Faut-il acheter Château d’Yquem 2011 ?

Château d’Yquem 2011 est maintenant disponible à la vente pour le prix de 350 euros (prix moyen constaté chez les négociants). Si les responsables du château annoncent un cru exceptionnel tout en « fraîcheur, puissance, complexité et légèreté », il semblerait que le dernier millésime de ce vin mythique peine à trouver des acheteurs…

Château d’Yquem bénéficie d’une renommée sans faille et ses bouteilles attisent les ardeurs des collectionneurs du monde entier. C’est d’ailleurs lui qui détient le record de la bouteille de vin blanc la plus chère au monde : en 2011, un Château d’Yquem 1811 avait été vendu pour la bagatelle de … 85 000 euros ! Face à ces niveaux de prix stratosphériques, on peut comprendre que les gérants du château, et son célèbre actionnaire, le groupe LVMH, aient eu la tentation de faire grimper le prix de ce nectar. Une tentation d’autant plus compréhensible que le sauternes est un vin dépendant plus que tout autre des caprices de la nature, le millésime 2012 (non produit) l’ayant prouvé très récemment. La recette pourrait paraître idéale : un millésime exceptionnel, une marque prisée, un vin mythique… Sauf que, sauf que…Contrairement à ce que peuvent énoncer les praticiens du marketing du luxe, les acheteurs ne semblent dans ce cas précis pas prêts à accepter n’importe quel prix.

Rappelons que, en juin 2012, au cœur d’une campagne primeur morose, Pierre Lurton avait annoncé renoncer à la vente en primeur du Château d’Yquem. il avait alors estimé que : « les attentes et la qualité du millésime ne nous semblent pas en adéquation avec le contexte délicat de la campagne 2011 et s’il y a bien un cru qui sait que le temps joue en sa faveur, c’est bien le Château d’Yquem »… »C’est pourquoi il nous parait plus sage de décaler cetter sortie à une période plus propice, pour que celle-ci soit à hauteur de ce millésime« .

La période est-elle donc plus propice aujourd’hui ? La réponse se situe manifestement au niveau du prix de vente retenu. Et la question devient donc : quel est le juste prix ? Les acheteurs sont-ils prêts à débourser 350 euros  pour ce flacon d’Yquem 2011 ? Plusieurs marchands anglo-saxons ont fait état de vente décevantes, ainsi que l’indiquait récemment le Decanter.

Raisonnons simplement. Mettons-nous à la place d’un consommateur : je veux acheter une bouteille de Château d’Yquem. Je fonce donc sur iDealwine en bondissant  sur mon ordinateur ou sur mon iPhone (eh oui, il faut télécharger l’appli, iDealwine est mon meilleur ami :-)). Je regarde les cotes de ce vin. Et là : stupeur ! Je peux avoir deux bouteilles de 1991 ou de 1994 pour le même prix qu’un 2011 ! Hum… à ce prix-là, je peux acheter un Château d’Yquem 2005, le millésime fétiche de tout collectionneur !  Pour cent euros de moins, je peux avoir un Château d’Yquem 1982, pour cinquante euros de moins, j’accède au splendide millésime 1990 !
Et là, question suivante : pourquoi acheter une bouteille récente, plus chère que des pépites anciennes dont les qualités sont avérées ? Certes, Pierre Lurton a comparé Yquem 2011 au fantastique millésime 2001, qui s’échange aujourd’hui près de 600€. Si je fais mes calculs, il faudrait donc que j’achète trois bouteilles d’Yquem 2011, que j’attende une douzaine d’années, puis que j’en revende deux pour pouvoir déguster à peu près « gratuitement » la troisième. En aurais-je la patience ?

Modeste stagiaire que je suis, c’est tout décidé : je casse ma tirelire, et je me laisse tenter, tout de suite, là, maintenant, par le millésime 1990… Vive le Château d’Yquem !

Cote iDealwine du Château d’Yquem dans les ventes aux enchères

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