étiquettes bdxIl y a quelques semaines, Robert Parker a révisé son jugement en goûtant à nouveau les bordeaux 2005. En gratifiant dix vins supplémentaires de la fameuse note parfaite de 100/100, il porte leur nombre à douze. Après dix années de vieillissement, il juge ce millésime solide, impressionnant et seulement légèrement en-dessous des immenses 2009 et 2010.

Robert Parker, qui a brillé par son absence lors de la campagne Primeurs 2014, n’a pas pour autant pris sa retraite et il poursuit ses dégustations dont les notes restent, finalement, très attendues. Il s’est notamment livré au mois de mai à un nouvel examen du millésime 2005 dans le Bordelais. La conclusion qu’il tire de cette dégustation rétrospective est que le millésime « semble solide et impressionnant à 10 ans » et il «  continue à penser qu’il restera inférieur en qualité et cohérence aux 2009 et 2010, mais de très peu ! »1. En effet, ce millésime qui n’avait consacré que deux vins 100/100 lors des dégustations précédentes (Ausone et Eglise Clinet), a, dix ans plus tard, fait émerger dix autres vins, ce qui en fait le deuxième millésime le mieux noté dans le Bordelais par le célèbre critique, derrière le 2009 qui en comptabilise dix-neuf à l’heure actuelle. Il faut toutefois préciser que le critique américain a la main de plus en plus lourde, il accorde la note maximale plus aisément que par le passé.

C’est surtout la rive droite, et plus précisément l’appellation Saint-Emilion qui s’est distinguée lors de cette dégustation : sur les douze 100/100 attribués par Parker pour les bordeaux 2005, huit concernent des vins de Saint-Emilion et deux des pomerols. Seul Haut-Brion et La Mission Haut-Brion (Pessac-Leognan) représentent la rive gauche et la région des Graves. Le Médoc est ainsi totalement absent de ce club des vins « parfaits » sur le millésime 2005 selon Parker. Le mieux noté en Médoc est le château Margaux qui s’est vu octroyer la note de 98+, suivi par Palmer et Latour (98).

Cette nouvelle notation aura sans aucun doute des conséquences notables sur l’intérêt du marché pour le millésime 2005, puisque malgré la thèse du déclin de l’influence de Parker, il est indéniable que les acheteurs prêtent toujours beaucoup d’attention à ses notes et particulièrement aux 100/100. Les résultats récemment enregistrés sur les vins auréolés de la note maximale, dans des millésimes plus anciens, peuvent en attester : parmi les vins adjugés en juillet 2015, Château Haut Brion 1989 s’est vendu 1110€ la bouteille (+14%), Montrose 1990 à 488€ (+16%), et Mouton Rothschild 1986 : 600€ (+6%). Une hausse de cours qui se poursuit alors que les vins ont déjà largement, on l’imagine, dépassé leur prix de vente en primeur.

Dans le cas du millésime 2005, en dépit des rares 100/100 initialement octroyés par le critique et du difficile parcours des vins lors de leur mise sur le marché secondaire (intervenue à la veille de la crise des « subprimes »), la progression des cours a finalement débuté lorsque les millésimes 2009 puis 2010 ont été proposés en primeur à des prix bien plus élevés, faisant apparaitre le 2005 comme une belle opportunité. De fait, les hausses de prix sont pour certains vins, significatives : l’Eglise Clinet à Pomerol, progresse de 108% (à 388€) par rapport à son tarif primeur, Lafleur de 96% (792€) et La Mission Haut-Brion de 94% (408€). Pour d’autres, la progression est moins marquée, voire négative dans le cas de Château Cheval Blanc et de Château Pavie. Ces deux 1ers crus classés de Saint-Emilion méritent d’être suivis de près car la récente dégustation de Robert Parker risque de leur apporter un coup de projecteur bienvenu pour relancer leur parcours dans les ventes aux enchères.

Mais il n’y a pas que les 100/100 dans la vie d’un amateur, fusse-t-il américain ! Parker souligne qu’à côté des plus grands bordelais dont les prix peuvent s’avérer dissuasifs, le millésime 2005 a également produit de nombreux crus bourgeois et vins de « petites appellations » de très grande qualité dont les prix de sortie étaient très faibles.

Enfin, cette nouvelle analyse conduit le célèbre critique à réaffirmer sa passion pour les vins de cette région, dont la qualité reste à ses yeux encore inégalée, en dépit du Bordeaux bashing en vogue au sein des plus jeunes générations et de certains journalistes. Il maintient ainsi qu’ « aucune autre région dans le monde ne donne des vins plus cohérents ou de meilleure qualité »2, même s’il en déplore l’envolée des prix.

1Nevertheless, this vintage looks strong and impressive at age ten. I do believe it is eclipsed in quality and consistency by both the 2009s and 2010s, but only by a relatively minor mar gin.” In France, Bordeaux: 2005 Bordeaux Retrospective Revisiting A Great Vintage At Age Ten, www.erobertparker.com (30/06/2015)

2 Of course, Bordeaux has taken a public relations beating with their high prices and image of greed. Nevertheless, the truth remains that intelligent wine enthusiasts continue to recognize that Bordeaux wines are the most cherished, respected and consistently high-quality wines in the world for both longevity and elegance. The fact is that even if the younger generations and much of the wine media still chip away at that image, it is a reality of the wine world. No other region in the world makes more consistent and better wines.” In France, Bordeaux: 2005 Bordeaux Retrospective Revisiting A Great Vintage At Age Ten, www.erobertparker.com (30/06/2015)

Cote iDealwine vs Tarifs primeurs
pour les 12 vins notés 100/100 par Parker pour le millésime 2005

Nom du domaine Prix de sortie primeurs 2005 Cote iDealwine en juillet 2015 Variation de cote 2005-2015
Château Angélus 2005 – Saint-Emilion (1er GC A) 210 € 307 € + 46%
Château Ausone 2005 – Saint-Emilion (1er GC A) 1048 € 1345 € + 28%
Château Cheval Blanc 2005  – Saint-Emilion (1er GC A) 620 € 543 € – 12%
Château Pavie 2005 – Saint-Emilion (1er GC A) 285 € 267 € – 6%
Château Larcis Ducasse 2005 – Saint-Emilion (1er GC B) 100 € 123 € + 23%
Château Troplong Mondot  2005 Saint-Emilion (1er GC B) 126 € 162 € + 31%
Château Peby Faugeres 2005  – Saint-Emilion (GC) 83 € 92 € + 11%
Château Bellevue-Mondotte 2005  – Saint-Emilion (GC) 232 € ND ND
Château Eglise-Clinet 2005  – Pomerol 186 € 388 € + 108%
Château Lafleur 2005 – Pomerol 405 € 792 € + 96%
Château Haut-Brion 2005 – Pessac-Leognan (1er GC 1855) 340 € 467 € + 37%
Château La Mission Haut-Brion 2005 – Pessac-Leognan 210 € 408 € + 94%

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