Non-loin du Château Margaux se dresse, « toujours plus haut », le Troisième Grand Cru Classé Château Malescot Saint-Exupéry. En quatre siècles d’histoire, il a su tirer profit du terroir de graves et du climat aux influences océaniques pour réaliser des vins élégants et, surtout, taillés pour la longue garde.
Une histoire et un savoir-faire transmis à différentes mains
Au sein d’une appellation considérée comme étant la plus élégante du Médoc- Margaux- se dresse le château Malescot Saint-Exupéry dont l’histoire remonte au 17ème siècle, période au cours de laquelle la famille Escoussés démarrait une activité viticole. A la fin du siècle, Louise Escoussés le céda à Maître Simon Malescot, conseiller pour Louis XIV au sein du parlement de Bordeaux. Sa famille le conserva pendant près d’un siècle, jusqu’à la Révolution française. Après les Malescot qui donnèrent leur nom à la propriété, arrive, en 1827, M. de Saint-Exupéry, l’arrière-grand-père de l’aviateur écrivain, Antoine de Saint-Exupéry. Quelques années plus tard, le domaine est à nouveau cédé, à la famille Fourcade cette fois-ci qui le hisse à de hauts niveaux. Cette dernière investit dans des chais qui font figure de référence aux alentours et voit son vin classé Troisième Grand Cru en 1855. Les derniers propriétaires en date sont les Zugler qui accroissent ce cru de sept hectares à vingt-huit.
« Semper ad altum », Toujours plus haut
Aujourd’hui, le château qui jouxte Château Margaux déploie ses vignes sur 30 hectares parmi les 45 dont il dispose. A sa tête depuis 1994, Jean-Luc Zugler est secondé par sa fille. Ensemble, ils ont adopté pour devise « Semper ad altum » qui signifie « Toujours plus haut ». Sous leurs mains, quatre cépages sont cultivés avec soin, selon des principes raisonnés certifiés HVE. Il s’agit, vous l’imaginez bien, du cabernet-sauvignon majoritaire à 50% complété par 35% de merlot, par du cabernet-franc et du petit verdot qui, lui, apporte un supplément d’arômes et d’intensité. Ces vignes s’épanouissent au sein d’un terroir de graves qui restitue la chaleur diurne aux ceps la nuit. A cela s’ajoute un climat océanique qui équilibre les maturités des fruits par de belles fraîcheurs.
Des cépages typiques cultivés de façon raisonnée
Comment se concrétise le travail dans les vignes ? Une année de labeur se conclue par des récoltes à la main qui permettent un tri sévère. Et ce, dans des cagettes de petite contenance afin de ne pas abîmer les baies. Acheminées vers le chai, elles font l’objet d’une vinification qui se caractérise par une macération et une fermentation en cuves inox ainsi qu’un élevage sur lies fines (remises en suspension grâce à des bâtonnages) dans des barriques dont la proportion de bois neuf atteint les 70%. La famille désire signer les vins avec un minimum d’intrant. Levurage, collage et filtration ne sont pas effectués, un unique soutirage est réalisé lors de l’élevage.
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Les vins de la propriété ne dérogent pas à la réputation de ceux de l’appellation margalaise. Elégants, dits féminins, ils ont l’avantage d’être séduisants dans leur jeunesse. Toutefois, une main de fer se cache sous ce gant de velours : deux à trois décennies de garde permettent aux tanins puissants et aux fruits noirs de gagner en profondeur…
Château Malescasse-St-Exupéry, ce qu’en disent les guides
La Revue du vin de France – 2 étoiles sur 3
L’histoire de Château Malescot Saint-Exupéry débute au XVIe siècle avec la famille Escoussès, dont les membres sont notaires à Margaux. En 1608, la production de vin du domaine est restreinte (30 à 40 barriques), mais les parcelles cultivées (Curton, Puch-Sam-Peyre, La Dame, etc.) donnent déjà satisfaction. Avec l’arrivée de Simon Malescot en 1697, l’exploitation prend une autre dimension. Extension de la superficie, agrandissement des chais, construction d’un château : ce conseiller de Louis XIV auprès du Parlement de Bordeaux ne ménage pas ses efforts pour hisser son vin vers les sommets. En 1827, le comte Jean-Baptiste de Saint-Exupéry, arrière-grand père de l’écrivain, reprend le château. Il accole son patronyme à celui du précédent propriétaire : le nom Château Malescot Saint-Exupéry est fixé. Messieurs Fourcade et Boissac succèdent au comte en 1853 et modernisent les installations. Puis, les propriétaires défilent et le cru perd du terrain. Lorsque Paul et Roger Zuger en font l’acquisition en 1955, celui-ci s’étend sur sept hectares. Un demi-siècle plus tard, toujours dans la famille Zuger, Château Malescot Saint-Exupéry a retrouvé de sa superbe et les vins de ce troisième cru classé (lors du grand classement des crus du médoc en 1855) comptent à nouveau parmi les plus intéressants du vignoble de Margaux.
Guide Vert de La Revue du vin de France
Ce petit cru de Margaux continue, sans faire de bruit, à élaborer quelques-uns des vins les plus attachants et originaux de l’appellation. Un succès que l’on doit à son propriétaire, Jean-Luc Zuger, désormais épaulé par sa fille, consciencieux et toujours à l’affût de nouvelles pistes à explorer. Disposant d’un remarquable terroir (en partie voisin du château Margaux), il exprime la suavité et la maturité du fruit comme nul autre : le vin brille toujours par sa texture crémeuse, presque bourguignonne, et ses tanins raffinés. La régularité des derniers millésimes est irréprochable.
Les vins : les amateurs seront sous le charme des 2019 et 2020 que nous avons pu déguster et qui expriment à merveille le style délié et quelque peu décadent du vin. 2020 est à la fois solide et très subtil dans la complexité de ses saveurs, avec des tanins qui s’étirent tout en douceur. Séduisant et surtout très long. 2019 est un peu plus serré en finale à ce stade. Il évoluera à merveille.
