Pontet Canet cheval

Pichon Comtesse de Lalande a récemment annoncé que le domaine étudie l’hypothèse d’un passage en bio. Vu le succès de Pontet-Canet dans cette démarche la question se pose : le bio fait il monter la cote des vins ?

Pour ce qui est de la progression du bio dans le vignoble français, Bordeaux est loin d’être une région pionnière, surtout parmi les grands crus classés. Pourtant, à la suite de Pontet-Canet, très en avance, lui, d’autres domaine de renom se posent la question, à l’instar du Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande.

Le directeur général du fameux cru classé de Pauillac, Nicolas Glumineau, vient d’annoncer dans le magazine britannique Decanter que le célèbre deuxième cru classé bordelais s’intéressait de très près à la viticulture bio et qu’il envisageait même de convertir l’ensemble du domaine si les essais actuellement en cours se révélaient concluants. Des essais qui se déroulent depuis trois ans sur 3 des 78 hectares de vignes de la propriété alors que 3 autres sont conduits en biodynamie. « Nous sommes des citoyens, pas seulement des vignerons » a précisé Nicolas Glumineau dans Decanter. « C’est mieux pour tout le monde que nous utilisions le moins possible de produits chimiques, mais nous avons aussi à assurer un certain niveau de production. » Pichon Comtesse appartient en effet à la maison champenoise Roederer qui verrait sans doute d’un mauvais œil une récolte significativement amputée pour des raisons écologiques…

Une vraie démarche de conversion

En dehors de Château Pontet-Canet, plusieurs crus classés ont déjà franchi le pas comme Château Guiraud en Sauternes (le premier grand cru à avoir été certifié bio), Durfort-Vivens à Margaux (partiellement en biodynamie depuis 2009 et en totalité depuis 2013) ou s’en approchent comme Smith Haut-Lafitte. La plupart des grands crus classés font également des tests parcellaires mais ne veulent surtout pas communiquer là-dessus…

Tout le dilemme du bio à Bordeaux (au moins dans les grands crus classés) est bien là, dans cette contradiction entre préoccupations environnementales et rentabilité. Au tarif où sont vendus ces vins aujourd’hui, la pression du résultat est très forte… C’est ce qui rend d’autant plus admirable le chemin choisi il y a plus de dix ans par le château Pontet Canet qui est maintenant certifié en biodynamie après une démarche commencée en 2004 et retardée par “l’accident” de 2007. Cette année-là, les conditions climatiques ont conduit Alfred Tesseron, le propriétaire de Pontet-Canet, à choisir de faire traiter (modérément) le vignoble pour éviter une trop grosse perte de récolte due à un mildiou et un oïdium galopants… Le pari tenté et amplement réussi par Alfred Tesseron et son intendant Jean-Michel Comme a du paraître particulièrement osé aux yeux des grands crus voisins ! Mais aujourd’hui l’histoire a donné entièrement raison à Pontet-Canet, même si cela n’a jamais été facile : la très grande progression de la qualité du vin a été unanimement reconnue par tous les critiques internationaux (Parker lui a attribué deux fois 100/100 en 2009 et 2010) mais aussi par les clients et consommateurs. Et seconde face du succès, le prix de Pontet-Canet a rapidement rattrapé celui des plus grands noms de la place, donnant ainsi doublement raison à cette démarche (voir nos cotes ci-dessous).

Le prix de la conversion

Car les autres grands crus bordelais qui, comme Pichon Comtesse, s’interrogent sur un éventuel passage en bio, feraient fausse route en s’imaginant effectuer ce virage uniquement pour une question d’image et de respect de l’environnement. Ce qui est essentiellement en jeu ici, c’est la qualité des raisins et donc celle du vin. Ce qui sous-entend aussi que, pour réussir cette conversion, il faut être pleinement convaincu et quasiment “habité” par une véritable foi du Beau et du Bon. Les propriétaires qui se contentent de pratiquer le bio ou encore plus la biodynamie comme une simple recette magique n’arriveront certainement pas aux mêmes résultats que ceux obtenus par Jean-Michel Comme à Pontet-Canet.

Alors le bio, moteur de croissance de la cote des vins ? Oui certainement quand la progression de la qualité du vin est au rendez-vous et pas seulement la qualité de la communication ! D’ailleurs, en dehors de Bordeaux, certains grands vins à la cote stratosphérique sont très souvent, mais discrètement, en bio ou en biodynamie depuis des lustres. Pour n’en citer que deux bien connus : domaine de la Romanée-Conti, et domaine Leroy en Bourgogne !

Les cotes iDealwine

Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande

2009 110 €
2008 92 €
2007 58 €
2006 85 €
2005 104 €
2004 72 €
2003 93 €
2002 71 €
2001 106 €
2000 152 €

Château Pontet-Canet

2010 195 €
2009 189 €
2008 80 €
2007 46 €
2006 75 €
2005 112 €
2004 61 €
2003 77 €
2002 47 €
2001 65 €
2000 89 €

En dix ans, renversement total de la tendance : en 2000 (mais aussi en 2001 et 2002) la cote de Pichon Lalande est presque le double de celle de Pontet Canet. En 2009 c’est exactement l’inverse ! Avec une exception, en 2005 ou Pontet Canet devance exceptionnellement Pichon. L’explication a pour nom Robert Parker qui a sanctionné Pichon cette année-là, lui attribuant un sévère 86/100 pendant que Pontet Canet était noté 96+/100.

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