Clos Joliette Jurancon

Son nom ne vous évoque peut-être rien. Et pourtant les 1500 bouteilles du domaine de Jurançon produites sont recherchées par les amateurs les plus pointus. Présentation d’un mythe, aussi confidentiel qu’exceptionnel.

Le Clos Joliette se situe dans les Pyrénées-Atlantique dans le village même de Jurançon. C’est une parcelle de 1 hectare 85 de vignes plantées en 1929 sur un sol argilo-silicieux. Les rendements sont ridicules, et donc la production de 1500 bouteilles confidentielle. Et pourtant – ou pour cette raison d’ailleurs – son aura est immense. Dans le cercle de ses plus fidèles admirateurs figurent Jean-Claude Berrouet (ancien œnologue de Petrus) qui y voyait « la quintessence d’un terroir exceptionnel », Gérard Depardieu qui aimait pousser la porte du domaine, Pierre Citerne qui la qualifie de « plus grand vin du sud-ouest » ou encore Betrand de Lur Saluces qui naguère y voyait un vin à la hauteur de son château d’Yquem…

Hors du temps et de toute logique commerciale, les propriétaires qui se sont succédé à sa tête ont toujours souhaité s’effacer derrière ce terroir unique. Ici les vignes de petit manseng furent plantées en 1929. La parcelle est exposée est-sud-est face au soleil avec un sol des « poudingues de Jurançon » : des cailloux en surface qui élèvent la température durant la journée et drainent les eaux de pluie. C’est à ce micro-climat que l’on doit la surmaturité des raisins, obtenue par passerillage sur pieds. Les grains se dessèchent sur pied par l’action du soleil et du vent. Les vendanges manuelles ont lieu de novembre à décembre par tries successives. Les rendements sont évidemment infimes : moins de 10 hectolitres par hectare…

En cave aussi, le mot d’ordre est de ne surtout rien changer. Et si c’était ça, la véritable innovation? La cave fut construite à l’époque des vieux plants de petit manseng du domaine en 1929. Elle est très humide, sur des galets non crépis et un sol de terre battue. Les murs sont recouverts de mycélium comme dans les caves de Roquefort. La vendange est pressée dans un fouloir cannelé en buis et tombe dans un fouloir vertical. Le jus est ensuite dirigé sans pompage vers des barriques âgées. Les fermentations se déclenchent sans intervention extérieure. L’opération peut prendre 8 à 10 mois… Les vins restent dans ces barriques (après le soutirage) deux à trois ans une fois les fermentations terminées pour les secs et quatre ans pour les moelleux. La mise en bouteille manuelle s’effectue sans collage ni filtration.

Clos Joliette est un nectar exceptionnel, capricieux et à la personnalité à part. Les méthodes de fabrication feraient bondir nombre d’œnologues et techniciens. Et qu’importe si le niveau de qualité varie d’une bouteille à l’autre. Déguster une grande bouteille de clos-juliette est une expérience unique que tout amateur de vins moelleux se doit d’avoir vécu. Moelleux ou sec d’ailleurs, puisqu’il est produit différemment selon les millésimes. Même sec, le vin dispose d’une richesse hors norme et une capacité à traverser les âges.

Comment le déguster ? C’est sans doute Michel Renaud, qui racheta le domaine en 1989 sur un coup de foudre, et disparu tragiquement en 2015 qui en parlait le mieux. « La caractéristique principale est son nez de truffe, sa signature olfactive. Les fruits exotiques aussi ». Il est à servir entre 13 et 15 degrés, décanté deux heures à l’avance. « On l’apprécie avec un foie gras ou un roquefort ». Depuis, sa disparition, le domaine est toujours géré par la famille. Mais la propriété est désormais à vendre. La famille est à la recherche d’un repreneur capable de perpétuer la légende. Sans rien changer au mythe.

Jurançon est célèbre dans le monde entier depuis le Baptême d’Henri IV en 1553, à l’ail et au jurançon. Mais Clos Joliette, n’en a cure, lui qui ne revendique plus l’appellation. Michel Renaud se plaisait à dire : « Le jurançon est le vin des rois, le Clos Joliette, l’élixir des dieux. ».

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Difficile d’évaluer la totalité des millésimes disponibles. Les vins des années 1970, 90 et 2000 sont largements plébiscités par les amateurs. Parmi eux les millésimes 1970 en sec, 1995 (19,5/20 RVF)  et 2000 (18,5/20) se distinguent particulièrement.

Dans le palamrès des 100 plus grands liquoreux français de la RVF on peut également lire :

Clos Joliette 2001

18-20/20
Ce grand vin artisanal, devenu mythique, est à la fois très différent des jurançons actuels et un résumé de l’esprit de ce terroir. Les huit à dix barriques produites par an ne sont pas assemblées, d’où une forte et parfois exaspérante variabilité d’une bouteille à l’autre (d’où également notre notation en fourchette). Le 2001 par exemple, quoique toujours très riche en glycérol et en extrait sec peut être soit presque sec, soit vraiment liquoreux. Le vin est grand dans les deux cas, avec un caractère, une intensité, une rémanence tout à fait exceptionnels. La version la plus liquoreuse, envoûtante, porte la mangue séchée et la truffe du petit manseng à des sommets absolus.

Le Clos Joliette, ce qu’en pense les guides :

Guide des meilleurs vins de France 2017 (une étoile sur trois) :

Le Clos Joliette est un véritable mythe parmi les vins du Sud-Ouest. Il s’agit d’un vin rare : le vignoble est minuscule, moins de 2 hectares de très vieux petit manseng en sélection massale, et les rendements particulièrement faibles. Aux antipodes des vins technologiques, avec un équilibre pouvant varier du sec au moelleux selon les années, Joliette possède une personnalité flamboyante, absolument unique à Jurançon (appellation que le domaine ne revendique plus). Les millésimes actuellement disponibles (dans la grande restauration, ainsi que chez certains cavistes triés sur le volet notamment aux Caves Renaud, place de la Nation à Paris) confirment le caractère hors-norme de ce vin, dont la richesse alcoolique est transcendée par une acidité brillante. La mise s’effectuant fût par fût, les variations, pour le même millésime, d’une bouteille à l’autre peuvent être déroutantes. Suite au décès de Michel Renaud cette année, le domaine est sur le point d’être vendu.

Les vins : le domaine ne nous ayant pas fait parvenir ses vins cette année, nous sommes amenés à reconduire les notes et les commentaires de l’édition précédente. Cette bouteille de 2008 nous transporte vers des nuances complexes de crème brûlée, d’épices, avec une touche d’oxydation ménagée rappelant les morilles, la fumée et le vieux bois. À l’air, les saveurs finement exotiques du petit manseng jaillissent sur une bouche fine, longue et élancée par une amertume subtile. Sa sensation de demi-sec et son acidité tranchante lui feront traverser quelques décennies. Un vin de patience.

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