Depuis quelques mois, un phénomène nouveau est apparu dans les ventes aux enchères on-line qui se déroulent sur iDealwine : certains vins marginaux, appartenant globalement à la famille des vins que l’on dit “nature”, voient leur cote grimper, voire s’envoler. Poussée de fièvre éphémère ? Simple effet de mode ? Nouvelle tendance destinée à durer ? Que penser de cette inflation un peu surprenante et va-t-elle concerner un nombre croissant de domaines ? Notre analyse.

Qu’un flacon de Lafite-Rothschild atteigne un prix le mettant hors de portée de la plupart des bourses, soit. Qu’une rareté de la Romanée-Conti vaille le prix d’une petite voiture, pourquoi pas ? On s’imagine des milliardaires du monde entier se disputer ces lots aux enchères et les amoureux du vin regardent cela de l’extérieur, sans vraiment se sentir concernés. Ces amateurs ont commencé à tiquer, il y a deux ou trois ans, quand un simple saumur-champigny, acheté une quarantaine d’euros au domaine, pouvait se revendre dix fois plus cher aux enchères… Bon, d’accord, Le Bourg du Clos Rougeard c’est très, très bon, mais quand même ! Et puis un petit sauvignon de Loire, limite un vin de soif, s’est échangé ces derniers temps à près de 200 € la bouteille ! Un sancerre, fût-il un Clos de la Néore issu des chais d’Edmond Vatan, mérite-t-il vraiment d’être au prix d’un grand cru de Bourgogne ? Là, l’amateur commence à se poser des questions : lui faudra-t-il renoncer à l’idée de boire ces bons vins qui, il y a moins de dix ans étaient encore tout-à-fait à sa portée ?

Les passionnés les plus pointus se consolaient en se régalant de bonnes bouteilles connues d’eux seuls ou presque, produites par des vignerons qui ne risquaient pas d’attirer les “buveurs d’étiquettes” fortunés du monde entier comme Pierre Overnoy et Jean-François Ganevat dans le Jura, ou Richard Leroy en Anjou. Patatras, encore raté ! Ces derniers mois les vins jaunes d’Overnoy se sont vendus près de 1000 € la bouteille aux enchères on-line d’iDealwine, les cuvées de Ganevat atteignent les 150 € et les coteaux-du-layon de Richard Leroy, une appellation qui n’a jamais été spécialement recherchée, s’approchent progressivement de la barre symbolique des 100 €. Tout ça pour des vins “nature” qu’on ne pensait connus que des “bobios” des bars à vins parisiens ! Les amateurs “pointus” ne savent désormais plus quoi faire… Le monde entier serait-il devenu “naturiste” ? Avant d’analyser ce nouveau phénomène constaté dans nos dernières ventes aux enchères, essayons pour commencer de définir ce qu’est un vin “nature”, un qualificatif de plus en plus utilisé dans le monde du vin, mais qui reste assez flou.

Vin “nature” ?

Autant il existe une certification pour les domaines en bio ou en biodynamie, autant elle est absente pour les vins “nature”, même s’il existe l’AVN (Association des Vins Naturel) avec une charte qui précise notamment :

– le but des vignerons de l’AVN est d’élaborer des vins « issus de la vinification naturelle », à savoir sans aucun intrant.

– la pratique culturale respecte obligatoirement la démarche de l’agriculture biologique ou biodynamique, labellisée ou certifiée.

– les vendanges sont manuelles.

– seules les levures indigènes dirigent la vinification.

– il n’y a pas de modification volontaire de la constitution originelle du raisin, et donc pas de recours à des techniques physiques brutales et traumatisantes (osmose inverse, filtration tangentielle, flash pasteurisation, thermovinification, etc…).

– il n’y a pas d’ajout de sulfites, ni de quelque autre intrant.

Le problème c’est que si cette association compte un nombre non négligeable d’adhérents (mais sans plus), il existe bon nombre de vignerons se réclamant de l’école “nature” qui n’en font pas partie. Sauf erreur, ni Richard Leroy, ni Jean-François Ganevat, ni Pierre Overnoy ne sont adhérents… Du coup, pour la plupart des consommateurs pointus, qui ne considèrent pas forcément les vins naturels comme presque toujours déviants, un vin de ce type est très probablement un vin en bio ou en biodynamie et un vin vinifié le plus naturellement possible, surtout avec le moins de soufre possible.

Ce qui est certain en tout cas, c’est qu’il s’agit presque toujours de vins légèrement marginaux dans leurs appellations respectives, produits par des vignerons un peu “rebelles”, des adresses qui, au moins à leur début, se repassent discrètement entre amis grands amateurs. En tout cas des vins qu’on imagine à l’abri de la mondialisation… Et pourtant, ce qui est en train de se passer dans nos ventes aux enchères prouve le contraire… Alors comment expliquer ce phénomène ?

Une bulle éphémère ?

