Clos-Saint-Denis Arlaud

Même au cœur de la Bourgogne, une des régions française les plus anciennes et traditionnelles du vin, certains n’ont pas peur d’avancer à contre-courant et de se mettre uniquement à l’écoute de leur terre et de leurs vignes. Nous vous offrons aujourd’hui un aperçu du travail considérable effectué par le domaine Arlaud, situé dans la Côte de Nuits, depuis quelques décennies. Des efforts largement récompensés et dont la notoriété n’a pas fini de croître.

L’histoire du domaine ressemble à un conte de fées : alors que la Seconde guerre mondiale fait rage, le jeune ardéchois Joseph Arlaud rencontre la bourguignonne Renée Amiot. Ils se marient, et, en plus d’avoir un enfant, ils reçoivent de belles vignes dans la Côte de Nuits en guise de cadeaux de noces. Très vite, Joseph Arlaud entreprend d’agrandir les terres en 1949. Il achète des parcelles supplémentaires et développe une activité pépinière, qu’il abandonnera d’ailleurs dans les années 70 pour se consacrer uniquement à la viticulture. Enfin, 1966 signe l’achat d’une cave exceptionnelle de  plus de 600 ans. En réalité ancien grenier à sel de Nuits-Saint-Georges, cette acquisition moyenâgeuse devient une véritable fierté de la famille qui décide de la faire figurer sur les étiquettes de ses cuvées.

Les années passent, le domaine prospère, et en 1982, son fils Hervé prend la relève. A l’image de son père, Hervé est ambitieux. En plus d’agrandir à nouveaux l’exploitation et de travailler dans les vignes, il assure la partie commerciale de ses vins. On pourrait presque croire que ce n’est pas du sang qui coule dans les veines de la famille Arlaud, mais du vin. Contaminés à leur tour par la passion vitivinicole, ses trois enfants viennent en renfort et le secondent pendant 8 ans, de 2004 à 2012. Aujourd’hui, le fils Cyprien, arrivé en 1997, gère seul le domaine de 15 hectares aux 19 appellations situés dans les meilleurs terroirs de la Côte de Nuits, car implantés sur plusieurs grands crus tels que Clos de la Roche, Bonnes-Mares, Clos Saint-Denis et Charmes-Chambertin.

Avec lui, le domaine change de figure. Une prise de conscience émerge : celle de la préservation des terroirs uniques bourguignons. L’aventure de la lutte raisonnée débute en 1999 avec l’arrêt de l’usage des herbicides avant d’étendre la démarche en convertissant l’ensemble du domaine aux principes de la culture biologique. Dix ans plus tard, la famille qui ne s’arrête pas en si bon chemin, décide de travailler en biodynamie en utilisant entre autre les fameuses préparations de bouse de corne, qui en ont fait rire plus d’un lors des premiers essais. Adieu les sourires moqueurs, 2014 récompense enfin ces efforts de longue durée : le domaine est le premier de Morey-Saint-Denis à recevoir la certification biologique et biodynamique pour l’ensemble de ses vins.

Domaine Arlaud

Dans les vignes, Nougat et Oka, les deux chevaux de traits, labourent la terre depuis 2004 grâce à l’initiative de Bertille Arlaud. Le reste du travail est manuel. Taille hivernal, ébourgeonnage, palissage, vendange, effeuillage… rien n’est laissé au hasard et les Arlaud passe au crible fin chaque sarment de pinot noir, de chardonnay et d’aligoté.

Après les tris dans les vignes et sur table, la globalité des raisins vendangés sont égrappés. Au chai, les Arlaud adoptent des méthodes douces pour laisser le fruit s’exprimer pleinement : la fermentation commence de façon naturelle après macération et dure une vingtaine de jours avec peu de remontages et de pigeages. Les intrants (levures, enzymes, tanin ou tout autre produit) sont bannis, et les vins vieillissent en fûts durant un peu plus d’un an (entre 14 et 16 mois).

La complexité des vins est travaillée elle aussi. Le pourcentage de fût neuf diffère en fonction du millésime et des cuvées : 15% pour les appellations villages, 20 à 25% pour les appellations premier cru, 30% pour les grands crus.

Les vins sont saisissants de finesse, d’élégance et de pureté. Un domaine qui s’est déjà hissé à un niveau élevé, qui monte, et qui montera sûrement encore. A suivre attentivement, donc.

Les vins du domaine actuellement en vente

Morey Saint-Denis : Le morey-saint-denis est produit sur une parcelle d’un hectare, avec des vignes âgées de plus de 35 ans. Il est élevé en fûts de chêne entre 14 et 18 mois (25% de neuf). Le nez est élégant, avec des arômes de fruits rouges (framboise) et des notes poivrées. La bouche est équilibrée, avec une jolie tension et de beaux tanins. A table, ce vin accompagne très bien les plats de viandes rouges ou de gibiers.

Gevrey-Chambertin : Ce gevrey-chambertin est produit sur une parcelle d’environ un hectare, avec des vignes âgées d’une trentaine d’années. Il est élevé en fûts de chêne durant 14 à 18 mois (avec 25% de neuf). Au nez, il livre des arômes viandés qui se mêlent aux arômes fruités (cassis notamment) et aux fines notes boisées. La bouche montre une grande délicatesse dans la matière et la finesse des tanins, de la fraîcheur et une bonne persistance aromatique. Ce vin aux arômes puissants et aux tanins bien présents (quoi que bien intégrés), est parfait pour accompagner des plats de gibiers.

