à base de cire entre les rangs. Aux grands maux, les grands moyens, quelques châteaux ont sorti l’artillerie lourde avec des éoliennes mobiles qui offrent quelques degrés au niveau du sol, ou encore avec le survol d’hélicoptère pour brasser l’air, afin de faire redescendre l’air « chaud » à la surface du sol et réchauffer les vignes de quelques précieux degrés. Le Point rapporte que certains domaines tels que Petrus ou La Conseillante ont pu éviter le pire grâce à cette méthode. Le Château Grand Corbin Despagne y a également eu recours, sans succès malheureusement car le gel avait déjà commis d’irréparables dégâts au niveau de la vigne.

Entraide et solidarité sont aujourd’hui au rendez-vous avec des acteurs comme la tonnellerie charentaise Baron qui a généreusement livré aux vignerons des bûchettes et des chutes de bois destinés à alimenter les braseros.

Malgré ces initiatives, les pertes sont préoccupantes, particulièrement pour les vignerons, qui, faute de moyens financiers, étaient non-assurés. Aujourd’hui, des châteaux comme Grand Corbin-Despagne (Saint-Emilion) sont touchés dans leur globalité. Certains chiffrent déjà une baisse de la production annuelle bordelaise à -35%, voire -40%.

Pour le moment, il s’agit de se relever de cet épisode et, comme le disent les bordelais, de préparer le vignoble pour le millésime prochain. C’est donc dans ce climat d’incertitude que toute l’équipe d’iDealwine souhaite assurer tous les propriétaires touchés par ce fléau météorologique de son plus grand soutien. Elle leur adresse tous ses encouragements pour les jours, les nuits et les semaines à venir d’ici l’étape toujours redoutée des fameux « saints de glace », qui cette année interviendront du 11 au 13 mai.

Voir tous les vins actuellement en vente

Recherchez le prix d’un vin

En savoir plus sur le cycle végétatif de la vigne

Pas encore inscrit(e) pour participer aux ventes ? Complétez votre inscription, c’est gratuit !

A lire également dans le blog d’iDealwine :

Millésime 2017 : gel dans le vignoble

Laisser un commentaire