Comment un vin connu de quelques fans français peut-il flamber aux enchères ? Plusieurs éléments peuvent jouer :

un effet de mode. Il ne faut pas rêver. Si quelques cavistes un peu “branchés” et quelques bars à vins ou bistrots (de Paris ou de la province) mettent en avant certains domaines en en disant des merveilles à leurs clients, ce phénomène de mode n’a aucune raison de s’arrêter aux frontières de notre hexagone… À New-York, à Tokyo, à Shanghai ou à Hong Kong, il y a aussi des cavistes, des bars à vins et des restaurants “à la mode” qui proposent ces “délicieux petits vins français naturels” que les Français s’arrachent. La demande devient mondiale et les enchères peuvent chauffer.

la rareté. Les enchères vont d’autant plus s’enflammer que le nombre de ces bouteilles proposées dans chaque vente est relativement faible, surtout face à un effet de mode brutal. S’il n’y a que trois ou quatre lots du vin jaune de Pierre Overnoy, il y a plus de chance que les enchères s’envolent que s’il y en avait des dizaines et des dizaines comme c’est le cas pour les vins de Bordeaux, par exemple, même pour les 1ers grands crus classés. La production de ces domaines est déjà au départ assez faible et personne n’a eu l’idée de garder ces vins pour les revendre. Pour la plupart, ils ont été bus, ce qui renforce encore leur rareté.

les qualités de ces vins. On veut bien que certains amateurs fortunés soient de simples buveurs d’étiquettes, mais si les vins de Richard Leroy, Ganevat et Overnoy (tout comme Clos Rougeard ou Vatan) étaient de la piquette et des vins à défauts, la bulle retomberait vite !

un coup de pouce du destin. C’est probablement ce qui explique en partie l’engouement pour les vins de Richard Leroy. En effet, une bande dessinée parue en 2011, “Les Ignorants”, raconte la découverte mutuelle des métiers de deux personnages durant tout une année, l’un étant l’auteur de la BD, Étienne Davodeau, et l’autre un vigneron, Richard Leroy. Une BD un peu austère, en noir et blanc, pas du tout un “comics”, un peu sérieuse mais très bien faite et qui a connu un succès invraisemblable pour ce type d’ouvrage, des ventes par dizaines de milliers ce qui est très rare pour un tel livre. Qui dit succès dit de nombreuses parutions dans la presse, à la télévision, des interviews des deux “héros”, et il est certain que tout ceci a bénéficié à la notoriété de Richard Leroy et attiré l’attention sur sa production.

D’autres cas similaires à l’avenir ?

Évidemment, tous ceux qui ont dans leur cave un bon vin “nature” dégotté au fil de leurs dégustations dans le vignoble, vont forcément se demander si, un jour, leur trouvaille à 15 ou 20 € se revendra dix fois plus cher sur iDealwine. Si on savait lesquels vont se trouver aspirés par l’inflation, on ne vous le dirait certainement pas ! Mais trêve de plaisanterie, c’est évidemment très difficile à prévoir. De la même manière qu’aucun amateur possédant des vins de Richard Leroy dans sa cave ne pouvait imaginer, ne serait-ce qu’il y a deux ans, les revendre un jour avec un solide bénéfice, il est impossible de deviner aujourd’hui si tel ou tel domaine bénéficiera un jour d’un effet de mode semblable à ceux décrits auparavant. Qui peut savoir si dans deux ans des milliers de Chinois, de Japonais ou d’Américains ne s’enticheront pas tout à coup des vins de Gilles Berlioz en Savoie ? Ou de Stéphane Bernaudeau en Anjou ? Ou encore d’Alexandre Bain à Pouilly-Fumé ? Personne, heureusement ! On peut évidemment jauger de la rareté et de la qualité d’un vin, mais cela ne suffit pas pour en faire une star des enchères. Il faut aussi sentir qu’il va devenir à la mode, éventuellement avec ce fameux coup de pouce du destin, et là on entre dans le monde incertain de la divination. Et c’est encore bien plus aléatoire que la Bourse !

Notre conseil ? Continuez à suivre les domaines que nous vous proposons en achat direct, bien sûr. Notre réseau s’enrichit de mois en mois de producteurs qui n’ont pas encore fait la Une des enchères, mais qui, à nos yeux, méritent toute l’attention des amateurs pour une raison toute simple, qui tient au soin apporté à leurs vignes et à la qualité des vins produits.

Quelques Cotes iDealwine de ces vins dans les dernières ventes aux enchères iDealwine :

Lot Prix adjudication lot TTC Prix adjudication unitaire TTC Cote iDealwine ‎Δ  / Cote iDealwine Date de la vente
2 Bouteilles Saumur-Champigny Le Bourg Clos Rougeard 2010 1 068 € 534 € 360 € 48% 21/06/2017
2 Bouteilles Sancerre Clos la Neore Edmond Vatan 2011 288 € 144 € 67 € 116% 28/06/2017
2 Bouteille(s) Côtes du Jura Les Vignes de mon Père Ganevat  2006 – Blanc 300 € 150 € 150 € 28/06/2017
1 Bouteille(s) Jura Vin jaune Pierre Overnoy  Arbois pupillin 1985 – Blanc 900 € 900 € 900 € 28/06/2017
1 Bouteille(s) Coteaux du Layon Faye d’Anjou Sélection de Grains Nobles Richard Leroy 50 cl 1996 74 € 74 € 48 € 54% 28/06/2017

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