Morey Saint-Denis 1er Cru Aux Chéseaux : Le morey 1er cru Aux Chesneaux provient d’une parcelle de 71 ares située au Nord de Morey-Saint-Denis, contre l’appellation Charmes-Chambertin. Les vignes ont été plantées en 1980. Les fermentations sont effectuées uniquement avec levures indigènes et les élevages, menés en fûts de chêne, durent entre 14 et 18 mois, avec 25 à 30% de bois neuf. Au nez, cette cuvée développe des arômes de fruits noirs (cassis, myrtille) et de cerise. En bouche, on trouve de l’ampleur, de la richesse et une belle trame tannique. Ce vin est clairement taillé pour accompagner des viandes de caractère (viandes rouges et gibiers à poils ou à plumes)

Bonnes-Mares Grand Cru : Le bonnes-mares grand cru provient d’une petite parcelle de 20 ares, constituée de sols argilo-calcaires, avec des argiles rouges et blanches. Les vignes ont été plantées en 1979. Les vendanges sont partiellement égrappées et les fermentations sont réalisées en cuves bois, avec uniquement les levures indigènes et la pratique de quelques remontages et pigeages. L’élevage s’effectue en fûts de chêne (80% neuf) durant 16 à 18 mois. Ce grand cru exhale de jolis arômes fruités (myrtille framboise et cerise notamment), avec de légères notes d’épices douces (cannelle et réglisse). La bouche affirme d’emblée un grand raffinement avec une matière aérienne, de la rondeur, une grande profondeur et de jolis tanins enrobés. La finale, intense et particulièrement longue, est superbe.

Le Domaine Arlaud, ce qu’en disent les guides :

* La Revue du Vin de France

« Avec l’arrivée de la jeune génération, le domaine Arlaud s’impose comme l’une des valeurs montantes de Morey-Saint-Denis. Bertille, la sœur, est aux labours avec son cheval, Cyprien et Romain interviennent en cave comme dans les vignes. Le trio a perçu rapidement qu’il n’était nul besoin d’élaborer des vins extraits pour viser l’excellence : des raisins sains et de haute qualité suffisent. Avec un travail des sols portant ses fruits, des élevages de mieux en mieux maîtrisés et des notes boisées mieux intégrées, les vins sont d’une grande pureté, fins et très élégants, dont un clos-saint-denis vinifié en vendange partiellement égrappée. Somptueux.

Les vins : le bourgogne roncevie 2013 est déjà délicieux par ce fruit croquant et le caractère digeste qu’il dégage, c’est un bon vin pour un plaisir au quotidien. Malgré une légère réduction, le gevrey-chambertin s’impose avec un fruit épuré mais intense et une sensation de raisin frais. Il a de l’étoffe et une belle élégance. Avec le chambolle-musigny, on monte en finesse, le cœur de bouche est plus concentré et compact. Il faut le laisser grandir tranquillement. Le morey-saint-denis échezeaux offre un fruit juteux qui sent la cerise bien mûre. La bouche veloutée, avec un tanin doux, nous régalera par le plaisir d’un fruit juvénile. Il grandira avec bonheur dix ans et plus. Les Ruchots se montre plus épicé avec une touche de curry au nez. La bouche, racée en diable, délivre une matière d’un magnifique équilibre, entre maturité, structure et des tanins présents, mais fondus dans le fruit. Somptueux. Avec le gevrey-chambertin Aux Combottes, son nez est somptueux, fin, nuancé et très floral. La bouche est dans le même esprit, épurée, précise, avec des tanins d’une belle élégance. Un vin tout en longueur où la puissance sert l’élégance. Dans la série des grands crus, le charmes-chambertin a une belle masse de fruits qui ressurgit au nez, accompagnée par une note sanguine, de fer, de ronce et de cassis bien mûr. La bouche libère un fruit juteux, ample et doux, qui s’étire en longueur avec finesse. Le bonnes-mares est dans l’empreinte du raisin et dans le floral ; la complexité est accrue. Un raffinement épuré dans cette bouche puissante, énergique, qui impulse un fruit magnifique. Quant aux deux grands crus de morey-saint-denis, le clos de la roche offre une approche tellurique plus forte. La grâce, l’élégance et la finesse sont du côté du clos saint-denis. »

*Bettane + Desseauve 2016 (deux étoiles sur cinq)

Le domaine : La nouvelle génération de ce domaine de Morey présente une gamme réussie. Si le clos-saint-denis n’était pas en place dans le millésime, le clos-de-la-roche synthétisait ce que nous avons pu entrevoir du domaine dans ses premiers crus de Morey 2014 : équilibre, puissance, suavité, qualité des extraits secs.

Les vins : Le clos-de-la-roche dominait insolemment la dégustation des vins du domaine par son équilibre, sa race et sa qualité de tanin. Moreys premiers crus bien construits, équilibrés, de belle facture. La cubée de village est également vineuse, bien constituée.

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